Science politique africaine

 

Au lendemain des élections cantonales et avec seulement 2 élus pour une présence au 2ème tour dans 400 circonscriptions cantonales, le Front national a mordu la poussière, même si ces scores dans de nombreux départements sont très élevés »

Patrick Lozès, politologue, retour de l’être aimé en 48 heures, numéros gagnants du loto…

57 réflexions sur « Science politique africaine »

    1. XP Auteur de l’article

      Je ne suis pas sûr que ce soit un mensonge, justement. On nous bassine avec l’orthographe, mais c’est avec l’arithmétique, que les français sont fachés.

      Quant au raisonnement de Lozès, c’est rigolo parce qu’il fait étrangement écho à ce dont nous parle couramment Vertumme à propos de l’inégalité des QI selon les latitudes, mais je suis sûr que bien des gens sont assez nuls en math pour penser la même chose.

      Si des familles politiques A et B S’affrontent aux élections sur cent circonscriptions ou cantons, que les A font 52% et les B 48%, alors il est probable que les A raflent 80 sièges sur 100.
      Si avant l’élection, le rapport de force était de 70/30 en faveur des A, alors la principale information en terme de poigt électoral sera que les A et les B font desormais a peu près jeu égal, et que les B ont rattrapé 90% de leur retard.

      En principe, un élève de cinquième en mathématique devrait être expulsé de la classe s’il ne comprend pas ce genre d’équation.

      Personnellement, les gens qui ne comprennent rien aux mathématiques me mettent dans une colère noire. Du reste, quand on ne comprend pas une équation mathématique, on ne comprend pas une équation philosophique, parce que c’est la même chose

      1. XP Auteur de l’article

        Nébo, sur le fil de Marc Cohen, un commentateur explique bien que ce n’est pas forcèment un mensonge:

        « Très bonne et amusante démonstration, mais vous tendez peut-être un peu trop la perche aux soupçonneux, aux débusqueurs de complots, etc.
        Pourquoi la Gazette France 2 a-t-elle fait un tableau d’affichage de pourcentages ? Parce que c’est ce qu’elle fait pour tous les scrutins, parce qu’elle a appuyé sur un bouton pour lancer son logiciel, parce que cela aurait coûté trop d’efforts de réaménager son écran magique, parce qu’on ne trouve plus personne dans son équipe pour avoir l’idée de faire une règle de trois pour calculer le vrai pourcentage de voix FN par rapport au nombre de sièges pour lequel le FN avait réellement des candidats.
        Loi : devant tout phénomène humain, il faut le moins possible invoquer la mauvaise volonté, car c’est la bonne volonté qui est majoritaire, avec le manque d’intelligence.
        (On peut d’ailleurs remercier Marine le Pen de n’avoir semble-t-il pas même remarqué ce tableau et ces 11 %, et de s’en être tenue à ce qu’elle avait envie de dire sur la progression réelle de son parti ; son père nous aurait probablement bassinés avec une logorrhée surjouée sur l’acharnement des médias) »

      2. Vertumne

        « mais c’est avec l’arithmétique, que les français sont fachés. »

        Une phrase d’une rare justesse. La France, championne des médailles Fields est néanmoins excessivement médiocre dans le domaine des statistiques. C’est par exemple le seul pays développé où les instituts de sondages sont presque toujours contredits lors des élections majeures, signe d’une grande inefficacité de leurs outils prédictifs.

        Pour parler de ce que je connais, aux USA il est courant lors de débats passionnés de faire de petits calculs statistiques à main levée sur une feuille de papier (« back of an enveloppe ») pour étayer un point de vue. Chez nous c’est tout de suite traité par le mépris « oui mais ton calcul ne veut rien dire parce que tu as oublié de prendre en compte xxxxx et yyyyy ». En France, tout ce qui ne peut pas expliquer TOTALEMENT et de façon englobante une problématique est considéré comme non valide, comme si une petite parcelle de lumière n’était pas préférable à l’obscurité totale. Cette haine du tâtonnement et des questions sans cesse posées pour chaque nouvelle découverte est vraiment peu occidentale. C’est en ce sens que ce pays est compatible avec l’islam qui se propose, lui, d’offrir une théorie unificatrice de l’univers.

        « Du reste, quand on ne comprend pas une équation mathématique, on ne comprend pas une équation philosophique, parce que c’est la même chose »

        Nul n’entre ici s’il n’est géomètre. ^^

          1. Restif

            Ah! Merci, merci à vous nicolasbruno. Là vous nous permettez via ce mail de toucher à l’essentiel, au PROBLÈME, la tare première, le péché originel :

            « les fameux experts de l’Education Nationale, les corps d’Inspecteurs (recrutés parmi les enseignants les plus dociles et les plus soumis aux dogmes officiels), les directions des administrations centrales (dont la DEP et la DESCO), les directions et corps de formateurs des IUFM peuplés des fameux didacticiens et autres spécialistes des soi-disant « sciences de l’éducation », la majorité des experts des commissions de programmes, bref l’ensemble de la Nomenklatura de l’Education Nationale.  » (tiré du fameux mail d’une pertinence! d’une finese d’analys et etd’un réalisme!
            « il a dit la vérité/Il sera exécuté » Guy Beart.

            @ La crevette : paroles d’or ^^

        1. XP Auteur de l’article

          « Nul n’entre sur Ilys s’il n’est géomètre ».

          C’est sommes toutes à cette phrase que peut se résumer la politique de modération du blog… Nul n’entre ici s’il n’a pas « l’esprit de géometrie ».

          Selon certaines sources, Platon aurait en fait inscrire à l’entrée de son académie « interdit aux troll » et en plus petit « Ici, la liberté de parole est totale, et les propos des sophistes y sont sévèrement modérés « .

    2. XP Auteur de l’article

      Le FN a fait en réalité 39% au second tour sur la moyennne des cantons ou il était présent, alors que le score moyen au premier tour des candidats qualifiés pour le second tour a été de 25%…. Progression de 25 à 39%, donc.

      Par ailleurs, le score de l’ensemble des candidats FN au premier tour était de 20% environ.

      On peut donc estimer que ça correspond à 20% au premier tour et 30, 32% au second tour dans une élection unique sur l’ensemble du territoire.

      C’est non seulement (et de loin) le meilleur resultat qu’a obtenu le FN jusqu’alors, mais aussi peut-être le plus grand séisme électoral depuis des décennies.

      Ce que les observateurs politiques redoutaient depuis 25 ans c’est produit à moitié dimanche. Une tellle situation, si elle perdurait, provoquerait sans doute un boulversement complet de l’ensemble de l’échiquier politique, puisque l’isolement du FN par la droite et le partagne du pouvoir entre PS et UMP sont devenus mathématiquement impossible sur le papier.

      Le Front national fait des scores de parti de gouvernement. C’est du reste stupide de préciser qu’il n’est pas en mesure de gagner seul des élections, puisque personne, pas même De Gaulle ou Mitterant n’avaient le poigt politique pour le faire. Or, jusqu’à présent, on ne passait pas d’accords électoraux avec le front parce qu’on pouvait se le permettre; à 17% au premier tour et 20 dans un second, c’était possible, ça ne l’est plus.

      1. Emil

        Il y a eu une passe d’arme très amusante à ce sujet entre MLP et Copé. Copé jouait encore au grand seigneur, jurant ses grands dieux que jamais son parti ne s’allierait avec le FN. MLP a eu beau jeu de le mépriser à son tour en lui disant que c’était eux, désormais, qui était en position de quémander une alliance. Il est toujours risqué de faire des pronostics mais on peut imaginer qu’en 2012 DSK va vaincre MLP au second tour, ce qui lui préparera le terrain pour un triomphe en 2017.

        J’ai d’ailleurs lu un sondage éloquent : qui voit 40% des français favorables aux propositions anti-immigration du FN mais seulement 17 à ses propositions sociales et économiques. Espérons donc que le gloubi-boulga socialiste ne soit qu’une passade temporaire.

        Enfin, un article>/url> qui confirme ce que vous dites : le FN a gagné 300 000 voix entre le premier et le second tour dans les cantons dans lesquels il s’est maintenu (et ce malgré des candidats tous plus guignolesques que les autres).

        1. XP Auteur de l’article

          ‘ Espérons donc que le gloubi-boulga socialiste ne soit qu’une passade temporaire.’

          De toute faàon, tout le monde s’en tape du programme économique du FN, ça n’a aucun intérêt.

          L’objectif du Front, c’est d’arriver au pouvoir (en tous cas, admettons-le). Mais certainement pas dans le cadre d’une alterance classique, en faisant 51% au second tour, comme la gauche en 81. L’enjeu de la partie, c’est de devenir un allié obligatoire pour la droite et d’arriver au pouvoir de cette manière.

          Au bout de ce processus, s’il a lieu, le programme initial du front sera un document d’archive, des personnalités « de gouvernement » auront rejoint le front, leurs alliés les auront influencés, etc… Déjà qu’il ne restait pas grand chose du programme commun de la gauche en 81 et plus rien en 84, alors imaginez l’importance qu’ont réellement les couillonades socialisantes de Marine.

          Tout le monde sait que le front, c’est le parti qui dit stoppe à l’immigration. Point barre. Les gens votent pour ça et rien d’autre. Marine le sait, ses électeurs le savent, ses adversaires aussi.

          1. Emil

            Oui c’est bien ce que je disais mais il est indéniable que c’est ce vague discours socialisant qui a permis à de nombreux anciens gauchistes de passer le pas.

            Soit dit en passant, votre article sur Bashung se fait cruellement attendre.

    1. Heimdallr77

      Elle se fera battre par Sarko. Pas par un mec du PS:
      le PS n’a AUCUNE chance de passer au second tour, tout simplement parce qu’il n’y a aucune espèce de point commun entre Aubry, DSK, Royal, Hollande, Fabius etc…

      Le candidat qui a le plus de chance de battre Sarko aujourd’hui (et je dis bien aujourd’hui), c’est DSK. Mais il va se faire défoncer non-stop par la gauche (Front de Gauche, NPA, Ecolos) et par la droite ET POUR LA MEME RAISON: il a défendu la réforme des retraites. Le PS a dit qu’ils reviendraient dessus. Comment va-t-il pouvoir convaincre les électeurs que ce qu’il a défendu en tant que patron du FMI, il reviendra dessus en tant que président de la République?

      Le PS est mort. Le PS n’existe pas. C’est une espèce de remugle. Comme si un diplodocus avait survécu à la disparition des dinosaures et se trouvait soutenu bien plus tard par quelques Bonobos trouvant sympa ce grand truc moche, gras et malodorant venu du tréfonds des âges. Le PS, c’est Nessie. Ca fait vendre des Tee-Shirts, mais personne n’y croit. C’est moche et con, mais on trouve ça mignon.

      1. XP Auteur de l’article

        Moi aussi, je vois Sarko élu contre Marine.

        D’abord pour une raison assez simple: les sondages. Tous les sondages actuels partent de l’hypothèse de divers candidatures à droitejustement très hypothétique, dont un Villepin à 7%.

        Ensuite, Dominique Strauss Kahn a de très très grosses casseroles au cul, et pas de banales histoires de fric.

  1. Terminatormoule

    Les rats vont sans doute quitter le navire UMP à une vitesse supersonique pour proposer à Marine un grand bloc national. Il fera face à un gros machin centriste avec Borloo où Villepin à sa tête, et un PS aussi dépendant des verts que leur version boche.
    Ce qui serait à redouter c’est un Front arrivé au pouvoir trop tôt et paralysé par l’ampleur de la tâche. Pour stopper l’immigration il faudrait s’attaquer à un mur technocratique gigantesque. Sortir la France de tous les traités, de Schengen, de l’U.E, peut-être, des bouleversements administratifs,un bordel diplomatique pas possible pour renvoyer dans les pays d’origine, des manifs violentes de gauche…Un échec de leur part découragerait et laisserait penser qu’il est décidemment impossible de s’opposer à l’immigration.
    On peut se demander si, pour l’instant, le Front n’est pas plus utile à la France en restant un gros parti d’opposition, pénétrant les cerveaux jusqu’à ce que le fruit soit mûr.
    Le PCF, longtemps le plus gros parti de France, n’a jamais eu l’Elysée. Il n’en a pas eu besoin pour conquérir les esprits et imposer ses vues à l’ensemble du pays. Au point qu’il en reste de sales traces aujourd’hui.

    1. Prolo De La Lite

      Très juste . Les points communs entre le F.N. d’aujourd’hui et le P.C. des années 50 sont légions .
      Le P.C. n’as pas eu besoin de l’élysée pour peser . Il existait , avait sa forte base électorale , ses influences , ses députés , maires … Un P.C. au pouvoir aurait été une catastrophe , mais les électeurs sont là , on leurs légitimité démocratique . Même si le pays est totalement révulsé par le communisme , on ne peut considérer quasiment un quart de la population comme négligeable électoralement . Un F.N. qui se consolide , s’affirme , serait une opposition qui se déplaçera à droite de l’U.M.P. , par le « vote utile » des socialistes qui votent en nombre à l’U.M.P. , ou du moins l’aile gauche de la droite , une aile gauche U.M.P. qui se socialise , une aile droite qui rejoint le F.N.
      La ligne de front qui se déplace à droite dans tout les cas , une majorité et une opposition à droite , une U.M.P. qui deviendra de moins en moins crédible .
      Avec un peu de chance , une gauche encore plus divisée , l’U.M.P. éclatée , un F.N. qui gagne en crédibilité année après année , puis le fruit devient mûr . Les années à venir risquent d’être intéressantes .

    2. Saku

      Tres brillante idée (le PCF au pouvoir, sans l’être à l’élysée… c’est tout à fait vrai)

      J’aimerais juste rajouter que pour stopper l’immigration de masse les premières choses à faire sont
      – sortir de l’état providence (de toute facon on va bientôt y être obligé par le FMI…)
      – arreter de filer 200 000 nationalité française par an à n’importe qui (surtout qu’on sait très bien qui les recoivent…). Le top du top ce serait de continuer à les données aux représentant des pays asiatiques par exemple, qui ne nous font pas ch…

      Nul besoin d’affronter L’UE pour cela, Shenghen et autres : il s’agit de politique intérieur à 100%.

  2. Emil

    Je ne trouvais plus le fil du Japon alors je met ça ici, lu dans les inénarrables commentaires du Monde, en réponse à un hommage aux ingénieurs et aux pompiers qui se sacrifient pour sauver la situation :

    « Oui, bon, d’un autre côté, comme victimes innocentes on fait mieux. Ce qui leur arrive est quand même un peu de leur faute. Ils ont collaboré avec cette boîte, ils ont adhéré à son discours et à ses valeurs, ils ont obéi à leurs chefs et ils ont pris les salaires. Ils n’avaient qu’à bien bosser à l’école, comme ça ils auraient fait une fac de lettres au lieu d’en être réduits à faire une école d’ingénieurs, et ils ne seraient jamais allés travailler dans le nucléaire.« 

      1. Restif

        Ca ne change évidemment rien à la stupidité du cacographe, mais il faut savoir que les études littéraires au Japon sont autrement plus difficiles d’accès et exigeantes que les notres (comme en Russie d’ailleurs, avec leur examen d’entrée à la Fac extrêmement retors. Ou en Allemagne ou on étudie pas, par exemple, la « littérature française », mais la romanische, à savoir Français plus italien plus espagnol, et il faut lire dans les textes et couramment hein .) Non, il n’y a qu’en France que les études de lettres sont devenus un dépotoir où on croise des gens qui n’ont jamais lu deux lignes de villiers de l’Islme Adam au stade du M2, ignorent tout de la correspondance de Flaubert, des frères Goncourt etc. Et si jamais ils on lus deux Stendhal ils se croient lettrés les malheureux. Collège unique plus absence d’examen d’entrée -sérieux- à l’Université explique notre déchéance. Heureusement qu’il reste Normal, ma

        1. Restif

          mais hélas Normal ne laisse pas de place aux esprits qui flâne un peu avant d’entrer en Lettres comme on entre en Chartreuse.Tout se décide dès la seconde si pas avant.Et ça c’est ennuyeux, c’est la mort des esprits libres qui empruntent des sentiers différents. avec le suivi des dossiers dès le secondaire s’en est fini de ces gens qui se calfeutraient dans leur imaginaire, lisaient pour eux sans nuls soucis des programmes et ne se réveillaient qu’au moment du Bac pour le réussir fort bien , quitte à le passer en candidat libre. Luc Ferry aurait du mal aujourd’hui.

          1. Baraglioul

            « L’historien ne laisse pas simplement les faits parler d’eux-mêmes. Il les dispose du point de vue des idées sous-jacentes aux notions générales qu’il emploie dans leur présentation. Il ne rapporte pas des faits comme ils sont arrivés, mais seulement les faits
            significatifs. »

            C’est aussi le portrait de Revel que vous faites là…

            1. Baraglioul

              Oulala…grosse erreur de copier-coller, toutes mes excuses…C’est à ces propos-là que je voulais « réagir » :

              ces gens qui se calfeutraient dans leur imaginaire, lisaient pour eux sans nuls soucis des programmes et ne se réveillaient qu’au moment du Bac pour le réussir fort bien »

    1. XP Auteur de l’article

      Je ne comprend même pas cette notion de « fac de lettres ».

      Pourquoi consacrer de l’argent à l’apprentissage d’une discipline qui relève du hobby personnel, ne débouche généralement pas sur un métier, s’apprend bien mieux dans le silence d’une chamblre, dont les instructeurs les plus doués prodiguent leur savoir gratuitement dans les bibliothèques ou sur internet (dix pages de Georges Steiner, ça doit bien valoir une semaine à la fac), et surtout dont ceux qui ont une appétence pour elle s’y dirigent naturellement…

      C’est un peu comme si on apprenait aux enfants la composition des équipes de la Juve ou du Réal… Si ça les intéresse, ils les aprrennent tous seuls.

      Imaginez la gueule du connard qui dirait « je ne connais rien à la philo ou la littérature parce que personne ne me l’a enseigné, mais j’ai envie d’apprendre et je vais aller à la fac »… Sur et certain que ça ne l’intéresse fondamentalement pas.

      La fac, c’est fait pour apprendre, la médecine, l’informatique, la chimie, la comptabilité…Ou alors se sont des études inutiles, des loisirs pour dandies oisifs, un privilège qu’il lui est accordé de bailler sa vie (cf Rivarol) pendant que le vulgus pecum prodiuit,et ça c’est très bien, indispensable même… L’élite d’une nation civilisée doit être composée en partie de branleurs sur d’eux et dominateurs… Mais des masses entières qui viennent dans leur jardin, merde!

      1. Restif

        XP : Steiner était prof de lettres et a passé pas mal d’années en fac de lettres. Beaucoup d’années mêmes.Il a dit lui-même tout ce que ça lui avait apporté. Non, il faut savoir que c’est autre chose que la simple lecture des « classiques » la fac de lettres. On y apprend stylistique, rhétorique, champs lexicaux,intertextualité, histoire des mouvements, esthétique -le sublime de Kant à Schiller en passant par Burke, Vico et bien entendu Longin. Et pour tout ça il faut des profs, et de sacrés profs.Comprendre par exemple tout ce que Balzac doit aux sciences de son époque, par exemple aux sciences médicales (lire surtout J.L Cabanès, « Le Corps et la maladie dans les récits réalistes (1856-1893), Klincksieck, octobre 1991, 2 volumes,) apprendre ce que furent vraiment les « libertins érudits » du 17ème ou bien les dessous des Lumières grâce à Nicole Jacques Lefèvre par exemple, tout ça, les livres n’y suffisent pas, absolument pas. Ils sont nécessaires, oh combien, mais sans un prof pour vous guider dans la jungle des publications et des biographies, c’est impossible. Je passe sur le travail effectué sur le texte, comment on apprend à déshabiller une prose, une symbolique, toute l’herméneutique, avec repérage des topoï. bien sûr, lire « La litterature européenne et le moyen age latin » de Curtius sera d’une aide immense.Encore faut-il savoir qu’il existe.Et ça c’est à la fac que vous l’apprenez, comme le Mismèsis d’Auerbach sans lequel on rate tant de choses dans le roman occidental. Ou bien Bakthine, Gusdorf etc.Bref, tous les classiques, les Jean Céard, »La nature et les prodiges », « J. Ehrard, L’idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle., Marc Angenot, Ricoeur même. Apprendre à voir dans un texte du 20ème la réécriture d’une texte du 16ème, c’est uniquement à la fac que vous apprendrez ça, (si vous avez la chance d’avoir de bons profs, mais il y en a d’excellents sur Paris -Nanterre est devenue excellente.Évidemment, depuis que la Sorbonne a pris ses meilleurs…Mais ils les remplacent bien). Ainsi je dois à Jean Yves Masson la lecture du Volksbuch qui est à l’origine de la légende de Faust, donc Marlow, Goethe; Boulgakov.Et T. Mann (Docteur Faustus). Or on rate bien des choses dans Mann si on a pas lu le volsbuch, dans Marlow aussi d’ailleurs.Et comme Goethe doit tout à Marlow pour le Faust I… Et tout ce qu’on apprend sur l’architectonique d’un texte, comment il s’invente à partir des découvertes de ses prédécesseurs,ainsi ce que Balzac doit à Walter Scott et qu’il reconnait – l’invention de la scène par Walter Scott -, le repérage des lexiques particuliers, la génétique des textes qui permet de voir l’écrivain au travail sur manuscrits. Mais surtout, ça ouvre à une vision supplémentaire de la lecture des textes. Je dois peu de découverte d’auteurs à la Fac, par contre je lui dois la découverte d’immenses classiques de la recherche et ainsi un supplément de dimensions dans l’appréhension de la génération des esthétiques et quelques autres choses fort précieuses. Ce n’est pas un hasard si 60 % des gens ratent leurs études de lettres, il s’attendent à du facile et se retrouvent devant un vrai boulot. Maintenant il est évident que des tas de médiocre passent avec des 11. On s’en fout, les directeurs de recherche ne mettent pas des TB pour rien! tout le monde comprend.

        1. Saku

          Restif,
          Je n’y connais rien en littérature (je lisais des livres d’histoire quand j’avais le temps) mais votre démonstration est le genre de texte qui me fait regretter d’avoir fait une école d’ingé 🙂 (pour reprendre le commentaire du gars du Monde )
          Et me dire que je devrait attendre la retraite pour découvrir à plein temps le monde qui est le votre me désespère.

          1. Restif

            C’est gentil ce que vous me dites là, ça me touche même (grande bête que je suis!) Mais Saku, vous savez bien que la vie est ainsi faite qu’on perd forcément quelque chose d’un côté ou d’un autre. Moi, j’envie les gens qui lisent couramment les partitions, les vrais connaisseurs de musique. Et ceux qui lisent l’Allemand! Je suis bien certain que vous avez certaines étagères mentales qui me feraient baver. Il faut vivre avec ses richesses et ses manques(hou là, il me pousse une grande barbe brusquement-à moins qu’elle ne soit là depuis…brrr! danger , alerte, alerte -clignotement rouge et sonorité angoissantes comme dans Le prisonnier).
            Et puis comme ça, vous avez de quoi rêver sur votre avenir. Surtout que les grands classiques de la recherche sont bien écrits, pas du tout le genre hermético-jargonneux (et c’est bien pour ça que ce sont des classiques). Il n’y en pas tant que ça vous savez! heureusement, avec l’Histoire vous aurez de quoi meubler. Ah l’Histoire..une grande passion que je ne peux assouvir qu’au travers de Mémoires ou Correspondances (la collection « Le temps retrouvé au Mercure de France est splendide), mais sans entrer dedans sérieusement. En tous cas, convaincu que je suis que c’est beaucoup plus la qualité de notre passion et de nos intérêts qui compte que leur quantité, je suis certain que vous saurez savourer chaque morceau qui en vaut la peine.

            1. Saku

              Ah vous êtes une fille ! Je ne sais pas pourquoi, j’avais toujours penser le contraire … 🙂
              Sinon, oui bien, la vie est trop courte pour en embrasser chaque plaisir… je ne comprendrais décidement jamais les ceuss qui s’y ennuie ! (du genre, si je bossais pas je me ferais chier dans la vie)

        2. j.ax

          Les lettres ne sont pas faites pour l’enseignement de masse, vous en êtes la preuve criante… la France, si elle se respectait, devrait viser les 4% de chômage, et donc arrêter d’envoyer des régiments d’étudiants en lettres, socio et autres histoire de l’art. En Suisse dont le taux de chômage se situe dans ces eaux-là, il y a ce système génial dit de l’apprentissage, qui permet aux jeunes pas faits pour les études, au lieu de rester à cirer le banc à la faculté, d’aller chez un dentiste, un mécano, un banquier pour apprendre un métier…. pour éventuellement rattraper leurs études ensuite. C’est certainement beaucoup plus intéressant pour un jeune que de zoner au quartier latin. Bref, cette histoire de « lettres pour tous » pue l’arnaque de partout.

          1. la crevette

            Il faut viser, plus que « les lettres pour tous », ce qu’on appelait auparavant les « humanités »,(en terminale) peut-être une formation plus complète des individus, une culture générale plus élargie et solide… Sans doute certaines classes prépas littéraires sont-elles aptes à cet enseignement général (langues, histoire, histoire de l’art, philosophie, littérature etc…).

            Ce qui n’a rien à voir, loin de là, avec le travail d’un art spécifique : ce dernier vient naturellement pour ceux qui ont un talent particulier et c’est à chacun de le découvrir et de s’y lancer.

            A propos des mathématiques, je crois que ce qui caractérise toute science et tout art (mathématiques, écriture, musique, peinture)c’est une forme de logique interne et différente et très rigoureuse, chacune dans son application propre. Il est vrai que la logique propre aux études scientifiques aide à former l’esprit, à maîtriser le vagabondage mental, elle apprend certains mécanismes de réflexion (on muscle son cerveau) qui sont très utiles dans n’importe quelle discipline, me semble t-il.

            Mais, par exemple, la logique philosophique n’est pas la même que la logique littéraire, et le résultat doit être aussi parfait que possible pour l’une et pour l’autre matière et doit faire apparaître quelque part un sens, une vérité (au travers de l’argumentation ou du beau).

            Ce qui peut être dangereux est de mélanger ces logiques spécifiques et faire de la logique mathématique l’alpha et l’oméga de l’argumentation philosophique par exemple.

          2. Coriolan

            « En Suisse dont le taux de chômage se situe dans ces eaux-là, il y a ce système génial dit de l’apprentissage, qui permet aux jeunes pas faits pour les études, au lieu de rester à cirer le banc à la faculté, d’aller chez un dentiste, un mécano, un banquier pour apprendre un métier…. pour éventuellement rattraper leurs études ensuite.  »

            C’est avant tout une question de mentalités, ça. En Belgique aussi on a ce système mais les parents considèrent que ça revient à avouer la semi-débilité de leur enfant.

            Résultat, ceux qui sont en apprentissage ont tous du boulot, souvent très bien payé et ceux qui auraient mieux fait de faire apprentissage finissent dans des écoles-poubelle desquelles ils sortent avec un diplôme qui ne vaut rien et sans avoir le niveau pour rentrer à l’université.

            Heureusement qu’il y a les flamands en Belgique sinon on aurait à coup sûr des pourcentages de diplômés à atteindre. A la place les programmes de la première année de collège dans les bonnes écoles sont difficiles, ainsi on ne doit se farcir la racaille que pendant deux ou trois mois.

          3. Restif

            Euh non , je suis bien du genre masculin : « grande bête que je suis » est une expression tirée de mes lectures 19mistes où on se sentait suffisamment mâle pour plaisanter ce genre -c’est le ca de le dire- de choses(lire les correspondances de VAléry avec Gide,c’est incroyable! plein de trucs du style : « Oh mon doux Ambroise » -prénom de Valéry( etc).
            Donc vous n’aviez pas tort de me penser jusqu’ici gorgé de testostérone jusqu’à la pointe des cheveux . Vous aviez reconnu la prose tanné du vieux loup de clavier!

        3. Baraglioul

          « pour vous guider dans la jungle des publications et des biographies »

          « Encore faut-il savoir qu’il existe »

          Tout à fait. La principale difficulté, ce n’est pas de comprendre les livres que l’on a dans les mains, mais d’identifier, dans la masse des publications, quels sont les livres intéressants, quels sont ceux que l’on doit lire en priorité.

          En revanche, je suis assez dubitatif quant au rôle du prof dans ce travail de sélection.

          D’abord, parce que si le prof est mauvais (et, sans avoir jamais mis les pieds en fac de lettres, je suppute que ce sera souvent le cas, compte tenu de ce que je sais du niveau de l’étudiant en lettres moyen — un prof ayant un minimum de respect de soi n’accepterait tout simplement pas de faire cours à de telles larves), et que ce prof vous impose de lire des ouvrages inintéressants, il vous prive ce faisant du temps nécessaire à la découverte d’autres auteurs.

          Ensuite, parce qu’Internet — que ce soit les blogues ou amazon.fr (en particulier les listes concoctées par les utilisateurs ou la rubrique qui permet de connaître quels ont été les achats des personnes ayant consulté un article déterminé)– constitue aujourd’hui un outil de prospection extrêmement efficace (sans même parler de la possibilité d’y écouter des cours du Collège de France ou des séances de l’Académie en podcast…).

          1. Restif

            « D’abord, parce que si le prof est mauvais (et, sans avoir jamais mis les pieds en fac de lettres, je suppute que ce sera souvent le cas, … » (Baraglioul)
            Alors là détrompez-vous. Ils ont le public qu’ils ont, ce n’est pas leur faute. Mais ils ne sauraient en faire un autre de métier, et précisément parce quece sont d’absolus passionnés et que la recherche est toute leur vie. Leurs cours finissent d’ailleurs en livre ou articles (obligation de faire des cours originaux en fac)- et tant pis pour ceux qui ne suivent pas. vous savez, le prof capétien n’aura assisté qu’à fort peu de séminaires de recherches, car il passe son CAPES après la licence (le master éducation maintenant) sans avoir été jamais au contact des grands chercheurs. Or les grands séminaires comencent au M1 M2 (maîtrise et DEa avant, et c’était mieux). bien qu’il y ait déjà des Td et des cours magistraux de très grande valeur en DEUG, mais on ne va pas aussi loin. en tous cas les enseignants chercheurs travaillent d’abord pour leur public de thésards, d’apprentis chercheurs. Et pour leurs collègues.Ils préparent des éditions, annotent,remontent aux sources, ils n’arrêtent pas. Je fréquentais épistolairement Piere Glaudes au moment où il mettait un point final à son de Maistre pour Laffont-Bouquins,, c’était du 15 heures par jour. Entre les jury de doctorat, la direction des master et thèses, la rédaction d’articles, la préparations d’édition, la direction de collection l’écriture-préparation des cours (encore une fois :exigence de faire du neuf, on ouvre pas un manuel), les cours eux mêmes à donner et le train train des corrections, vous n’imaginez pas le travail que ces gens là abattent. On se fait une idée très fausse de l’universitaire j’ai remarqué. Maintenant, j’ai peut être eu une chance particulière. J’ai nommé Jean Louis Cabanès, ce fut mon directeur de maîtrise et il est mondialement reconnu pour ses travaux sur les Goncourts (voir la nouvelle édition du Journal chez champion sous sa direction). Jean Yves Masson est presque un ami,-du moins a-t-il la gentillesse de le dire-, outre que c’est un merveilleux traducteur, qu’il connait cinq langues sans compter les langues mortes, il écrit des articles en tous point remarquable.Voir celui fait sur le docteur Faustus ou il a montré ce que la construction du roman devait au carré magique de Durer.De plus il est l’un des deux seuls profs a pouvoir conduire des doctorats de comparé littérature/ musique-ce qui fait qu’il est écrasé de demandes et nous remettons depuis un an notre nouvelle soirée. Mais j’en ai rencontré bien d’autres tous d’un très haut niveau. Vous savez, il parait que le niveau des capétiens de math a beaucoup baissés me confiait un type d’orsay, ça n’empêche pas les profs de fac en math de continuer leurs cours. Et puis il reste quand même 1/4 d’étudiants qui aiment vraiment ça. j’ai eu de merveilleux profs normaliens, ayant thèse et thèse d’habilitation à diriger des recherches (plus dure je pense), j’en ai eu aussi passé par les mêmes thèses et l’agreg (externe) sans passer par normal et tout aussi formidables. Sur plusieurs années d’études tardives, je n’ai eu que très peu de mauvais profs, la plupart étaient des passionnés aux immenses connaissances. Je crois qu’ici, on est en présence d’un cas qui marche pour tous les milieux : on ne peut « imaginer » ce que c’est -il faut le connaître. Je vous souhaite d’avoir le quart de l’enthousiasme et de l’érudition des professeurs d’université que j’ai rencontrés dans leur très grande majorité.

            @ j.ax : entièrement d’accord.

      2. Prolo De La Lite

        Exactement .
        Mais les études de masses sont aussi une manière détournée d’éviter une hausse du chômage . Quel pourcentage d’étudiants ont réellement vocation à devenir médecins , ingénieurs , cadres supérieurs , professeurs ?
        Je me souvient de l’un de mes premiers dépucelages mentaux à l’égard de ces gens-là . Une pétasse stupide de 20 ans , niveaux scolaire médiocre , bac de justesse , fac de lettres . Aucune passion pour la littérature en général . Je la harcèle , lui demande pourquoi cette branche , elle évite la question , puis cette réponse monstrueuse :
        C’était ça ou travailler au rayon légumes à carrefour .
        La plupart ne se font pas d’illusions , l’absence de sélection , la norme , la pression des professeurs et la gratuité les poussent tous à faire des études pour lesquels ils n’ont ni talent , ni passion ni vocation .
        Ce qui les attends , ce sont la plupart du temps des boulots médiocres ou le chômage , si l’université ne leur coûte rien , ils y vont . Plus la pression des parents , du groupe .
        Mais l’état paye , ce ne sera probablement jamais remit en question .

        1. Restif

          « Mais l’état paye  » Là vous mettez le point sur un GROs problème, peut être THE problème.Si on avait un examen d’entrée très sécère, abec des bourses rares données uniquement aux meilleurs éléments (on pourrait aussi penser à un deuxième système parallèle basé sur la qualité des recherches données à juger), bourses qu’en plus ils devraient justifier non seulement par un trava

    2. Prolo De La Lite

      Typique du militant L.C.R. à keffier manifestant pro-palestinien .
      J’imagine le même type de logique appliquée à sa personne s’il se prend un coup de matraque de C.R.S. : Oui , bon , d’un autre côté il s’est mis de lui-même en position d’adversaire de l’état , il l’a bien cheché .
      Quand il sera stagiaire dans une banque avec une balle perdue dans l’estomac lors d’un braquage : Ouais mais bon , il a participé au système capitaliste , il a adheré à ses valeurs , il l’a bien cherché .
      Quand son fils se sera fait tabasser par vingt pépites pour un I-pod : Ouais mais en même temps il l’a bien cherché , il affiche son niveau social devant des jeunes défavorisés .
      Quand sa il ira chercher sa fille à l’hopital après un viol et un tabassage en règle : ouais mais bon , tu l’as bien cherché , t’as mis une jupe .
      Non seulement il ne les plaignent pas , mais ils jubilent , ils aiment le sang , quand ce n’est pas celui des victimes officielles désignées par leur parti .
      Le monde serait tellement merveilleux s’il était remplit d’étudiants en lettres , plus de guerres , plus de frontières , plus de classes …
      Le glissement général de la gauche alliée du peuple version P.C. année 50 vers le P.S. – S.O.S. allié des immigrés-homosexuels-femmes-discriminés en tout genre est ici très visible .
      Le travailleur n’est plus l’exploité , mais le complice du système . « L’oisif ira loger ailleurs » est bien loin …
      La capacité des gauchistes à garder un pucelage mental quel que soit leur experience , leur abscence de sensibilité , leur capacité à voir uniquement ce qui leur convient m’étonnera toujours …

  3. nicolasbruno

    Je ne crois pas que Patrick Lozès soit un crétin.
    Patrick Lozès, comme Houria Bouteldja veulent du FN, car ils veulent du fight. Tous les 2 aspirent à la guerre civile, aux bastonnades, aux vitrines cassées, aux viols. Quand Lozès dit que le FN a mordu la poussière, c’est juste pour provoquer et faire en sorte que le FN fasse mieux au prochaine coup. Ces gens là aiment le sang. Ils pousseront les banlieues à casser du blanc et feront simultanément les pleurnicheuses en expliquant que toute cette violence est liée au racisme des blancs, de leur mentalité de colonialistes, etc…

    1. Vertumne

      Tout à fait. Tout comme de notre côté nous serions déçus si du jour au lendemain nos CPF devenaient de bons petits Français bon teint. Mentalement, Houria et Lozès sont bien plus proches de nous que Malek Boutih et Thuram.

  4. nicolasbruno

    Patrick Lozès, c’est le mec idéal pour t’organiser un petit génocide à la rwandaise ou plus simplement dans le genre de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Un mec qui commence à t’expliquer le malheur de son peuple, qui continue en expliquant qui sont les coupables et qui conclut à la machette

  5. Restif

    Une petite piqure de rappel, suite au lien génial que nicolasbruno nous a donné, -que j’ai contué à lire , approfondissant un petit peu et ça vaut vraiment le jus- lequel lien d’un click vous envoie vers sa source passionnante et terrorisante :
    http://www.ihes.fr/~lafforgue/dem/courriel.html
    Juste pour dire qu’on parle tout le temps des Lettres alors que les maths sont exactement dans le même purin (mail du médaillé Field Laurent Lafforge et qui a causé son éviction) :

    « Ceci concerne le français, mais nous pouvons aussi parler des mathématiques.
    Les concernant, je vous mets en fichier attaché la copie d’un message qui m’a été envoyé la semaine dernière par un enseignant (maître de conférence et remarquable chercheur) de l’une des « meilleures universités » de France. [Je ne peux reproduire ce message car il était confidentiel].
    S’il vous reste la moindre notion de mathématiques, vous pouvez comprendre que ces étudiants de 2e année de DEUG de science dont la plupart vont « réussir » à leurs examens, donc vont passer en licence (et deviendront peut-être instituteurs ou professeurs), ont un niveau inférieur à celui qui, encore à mon époque (il y a vingt-cinq ans: une époque déjà dégradée par rapport à celle de mes parents), était celui du collège, et il apparaît qu’ils ne maîtrisent même pas ce qui normalement serait du ressort de l’école primaire. Or tous ces étudiants ont le bac (sinon ils ne seraient pas à l’université) et pour presque tous le « bac S » (le bac « d’élite » ou « sélectif » comme on dit dans les médias)… »

    Mais je ne saurai trop inviter à lire tout le mail de Laurent Lafforge notre médaille Field de mathématique virée du Haut conseil à l’Education. Sans doute à cause de ce qu’écrit plus haut mais surtout à cause de ÇA:

    « Si les instances dirigeantes de l’Éducation Nationale dans leur ensemble ont pu confier la rédaction des programmes à de tels cinglés, ne pas s’apercevoir du caractère délirant de leurs préconisations et ne pas s’émouvoir des réactions de professeurs qui leur parvenaient, je ne vois qu’une seule explication possible: les instances dirigeantes de l’Éducation Nationale sont intégralement peuplées de fous irresponsables (ou criminels pour ceux, s’il en existe, qui auraient organisé la destruction de l’Ecole en toute connaissance de cause). »

    1. Panda Bourré

      Cela corrobore ce qu’un ami enseignant avait découvert à son grand désespoir quend il m’avait accompagné en Chine. Un matin, ayant décidé de chiner un peu (quel endroit approprié !) il découvrit une échoppe vendant des livre de classe. Ouvrant un livre de maths (sa discipline) niveau collège (le niveau de ses classes) il fut fort marri de découvrir que le niveau collège chinois correspond peu ou prou à notre niveau math spé….

    2. nicolasbruno

      Merci cher Restif de ces mots agréables. Qui me permettent de vous dire toute mon estime, vos interventions étant toujours de haute volée.
      L’affaire Lafforgue a été franchement « oubliée » par les médias, alors qu’elle est extrèmement éclairante sur l’évolution de l’enseignement en France ces 40 dernières années. Que le pouvoir ait été de droite ou de gauche, ce sont les mêmes dogmes qui ont été mis en oeuvre par les mêmes « Khmers rouges », pour reprendre les termes de Laurent Lafforgue.
      J’ai par ailleurs des amis prof et maitre de conf à l’Université, qui se disent effondrés par la baisse abyssale du niveau en Sciences Physiques. Pourtant de Gauche, ils sont obligés de constater le désastre. Moi-même, issu de classes prépas et école d’ingé, j’ai lu des copies d’examen d’école d’ingé. C’était effroyable.
      A noter qu’on retrouve dans les facs de la discrimination positive, des élèves qui savent à peine s’exprimer, des nuls qui n’ont jamais ouvert un bouquin de leur vie, qui passent de classe en classe, car sinon, plus de candidats possibles pour prendre les postes…

  6. Restif

    Je vous remercie pour ces paroles affables cher nicolasbruno (on a beau dire, c’est toujours agréable !). J’en prends à témoin Jupiter, ce n’est pas ici commerce de rhubarbe et de séné si je vous dis que j’ai pris l’habitude d’avoir l’œil à l’écoute –si j’ose dire- lorsque apparait votre nom. Et quels liens !
    C’est incroyable a quel point la presse a été silencieuse sur cette affaire, c’est vrai. Quand on voit qui écrit, le poids international de Lionel Lafforgue , et le sérieux qu’il a apporté à sa mission (le nombre de livres qu’il a lus ! mais que des livres mal pensants…), quand on sait ce que représente une médaille Fields, c’est quand même étonnant ce silence médiatique..a croire que réellement on leur demande de regarder ailleurs. Je doute de plus en plus de la démocratie médiatique française (certains diront avec raison que j’y ai mis le temps…). La gangrène est grave. Ce n’est pas tant par rapport aux années 20 qu’il faut se secouer –je dis ça par rapport au dernier article d’ XP sur le pédagogue– mais par rapport aux asiatiques, par exemples. Vous avez lu ce qu’écrit Panda Bourré ? Ça rejoint en tous point ce qu’écrit Laurent Lafforgue dans son mail, lorsqu’il raconte que les manuels asiatiques de lycée sont très au dessus d’une première année de fac française. Alors évidemment, nous airons toujours nos grandes écoles, mais il faut un vivier fourni pour que niassent les chercheurs. XP, la culture internet est une autre culture, avec sa richesse, sa grande richesse, mais combien de gens touche-t-elle à son plus haut niveau ? De plus elle ne peut remplacer un bon enseignement des maths. Et pour ça il faut connaître sa langue, car tout est lié. J’ai vu des élèves de 5ème ne pas savoir lire, mais réellement : il a fallu que la prof souligne le texte syllabe par syllabe pour que l’élève arrête d’inventer des phrases à la place de ce qui était écrit ! . Il ne faut pas que le net devienne l’arbre qui cache la forêt.

    « sinon, plus de candidats possibles pour prendre les postes… » ça…c’est un des problèmes lourds que l’on retrouve dans le supérieur. Il leur faut bien des étudiants, sinon, plus de chaires, plus de places de Maîtres de conf. Le système est plus mal en point que tut ce que les gens peuvent imaginer, et franchement, ce n’est pas le net qui va nous sauver.

  7. Emil

    Je profite de l’hommage rendu aux vingtenaires pour vous recommander le texte d’une conférence de L. Lafforgue donnée à l’Institut Catholique de Paris, intitulée « Tradition et Fécondité : le point de vue d’un mathématicien chrétien ». Je crois qu’il est de nature à en intéresser plus d’un ici.

    http://www.ihes.fr/~lafforgue/textes/TraditionFecondite.pdf

    Un extrait :

    « Un prêtre que je connais dit parfois que le seul péché, ou plutôt, celui qui est à l’origine de tous les autres, le péché d’Adam et Ève, est de croire que Dieu ne nous aime pas, que la vie qui nous a été donnée est pauvre et sans intérêt. (…) Ce péché se manifeste chaque fois – et c’est à tout instant – qu’un mathématicien ou un scientifique est tenté de penser que la recherche sur n’importe quelle question est arrivée à un terme, qu’il n’y a plus à approfondir, chaque fois qu’il est tenté de lever la plume et de s’arrêter. Ce péché se manifeste dans toutes les formes de réductionnisme, quand on se persuade que le réel ou une part importante du réel se ramène à telle découverte, à tel mécanisme qui a été mis en évidence, quand on se laisse aller à penser que la vérité est pauvre, et en voie d’épuisement, comme le pétrole. C’est sans doute à cause de ce péché ancré en nous que toute nouvelle avancée, et même toute ligne tracée sur le papier, demande un effort, c’est-­à­-dire un combat. Donc toute nouvelle théorie, tout nouveau résultat, toute oeuvre nouvelle, tout théorème, est une victoire sur le péché fondamental de la défiance et du désespoir. Comme j’ai déjà dit, il est louange de Dieu, il est victoire pour Dieu. »

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