L’élue UMP du moment c’est Valérie Boyer (8e circonscription des Bouches-du-Rhône, adjoint au maire à l’inénarrable Jean-Claude Gaudin), qui, sous un langage plein de neutralité et d’égalité et de laïcité proposerait, ni plus ni moins, que l’Assurance maladie rembourse officiellement la circoncision rituelle :
Mme Valérie Boyer attire l’attention de Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur le cadre juridique de la circoncision pratiquée dans les règles de l’art par un chirurgien. Lorsque son indication est posée pour des raisons médicales (diagnostic phimosis), la circoncision est prise en charge par l’assurance maladie et fait l’objet d’une codification CCAM sous le titre posthectomie code JHFA009. Lorsque son indication est rituelle (signe d’appartenance religieuse pour les juifs et musulmans), la circoncision n’est pas prise en charge par l’assurance maladie puisqu’elle n’est dictée par aucune considération médicale. Elle revient entre 500 et 1000 euros à la famille qui la sollicite pour son enfant. Compte tenu de cet état de fait, nombre de circoncisions rituelles sont effectuées sous couvert d’une indication médicale car les familles ont tendance à beaucoup insister auprès du médecin voire même à ne pas décalotter l’enfant pour qu’il développe un vrai phimosis impliquant la prise en charge par l’assurance maladie. Le moindre coût financier de l’acte et la garantie qu’il soit effectué dans les règles de l’art, donc sans risque de complication en comparaison avec les méthodes artisanales, constituent les principaux arguments qui conduisent à ces détournements et aux fraudes à l’assurance maladie. Car la pratique ancestrale de la circoncision implique un taux important de complications (hémorragies, surinfections, plaies et mutilations du gland) nécessairement prises en charge par la sécurité sociale et générant un surcoût pour l’assurance maladie. L’évolution démographique et sociologique de notre pays pose la question de la place de cet acte chirurgical en termes de santé publique, de coût pour l’assurance maladie et de laïcité. En effet, en 2006, lors du congrès annuel de l’association française des urologues, un médecin de la CNAM avait évalué à 9 millions d’euros par an la couverture de cet acte pour l’ensemble du pays. Entre la prise en charge complète par l’assurance maladie ou par les familles de cet acte, une troisième voie serait envisageable impliquant la création d’un contrat d’assurance circoncision proposé à la naissance des enfants mâles et destiné à prendre en charge les frais de réalisation de l’acte chirurgical. Il pourrait être, en outre, envisagé sous certaines conditions préservant le principe de laïcité, une participation limitée de l’assurance maladie. Elle la remercie de lui faire connaître son avis sur le sujet et sur la possibilité de mettre en place un groupe de réflexion intégrant les différents partenaires (assurance maladie, professionnels de santé, associations d’usagers) afin d’élaborer un protocole clair et applicable à tous qui préserve la neutralité et l’égalité républicaine.
Le texte est abondamment cité et circule ici et là.
On notera que Valérie Boyer n’a rien pour m’être sympathique : avant de devenir homme de l’État et de vivre grassement sur nos impôts, Valérie Boyer ne faisait pas un métier bien avouable non plus, puisqu’elle travailla pour le monopole étatique de la Sécurité sociale, puis pour une agence régionale d’hospitalisation. Comme on le voit toute personne tant soit peu libérale ne peut que la trouver louche, puisqu’elle a fait toute sa carrière professionnelle et politique (elle est secrétaire de l’UMP à la santé) dans une administration qui est la principale source de nos maux et l’une des causes de plus en plus de privations de liberté, le coût aberrant de l’assurance maladie vendue de manière obligatoire par le para-État monopolistique servant de prétexte à ces privations. Si l’on considère que l’État, au delà de son illégitimité radicale, ne devrait à tout le moins pas s’occuper de santé du tout, cette femme est donc une sorte de cauchemar.
Néanmoins il semble bien que les laïcs qui s’offusquent se tirent une balle dans le pied. Valérie Boyer s’explique d’ailleurs assez longuement sur son site.
Au total, elle a permis que soit posée à l’Assemblée nationale la question des circoncisions rituelles frauduleusement remboursées car déclarées médicales. En soi c’est un progrès notable sur la situation antérieure, même si on ne se fera pas trop d’illusions sur le devenir de sa question et les effets qu’elle pourrait avoir.
On peut même lui reconnaître quelque courage d’avoir abordé ce sujet miné.
Reste à savoir qui s’en est pris ainsi à Valérie Boyer, instrumentalisant la « réacosphère » et ses annexes pour diffuser une information mensongère qui la présente comme voulant faire rembourser les circoncisions rituelles.
Le fil n’est pas bien compliqué à tirer. C’est le même qui fait que certains mouvements se présentant comme des champions de la laïcité contre l’islam se révèlent d’une discrétion remarquable quand il est question de l’abattage rituel. Pour eux, la limite de leur laïcité revendiquée est claire : quand les prescriptions de rituel hallal rencontrent celles du Lévitique, ils semblent être très moyennement combattifs. De même à propos de la circoncision et des fraudes importantes auxquelles elle conduit ; ainsi la tentative de discréditer Valérie Boyer quand elle aborde ce sujet s’explique aisément.
La France serait, de source médicale, le champion mondial de phimosis par habitant.
De plus, c’est tout frais, le meilleur système de santé du monde ™ retire du remboursement les radios du thorax et de l’abdomen :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/02/03/04016-20110203ARTFIG00540-sante-certaines-radios-ne-sont-plus-remboursees.php
La caisse d’assurance maladie a réagi en refusant de parler de «déremboursement»
[Rire sardonique]
On pourrait envisager un remboursement à 100% de l’exerèse totale du pénis et des testicules. Il faut que je contacte Valérie pour lui soumettre l’idée.