Karl Marx, le saint patron des possédés

Dans une scène qu’aurait pû écrire Dostoïevski dans ses Démons, Emile Zola (que l’on ne me prendra plus jamais à citer) fait piquer dans un de ses livres une colère dantesque à un révolutionnaire nommé Souvarine devant un parterre de paysans, après qu’il ait appris que l’un des leurs venait de gagner à la loterie et qu’il envisageait de devenir propriétaire….. Vous ne méritez pas le bonheur que l’on vous veut, leur lâche-t-il pour bien leur signifier toute la haine qui le travaille.

De Karl Marx, l’histoire récente nous a appris l’essentiel, à savoir qu’il est l’auteur de la plus fantastique erreur de pronostic de tous les temps, lui qui préconisait la baisse tendancielle des profits des capitalistes, la paupérisation des masses et la disparition des classes moyennes, alors que c’est rigoureusement l’inverse qui s’est produit selon l’aveu même des marxistes qui reprochent aux darons de s’enrichir toujours plus et aux ouvriers de s’embourgeoiser…. A des degrés divers, tout le monde a conscience de cet échec pharaonique, à commencer par les socialistes eux-mêmes, et personne n’a encore évoqué la conséquence majeure de cette faillite, à savoir que tous les socialistes vivent désormais chaque jour et chaque seconde avec une hache plantée dans le crâne, une blessure narcissique telle que personne ne se l’était jamais vue infligée jusqu’alors…. Le socialiste, ce n’est plus quelqu’un qui pense à tort avoir raison, mais le gusse qui sait avoir tort, qui souffre d’avoir à se montrer partout avec sa hache enfoncée dans la tête, et c’est maintenant qu’il peut se révéler en Démon bien plus terrifiant encore que celui dans lequel il s’était glissé pour envoyer des koulaks dans des camps de la mort, au temps d’Aragon et du Front Populaire….

Le Marxiste des années 2000 en souffre tellement, de sa hache et sa blessure narcissique, qu’il en est réduit à dire en trois phrases une chose et son contraire, que les ouvriers dépensent trop dans les supermarchés et qu’ils n’ont plus assez d’argent pour s’acheter des marchandises dans les supermarchés, que les banquiers sont au bord de la ruine et qu’ils n’ont jamais été aussi riches, et s’il meugle de plus en plus fort, c’est qu’il mesure à quel point il meugle des bêtises.

Avec son œil de Lynx, Dostoïevski avait non seulement vu que les Souvarine prétendent apporter le bonheur aux peuples, mais surtout que cette velléité traduit une volonté de puissance et que le socialiste est avant toute chose un prédateur bien plus ambitieux que Gengis Kahn…. Ce que le Souvarine veut, ce n’est pas le bonheur ou la prospérité de l’ouvrier, mais le contrôle de toutes ses sources de bonheur et de prospérité, que toutes ses joies ou ses satisfactions ne puissent venir que de lui, qu’il soit son seigneur et que l’autre soit son serf non seulement quand il trime dans ses kolkhozes mais encore quand il dort, baise, regarde le ciel ou s’éteint dans son lit…. L’ouvrier qui gagne à la loterie, c’est pour le Souvarine une proie qui s’échappe et qui fait une entaille sur la carte où il a dessiné un empire plus gigantesque et mieux contrôlé que ceux des pires conquérants de l’histoire de l’humanité…

Personne ne sait pourquoi les cigares Montecristo s’appellent comme ça, et c’est bien dommage, car l’anecdote est propice bien mieux que mille pages de Friedrich Hayek à faire comprendre combien le socialisme est un fantasme de prédateur…. On appelle les cigares Montecristo des Montecristo parce que dans les ateliers où les ouvrières les fabriquaient, des hauts-parleurs leur crachait le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas pour les faire accéder à l’évasion par la culture, tandis que dans les baraques en planches voisines, on infligeait aux travailleuses du Jules Vallès, du Victor Hugo ou du Zola…. Même Attila n’avait pas poussé la folie des grandeurs et la volonté de mettre à poil les vaincus aussi loin, lui qui ne se contentait que des récoltes et des femmes des perdants, en fermant les yeux sur les fors intérieurs.

La force du socialisme, c’est qu’il flatte les instincts les plus bas, ou plus exactement qu’aucune doctrine n’a aussi bien tenté le Diable et suggéré si habilement à l’auditeur qu’il peut assouvir ses pulsions de prédateur en toute impunité… Le mur de Berlin s’est effondré, Karl Marx apparait clairement comme la plus mauvaise de toutes les pythies qui ont un jour ouvert la bouche, mais l’envie de socialiser et de faire main basse sur les coeurs ou les reins se fait toujours sentir… il y a des alters-mondialistes et des écologistes, ces marxistes qui se sont refait une beauté en vitesse après l’officialisation de la faillite, avant de remonter sur la scène… Et puis des sociaux-démocrates, qui admettent que les socialistes ont provoqué trois accidents mortels sur dix kilomètres, qu’il ne faut jamais plus leur laisser les clefs de contact, mais qui proposent qu’on en fasse des inspecteurs de permis de conduire ou des flics de la route pour qu’ils régulent le capitalisme, comme ils disent…. Et puis il y a les catholiques bouffis d’orgueil qui ne veulent pas faire un Vatican III où ils battraient leurs coulpes en reconnaissant qu’ils se sont méchamment trompés, avec leur Doctrine Sociale de l’Église et qu’ils se sont alors sacrément laissés séduire par les idées du Monde.

Dans l’histoire de l’Église, ce n’est rien, le Concile de Vatican II. Ses défenseurs et ses contempteurs se livrent à une partie de catch à quatre bidonnée dans le bénitier, ce sont les mêmes…. C’est La Doctrine Sociale de l’Église, sa diabolique erreur, celle dans laquelle elle a persévéré jusqu’à se retrouver avec le communiste Jean-Paul II à sa tête.

Il faudrait que l’on en parle plus avant, de Jean-Paul II le Pape communiste…. Pour dire d’abord que s’il n’a donné qu’une pichenette sur le Mur De Berlin que Ronald Reagan a fait tomber avec sa masse,’il n’est en revanche pas étranger à l’échec du même Ronald Reagan en Amérique Latine, lui qui a pourtant voulu l’en débarrasser du marxisme…. Ce Pape ancien évêque de Cracovie qui fût alors à tu et à toi avec les Maîtres communistes de sa Pologne, Il a sermonné publiquement ce Président US devant des foules latinos encore influencées par Rome, et c’est en partie de sa très grosse faute, s’il y a des Chavez et des Moralès qui rôdent et frayent avec les nazislamistes d’Iran, aux portes des États-Unis d’Amérique….. Il faudra aussi rappeler que si ce Jean-Paul II a couru tout son pontificat après une béatification post-mortem express, il n’est pourtant pas mort en odeur de Sainteté, mais au contraire le visage torturé par la douleur….

J’aimerais que ces quelques mots me fasse détester par les marxistes, qu’ils leur viennent des envies de menaces et de délation, que tout plein de mots putrides et dégueulasses leur viennent à la bouche…. En 1917, en pleine révolution bolchévique, Lénine ne prenait jamais la parole en public sans prendre soin de qualifier Dostoïevski d’ordure, alors vous pensez comme elles sont agréables à mes oreilles, les insanités des ivrognes communistes….

37 réflexions sur « Karl Marx, le saint patron des possédés »

  1. Prolo De La Lite

    Une chose me tourmente . Le seigneur et son cerf , c’est le cerf la proie du Seigneur pendant la chasse ou son serf , son paysan ?
    Je ne peux pas croire que vos erreurs soyent involontaires . Les deux paysans qui font une « pose » , « essenciel » , c’est obligatoirement souhaité .
    Sinon , l’anecdote de Souvarine est magnifique dans la bouche du Souvarine de Germinal qui raille les chapeliers marseillais gagnants à la loterie , anectode raportée par Emile Pouget dans son almanach , Zola qui a toujours nié avoir lu Pouget .

    1. la crevette

      Hum, Prolo, au lieu de faire des réflexions oiseuses (mais justes) vous ne devriez pas être sur un toit quelconque?!

      Sinon, cette phrase ne me convient pas :
      « Il faudra aussi rappeler que si ce Jean-Paul II a couru tout son pontificat après une béatification post-mortem express, il n’est pourtant pas mort en odeur de Sainteté, mais au contraire le visage torturé par la douleur….  »
      C’est idiot : le Christ est mort avec le visage torturé par la douleur…

      1. rudolf hoax

        Oui mais son visage de Dieu, pas d’homme. Il a subi la torture du Dieu qui embrasse la douleur de sa création, pas du pénitent qui ne voit pas les portes du Ciel s’ouvrir devant lui.

        Enfin je dis ça comme ça, j’ai pas lu la fin.

  2. Restif

    a quel endroit des Possédés ? (ou Démons ?) je l’ai lu 4 fois et je ne vois pas de Souvarine, ni d’ailleurs de scène de loto. Je viens de regarder les têtes de chapitre, nulle mention de ça.Tu n’a pas effectivement confondu avec le Zola de Germinal ???

  3. Prolo De La Lite

    Je vais encore être casse-couilles , mais le Souvarine de Zola (d’ailleurs originaire de la noblesse Russe), c’est plutôt le nihiliste solitaire terroriste , il n’a rien d’un révolutionnaire , il ne veut pas le bien du peuple , il veut juste que le monde crêve dans les flammes pour renaître « pur » , et pas de discours aux paysans dans Germinal , il parle de deux chapeliers marseillais dans un bistro désert en caressant un lapinou .

  4. XP Auteur de l’article

    Ah oui, mais les possédés aussi sont des nihilistes ET les ancètres des communistes. Et puis XP n’évoque pas ses lectures, mais le souvenir de ses lectures. Et XP fait ce qu’il veut avec ses souvenirs. Il les tord dans tous les sens, s’il veut. Il en a le droit.

    1. Prolo De La Lite

      C’est là où XP-Delon se trompe . Ce que ce con de Zola a voulu faire sortir de ces dialogues , c’est le conflit entre anarchisme et communisme . Chez les anars , il y a eu un avant et un après la commune de paname . Mais chez les cocos , rien n’a bougé . Zola n’a rien compris à l’anarchisme . Je crois que Zola à écris Germinal après la commune . Avant , l’anarchisme , c’était grosso-merdo le communisme-libertaire , le communisme par en bas , Proudhon Vs Marx . Après , c’était l’individualisme , la propagande par le fait , le terrorisme , la marmite renversée . Les anars pré-1870 n’avaient rien de nihilistes , c’était au contraire des libéraux radicaux . J’attend avec impatiente le jour où un économiste-philosophe explorera la pensée Proudhonienne sous l’angle libéral .

      1. Nebo

        A mon humble avis, s’il y a des résonances à caractère libéral (dans le sens ou les escrimeurs d’ILYS l’entendent) et si ma pauvre matière grise ne me trahit (j’ai lu les auteurs anarchistes… euh ! Putain la vache… y’a presque trente ans !) c’est plutôt Max Stirner qui peut être lu sous l’angle que vous évoquez estimé Prolo, plutôt que Proudhon. En tout cas sur le plan philosophique à coup sûr Stirner (ce père de l’Anarchisme Individualiste) est bien plus proche des Libéraux, mais surtout des Libertariens que ne le fut Proudhon qui, bien qu’ayant fortement évolué au cours de sa vie dans ses idées et leur mise en pratique, a toujours gardé un oeil très critique (d’une critique assez passable, à mon avis, et qui a mal vieilli) vis-à-vis de l’économie de marché, du libre échange. Néanmoins son fumeux « La Propriété c’est le vol ! » est devenu, à la fin de sa vie, « La propriété c’est la Liberté » ! Il a fortement polémiqué avec Frédéric Bastiat qu’il admirait par ailleurs.

        Voyez :

        http://www.wikiberal.org/wiki/Max_Stirner

        et

        http://www.wikiberal.org/wiki/Anarcho-individualisme

          1. Nebo

            Eh oui ! Bien plus rigolo que Marx en tout cas, puisque Stirner (tout comme Marx) faisait partie des hégéliens de gauche, le fameux groupe des « Affranchis » avant de s’en éloigner et de critiquer radicalement l’idéalisme utopique de ses anciens « associés philosophiques ».

            Marx et Engels, du coup, consacreront de longues parties de leur livre L’Idéologie Allemande pour tenter de démonter les idées avancées dans « L’unique et sa propriété ». Pour Marx et Engels c’est Max Stirner qui serait « idéaliste », convaincus qu’ils sont d’avoir mis en place une véritable Science économique, contrairement à Stirner (selon eux, hein, pas selon moi ! ^^) qui aurait des idées de « petit-bourgeois », qui ne ferait que spéculer en pédalant dans le semoule, n’élaborant que de la théorie et se refusant de passer à la Praxis ! Bref, le même genre d’accusations que les larves communistes adressent au moindre esprit-libre leur tenant tête. Rien que dans la bouche de Marx se tenaient déjà les camarades Lénine, Staline, Mao & co…

            1. XP Auteur de l’article

               » Rien que dans la bouche de Marx se tenaient déjà les camarades Lénine, Staline, Mao & co… »

              L’horreur du marxisme, elle se voit sur les photos de Marx. A l’époque, n’importe qui ayant un minimum de sensiblilité devait pouvoir le ressentir. Ce type, c’était littéralement la barbarie à visage humain. Il porte sur lui toute la lourdeur et la tristesse des régimes qu’il allait engendrer.

              On peut toujours le lire, mais la peinture, ça va bien plus loin que la philosophie politique.

        1. Prolo De La Lite

          Stirner , c’est de la bonne . N’empêche que la seule véritable tension au XIX ème était entre Marx et Proudhon , le reste c’est broutille . C’est surtout une vision différente du « bien commun » , Proudhon c’est en gros l’association , le contrat , la propriété individuelle des fruits de son travail . Quand Proudhon disait la propriété , c’est le vol , c’est juste un constat mathématique , pas un jugement moral . Dans la mesure ou par la location , le placement , l’investissement , l’argent grossit par lui-même sans apporter de valeur ajoutée . Très concrètement , il estimait que si fermier locataire qui louait une ferme à un chatelain 1.000 euros/mois et qui dans les 30 ans qui suivent investit dans ce terrain , le met en valeur , il doit toujours louer ce terrain 1.000 euros . C’est la propriété de son travail contre la spéculation improductive , l’amélioration progressive de la société par la propriété individuelle et la décentralisation , la « propriété d’usage » , le travail plutôt que par la prise de pouvoir et la centralisation . Stirner est individualiste , il n’a pas de vision générale de la société . Il n’y a pas de doctrine anarchiste , il y a plus de tension au sein de la pensée anarchiste que dans le reste de l’échequier . Le « tout m’appartient » peut paraître individualiste , il a en réalité servit toutes les révolutions et coup d’état . Ce que je fait m’appartient ne me paraît pas très collectiviste …
          Et un homme qui a combattu l’Eglise et fait baptisé ses deux filles ne peut pas être foncièrement mauvais , non ?
          Le « sort-toi les doigts du cul » est une tyrannie individuelle , le « c’est eux les méchants » une tyrannie collective .

          1. Nebo

            Fredo a lu Stirner. Obligé. Tous les spécialistes de Fredo l’affirment. Il y a trop de résonances entre l’Individualisme stirnerien et l’aristocratisme d’esprit nietzschéen. De plus, tous les spécialistes de Nietzsche affirment qu’il a tu sa lecture de Stirner pour éviter d’être accusé de plagiat.

            Bien que le nom de Stirner n’apparaisse en aucun endroit de l’oeuvre de Nietzsche, on sait de source sûr qu’il a conseillé à un de ses élèves favoris la lecture de Stirner, lorsqu’il enseignait la philologie à l’Université de Bâle. L’élève en question se nommait Baumgartner et Nietzsche l’appelait son « Erzschüler ». On a retrouvé les fichiers d’emprunt de la Bibliothèque de l’Université de Bâle de 1870/1871 et l’élève Baumgartner l’a bel et bien emprunté selon les conseils de son jeune maître. Nietzsche n’avait pas plus de 27 ans au moment de ces faits.

            Vous en saurez plus ici :

            http://kropot.free.fr/Stirner-Nietszche.htm#(1)

  5. XP Auteur de l’article

    XP s’en fout de tout ça, et il s’en fout encore plus de ce qu’a voulu dire cette andouille de Zola, qu’il a lu quand il était un lycéen gauchisant.

    On s’en fout, du Sauvarine de Zola. C’est le Sauvarine de XP qui compte. Et je vous assure qu’il ne caresse pas de lapinou.

  6. Prolo De La Lite

    Et surtout , Marx Vs Proudhon , c’est surtout deux éléments , deux classes sociales mises au centre de la société , et une société vue uniquement par le prisme de ces deux classes . Marx , c’est une société d’homme-machines interchangeables sans spécialités avec une frontière patronat/prolétaires très définie , Proudhon ce sont les Artisans-paysans petit propriétaires . En tout cas ils avaient tout deux une vision statique de la société , ou les nations , l’histoire , les raçes , les frontières n’existent pas , une vision linéaire , mathématique .
    Mais une vision purement théorique n’est aps foncièrement mauvaise , à condition que l’on ne se base pas que sur elle . Si on dit que le tabac est mauvais pour la santé , qu’il diminue l’ésperance de vie , c’est bon à savoir , mais le poilu qui peut mourir d’un éclat d’obut dans les 10mn qui viennent ne va pas s’en préoccuper . Si nous avions tous la certitude de vivre jusqu’a 85 ans , avec une retraite , nous aurions une societé de fonctionnaires privés ou publics .
    Ou alors on vit dans l’espérance et la Foi que nos enfants vivrons dans un monde meilleur , on vit en martyr , mais nos enfants auront de toutes manières les mêmes dilemmes et difficultés , à une échelle différente , voilà tout .
    Force est de constater que seul le Péché Originel peut assurer la survie de l’homme véritable , cette fin du paradis sur terre . Le tragique , le lyrique , le doute , la boussole sans carte .

  7. Rodion

    « il y a des alters-mondialistes et des écologistes, ces marxistes qui se sont refait une beauté en vitesse après l’officialisation de la faillite, avant de remonter sur la scène… Et puis des sociaux-démocrates, »

    Vous avez oublié les pires, les marxo-trotskystes qui se font passer pour des libéraux néo-conservateurs, (Glucksmann, Attali ou BHL pour ne pas les citer) mais dont ça se ressent à 10 000 lieu à la ronde qu’ils suintent de ré-ouvrir les goulags.

    Celui qui fait du libéralisme une idéologie mérite autant le fouet que celui qui fait du christianisme un code de lois.

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