N’est pas porphyrogénète qui veut, c’est un club assez fermé en fait, puis on n’en fait plus beaucoup aujourd’hui voire plus du tout. En fait le dernier homme à pouvoir se déclarer porphyrogénète est mort en mai en 1453 à Constantinople et qu’en 11 siècles il n’y a eu que 27 personnes à porter cet attribut, sacrée marque de noblesse. C’est une disposition du droit canon byzantin que je trouve assez intéressante. Elle permettait d’asseoir la légitimité d’un héritier au trône impérial. En effet, prenons le cas de deux frères, nés de la même mère et du même père, l’un peut être porphyrogénète et l’autre non. Bon, j’arrête de tourner autour du pot. On appelle donc porphyrogénète, celui qui est né d’un empereur et d’une impératrice byzantins. Mais attention, pour porter cet attribut il faut que le couple impérial soit en charge. Cela ne marche pas, si on nait hors période de règne. On ne devient pas porphyrogénète, on naît porphyrogénète. Cette disposition permet donc de régler quelques problèmes d’héritage du pouvoir, car ça a toujours été un peu le bordel question succession dans l’Empire romain, comprenez qu’on adoptait son successeur…heureusement que ce n’est plus le cas aujourd’hui car d’ici quelques années on pourrait se retrouver avec un petit Haïtien tout en haut. Mettons un byzantin marié, pas encore au pouvoir, qui a un fils. Il arrive au pouvoir, devient empereur et puis naît un second enfant. Le premier n’aura pas le titre de porphyrogénète, le second oui et alors ce sera le second qui normalement devrait accéder au pouvoir. C’est assez différent du droit d’aînesse. Le terme porphyrogénète vient du grec et signifie né dans le pourpre. L’origine du mot vient de ce que la chambre où accouchaient les femmes de la famille impériale était appelée Porphyra, car garnie de blocs de porphyre pourpre égyptien provenant du Djébel Abou Dokhan ou Mons Porphyrites (Wikipédia).
J’étais tombé sur ce mot qui m’avait intrigué lors d’une lecture sur l’histoire byzantine. Mot totalement inutile et désuet donc rigoureusement indispensable à tous nos lecteurs.
la beauté du vocabulaire du droit où celle de dire à sa chérie que son amour pour elle dure et durera toujours tel un bail emphytéotique, ou de pouvoir entendre des phrases telles que l’Exégèse a été le chant du cygne de la doctrine.
Ahhhh Constantin XI, un des plus grands héros de l’histoire européenne, mort l’épée à la main pour défendre sa cité. Cité qui d’ailleurs valait bien une messe puisque le Basileus autorisa la messe latine lors du siège de Constantinople afin de se concilier les faveurs des Vénitiens et Génois venus le soutenir.
Cheréa, « N’est pas porphyrogénète qui veut »… Ouais…
Pas le temps de rechercher des références Johanniques ou Pauliniennes, mais étant né enfant de Dieu et « sous son règne » (on peut toujours rêver) je me découvre un chouïa porphyrogénète… Pas vous ?
(en tout cas, merci, j’ai enrichi mon vocabulaire et le terme me plaît bien (indispensable, c’est vrai…)
Ah, voilà, si vous lisiez Bloy mon cher Plouc, vous le connaitriez le mot !il l’adore, en à la gourmandise à le faire rouler sous la langue jusqu’à épuisement du jus lexical. Et puis c’est un fou de Byzance (auquel il a consacré un livre); il invente même dans La femme pauvre un tableau « Andronic livré à la populace de Byzance » . Allez, je craque et me roule dans ma fange bloyenne, ça réjouira Nicolas :
« Ce tableau, qui l’a fait connaître, est ainsi ordonnancé. L’horrible Andronic premier, bourreau de l’Empire, inopinément jeté à bas de son trône, est abandonné à la racaille de Constantinople. Et quelle racaille ! Toutes les écumes de la Méditerranée : bandits venus de Carthage, de Syracuse, de Thessalonique, d’Alexandrie, d’Ascalon, de Césarée, d’Antioche ; matelots génois ou pisans ; aventuriers cypriotes, crétois, arméniens, ciliciens et turcomans ; sans parler de ce grouillement barbare, de cette vase dangereuse du Danube qui empuantit la Grèce depuis le Bulgaroctone.
On a jeté le prince infâme dans ce chaos, dans cette cohue effroyable, comme on jette un ver dans une fourmilière. On a dit au peuple : — Voici ton empereur, mange-le, mais sois équitable. Il faut que chaque chien ait son lambeau. Et ce peuple immonde, exécuteur d’une justice qu’il ignore, désarticule et grignote son empereur pendant trois jours.
Andronic, dit-on, souffrit en paix jusqu’à la fin, se bornant à soupirer, de temps en temps : — Seigneur, ayez pitié de moi, pourquoi froissez-vous encore un roseau déjà brisé1 ?…
La misère de ce creveur d’yeux, parricide et sacrilège, est si profonde et sa solitude si parfaite, qu’on croirait vraiment qu’il assume, à la façon d’un Rédempteur, l’abomination de la multitude qui le déchire. Ce monstre est si seul qu’il ressemble à un Dieu qui meurt. Sa face pleine de sang oriente les outrages de tout un monde et il traîne la douleur universelle comme un manteau.
Puisse la racaille, quand son œuvre sera finie, emporter dans ses yeux féroces l’éblouissement de ce soleil de tortures qui a étonné l’histoire ! Il fallait, sans doute, la sublimité piaculaire d’une telle horreur pour que l’écroulement du vieil empire fût retardé trois cents ans. » (La femme pauvre)
Ah oui, à petites doses, c’est toujours bien Bloy. C’est après le troisième volume que je commence à avoir des gaz.
Oui, merci Restif pour l’extrait. Pour l’extrait court, parce que chez moi, c’est à la troisième page que je commence à saturer.
C’est que vous êtes atrocement raisonnable Lödni! Je vous soupçonne fortement de n’avoir guère d’atomes crochus avec les grand flambés. Lautréamont, Artaud, Jarry pour ne pas parler de Brisset, ça n’est pas votre monde. Vous êtes un pur classique : harmonie, mimésis (représentation quoi), universalité, une langue discrète, plus descriptive que musicale. Pas certain que Céline même ne vous fatigue pas rapidement (surtout celui des Féeries ou de Nord). Qui sait? vous préférez même peut-être Tolstoï à Dostoïevski ! tout est possible avec ces êtres là, ces « carrés à la base » comme disait Napoléon (qui que vous avez bien votre petite fêlure,et heureusement car une normalite aiguë on en guérit pas).
Par curiosité, en littérature, quel est votre masterpiece?
Oui enfin à strictement parler, la seule condition pour être porphyrogénète, c’est que votre mère ait accouché au palais de la Porphyra. Une bassine, de l’eau bouillie, un guide de la Byzance antique, un bakchich à un gardien turc et ça doit pouvoir se faire pour vos enfants.
Si j’ai bonne mémoire l’eau est même sur place, sous la forme d’une fameuse source antique réputée favorable aux femmes enceintes, sur laquelle le palais avait été construit, et qui coule je crois toujours.
(Note pour Jean Raspail : ça ferait une belle scène de roman, un accouchement clandestin à la Porphyra.)
@ Nicolas : l’idée est remarquable.
Elle risque toutefois de soulever un problème de partage des droits d’auteur, et subséquemment de fiscalité. Il faudra vérifier que la crise des finances publiques irlandaises ne remet pas en cause le statut particulier des droits d’auteur sur l’île d’émeraude.
Je n’y comprends rien : est-ce qu’accoucher à la manière « porphyréenne » donne des avantages financiers? Je veux savoir!!^^
@ Cherea : je cite : « Mot totalement inutile et désuet donc rigoureusement indispensable à tous nos lecteurs »
Petit con.
Il faut écrire : Porphyrogénète : mot indispensable à comprendre pour se sortir du gros bordel dans lequel nous nous noyons tous festifs.
Relisons un tant soit peu le blogue de notre civilisation, foutre de nom de dieu.
Un indice : le fils (ou la fille) de l’empereur romain d’Occident n’était moins que rien contrairement à votre « de cujus » (prononcer : « dé couillous) de Porphyrogénète. (CF une tragédie de Racine, dont j’oublie le nom sur l’instant, mais que notre bon Restif se hâtera de nous remémorer.
illico)
Certes cette engeance (d’Occident) était bien placée sur la piste du cirque, mais pour devenir « César-Auguste » il fallait ramer (voire sucer, et baisser son froc moultes fois hein ! Et les centurions de la garde impériale étaient très bien montés, comme disait Juvénal)
Déjà, il fallait être le général en chef de toutes les armées romaines ; ensuite devenir « pontife » (faire le pont entre Remus et Romulus pour être bref, comme disait Pépin, mon ancêtre) c’est à dire « pape » (chez ces infidèles de païens hérétiques et antisémites en plus, voire racistes réacs graves) et « in fine » il était obligé de se faire « élire » chef du sénat (de Rome, pas du Luxembourg ou d’autre jardin, comme disait Pascal) — et ça, ce n’était pas toujours dans la poche.
Bref, l’Auguste, qu’il se nomme Auguste, Hadrien, Néron ou Vespasien, devait être « élu ». (comme les chefs gaulois, d’ailleurs, Vercingétorix, le dernier et Hugues Capet par ailleurs)
Donc votre Porphyrogénète, le Koprinz ou autre dauphin : A la poubelle !
Cela étant Cherea, merci de nous avoir instruits d’un tel mot désormais, de survie !
@ Generalbol : Vous avez oublié « rompez ».
On suspecte une reddition en rase campagne face aux troupes de Von Alzheimer.
Décidément, chez les généraux, la vieillesse fait de gros dégâts (noyade selon De Gaulle, pacifisme chez La Bollardière, prostitution belgradoise puis moscovite chez Gallois, etc.)
Le Général Gallois a gagné ses galons sur le front Radio Courtoisie, ou il a défait le Général Von-Saint-Robert à de nombreuses reprises. Il lui arrive encore d’affronter sabre au clair l’envahisseur atlanto sioniste dans les colonnes virtuelles des Manants du Roi, à 107 ans!
Alors un peu de respect pour les héros, SVP.
@ Lödni : Effectivement, en oubliant le meilleur ordre qui soit « rompez », je manque à tous mes devoirs. Par contre, vous auriez pu suppléer ce déserteur de Restif pour ce qui concerne la pièce de Racine. Mais non, Môssieur Lödni préfère donner dans le sarcasme imbécile. Je vous en foutrai moi ! Il s’agit évidemment de Britannicus. Cela étant, avant de vous envoyer mes sbires de la police militaire pour un séjour gratuit au club enfer Med (ils savent faire de beaux massages, vous verrez) je vous souhaite une merveilleuse année, à vous (D…) et à tous les vôtres.
@ XP : merci de votre soutien. Ces barbares d’Alsaciens se croient tout permis avec leur vin, leur cigogne, leur choucroute et leur beau pays. Je propose que la France annexe enfin ce territoire sauvage.
Rompez