10 génocides ratés en 2010

Mais il n’y a pas forcément lieu de désespérer pour 2011

Il y a longtemps j’avais expliqué que l’un des avenirs possibles du génocide, en dehors de l’Afrique où le bon vieux génocide à l’ancienne pourra encore se pratiquer pendant encore quelques décennies sans doute, était le génocide géographique. Pour plusieurs raisons.

Tout d’abord le génocide géographique n’est pas reconnu comme un génocide.

Tant que vous ne faits pas coïncider la zone d’extermination avec la carte d’un pays ou d’une entité homogène, vous êtes bon.

Ensuite l’efficacité. Or, la recherche d’efficacité est un élément essentiel du génocide. Sinon, mon dieu, autant commettre un crime contre l’humanité ou un crime de guerre. Non, le génocide, contrairement à un crime contre l’humanité donc, cela se prépare sérieusement. Voilà, d’ailleurs, à mon sens, pourquoi Srebrenica est plus un crime contre l’humanité qu’un génocide. Ce n’est parce que le petit tigre d’Arkan est vraiment trop chou sur la photo que les mecs étaient vraiment des pros. D’ailleurs, agiter comme ça un bébé tigre cela fait un peu hâbleur je trouve. Les soldats allemands, eux, jouaient souvent avec de petits chats sur les photos. Mais leur boulot est reconnu depuis plus de soixante ans -malgré leur échec- comme un modèle du genre.

Comme quoi…

Donc l’efficacité disais-je.

Et disons-le carrément, le génocide ethnique, racial ou religieux ne saurait être autre chose qu’un bordel sans nom. C’est à dire une source de discussions et d’interprétations sans fin. A partir de quand tel ou tel individu appartient à telle ou telle race ? Il faut remonter jusqu’où, à sa grand-mère ? Que fait-on des métis ? Bref, comment déterminer cette race de manière homogène et sûre ? Aux États-Unis le soin de se caser dans une race est laissé aux gens eux-mêmes. Mais vous imaginez bien que si vous avez décidé, par exemple, d’éliminer la race caucasienne, personne ne va s’en réclamer spontanément. De même pour les groupes ethniques. Quant à éliminer un groupe religieux, on y rencontre les mêmes difficultés à moins d’inventer une machine à sonder les âmes. Idem pour les groupes politiques. On me dira par contre qu’exterminer un groupe national pourrait être plus simple. Disons, par exemple toujours, les arméniens. Sauf que de nos jours une partie non négligeable des ressortissants d’un État n’y vivent plus, mais résident à l’étranger. Cela a un nom, la diaspora. Cela exigerait donc, en préalable, de conquérir le monde (ou trouver des accords bilatéraux) pour s’assurer de leur disparition. Je ne dis pas non. Je ne dis pas que c’est impossible. Mais on a quand même de sérieuses chances de rater son coup alors.

Ou bien il faut accepter d’entrée de ne pas finir le boulot proprement.

Mais avec cet état d’esprit, je vous le dis, pourquoi même commencer ?

Le génocide géographique, lui, est très simple. Il suffit de tracer un cercle ou n’importe quelle autre forme qui vous conviendra sur une carte. Ensuite, ceux qui se trouveront à l’intérieur de ce cercle, à la date précise où le périmètre sera bouclé, seront exterminés.

J’entends certains me rétorquer qu’exterminer pour exterminer n’est pas l’objectif d’un génocide. Que l’efficacité pour l’efficacité ne saurait être un but en soi. Qu’il se doit d’y avoir des motivations, même si elles apparaissent folles, à cette volonté de destruction.

Eh bien je prétends, j’affirme même, qu’on peut trouver des raisons folles au génocide géographique. Et que, finalement, ne pas prendre en compte les identités des gens qui seront éradiqués n’est pas plus absurde que de définir des identités plus ou moins fantoches, avec lesquelles on peut tricher et qui, en tout cas, se révéleront toujours incomplètes. Dans tous les cas, vous finissez par tuer des gens qui auraient pu vous soutenir ou a minima vous être utiles.

On me dira que, en bon occidental, je conçois le génocide classique comme étant celui des allemands sur les juifs. Et qu’on peut très bien imaginer des génocides non pas centrés sur de fantasmés ennemis de l’intérieur, mais par exemple sur la population d’un État qui vous fait la guerre. Bref. Ce que j’essaie de vous dire c’est que le génocide peut-être conçu comme étant un outil utile. Et non pas comme le moyen d’assouvir les délires racistes d’un chef d’État malade. Par exemple, si les Hutus avaient génocidé efficacement les Tutsis, ils auraient sans nul doute aujourd’hui le pouvoir au Rwanda et toutes les situations occupées par les Tutsis. Attention, je ne suis pas en train de dire que le génocide rwandais était une bonne idée. D’ailleurs, on s’aperçoit que ce génocide a été un échec complet. Mais il a été opéré pour une raison qui possède une réalité (même si elle a pu être exagérée) et qui se nomme le FPR. Et si on remonte un peu dans l’histoire, on trouvera à l’origine des cités grecques exterminées par d’autres cités grecques, avec les hommes en âge tués, les femmes et enfants réduits en esclavage. Et, là encore, il y avait de solides raisons à ces génocides avant l’heure.

Quoiqu’il en soit, je vais tenter ici de dresser une liste. Ce qui, en matière de génocide, je trouve, devient d’ailleurs rapidement une habitude. Une liste des dix génocides qui n’ont pas eu lieu en 2010 mais pour lesquels on peut se rattraper. Et ainsi qui pourraient avoir lieu en 2011 sans que la planète et surtout ses habitants ne se portent fondamentalement plus mal.

1 – Les nains

Ils sont vilains. Ils sont petits. Ils sont mesquins. Ils se faufilent partout. Partout. A vos genoux ils vous regardent de haut. Ils ont l’âme noire. Ils s’infiltrent partout. Partout. On les retrouve au plus haut sommet de l’État. C’est une toute petite cinquième colonne invisible qui ne soutient rien ni personne. Ils sont la destruction et le chaos.

Je les hais, je les hais, je les hais.

Envoyons-les dans l’espace, dans un petit vaisseau, conquérir, loin, très loin d’ici, une petite planète.

2 – Le 93

C’est le génocide géographique qui me semble parfaitement adapté à la situation actuelle de la France. Musique, architecture, enseignement, etc. Ce département a tout raté et ne rapporte rien d’autre que des ennuis. Ou comment résoudre un problème tout en prenant suffisamment large pour ne pas se voir accusé d’avoir ciblé un groupe particulier (car nul n’ignore depuis les années 90 qu’il existe des rappeurs dans le Sud de la France également).

3 – Les agents et retraités de la RATP

Ce qu’il y a de bien, là, c’est qu’il n’y a pas besoin d’expliquer pourquoi. Tout le monde sait déjà pourquoi. Même eux.

4 – Les séries télévisées française

Je ne sais pas si on peut considérer cela comme un génocide. D’autres utiliseront le mot d’euthanasie. J’hésite. Quoiqu’il en soit, cela ne change pas grand chose à ce qu’on doit faire en pratique.

5 – Les journalistes français

Alors que nous avons chaque jour la preuve que ces gens travaillent, collectivement, à notre génocide à nous, je pense qu’il serait pour le moins utile de les devancer.

6 – Les SDF

Oui, je sais, c’est dégueulasse. Oui, je sais, on peut leur servir de la soupe au cochon aussi. Mais, franchement, ces gens-là salissent les rues. Et ils nous empêchent de marcher exactement où on veut dans certains endroits. Ils pratiquent eux aussi, j’ose le dire, une occupation du territoire. Et eux sont blindés (avec du rosé) et, parfois même armés. Rompus à la violence. Alors le jour où ils se regrouperont, sûrs de leur force, il sera compliqué de bloquer cette minorité agissante qui n’a rien à perdre et qui connait nos rues comme personne. Nous devons agir les premiers. Ils en veulent à vos femmes. A vos enfants. Vous ne pouvez pas ne pas réagir. Oui, bien entendu, c’est cruel. Mais nous n’avons pas le choix.

7 – Les islamistes

Parce qu’au rythme où ils font sauter leur ceinture d’explosifs, ils n’ont pas fini. Peut-être pourrions-nous leur donner un petit coup de main.

8 – Les chinois

J’aimerais parler ici de génocide écologique. Il ne s’agit pas de tuer tous les chinois bien entendu. Sinon, comment pourrions-nous acheter nos cigarettes demain dans les bars-tabacs parisiens ? Mais, disons, de réduire leur nombre à un chiffre plus acceptable pour la planète. Il y a des gens très bien, des membres d’Europe Ecologie, qui ont déjà théorisé pour nous la réduction volontaire de population pour sauver notre planète. Il nous suffit juste de changer de cible et, devant l’urgence écologique, d’accélérer le processus.

9 – Les allemands

Je suis désolé, mais 14-18 et 39-45 me sont restés en travers de la gorge. Je ne pourrais jamais leur pardonner. Aucun véritable français ne le devrait. Nous ferons rouler nos blindés sur Berlin. Et flotter le drapeau de notre nation sur le Reichstag.

10 – L’humanité

Si vivre dans un Vault n’est pas le rêve de tout homme sur cette terre, qu’ils assument.

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

6 réflexions sur « 10 génocides ratés en 2010 »

  1. Cherea

    J’en ai beaucoup ri et tu as failli me faire rendre tout ce que j’ingurgite depuis 2 jours…le génocide géographique du 93 est une excellente idée, d’ailleurs très répandue…J’aurai ajouté la serveuse de bar ou de resto un vaguement à la mode, en général pas mal foutue mais maladroite, insupportable et qui tire la gueule…et te prends pour son ennemi intime…parfois elles sont un peu cochonnes et peu farouches, ce qui rattrape toute la race et la sauve du génocide…

  2. Le Plouc-émissaire

    Voilà un bon programme pour cette année 2011… Toutefois, je suis un peu déçu. Manque un onzième génocide, certes pas essentiel pour contribuer à la survie de l’humanité mais si, quand-même (car assez jouissive pour les vrais zélites que nous sommes et c’est important pour notre tonus…) ; dommage, c’est un peu tard ! On peut quand même espérer que BHL réunira les mêmes au Flore pour le 21° anniversaire de la RDJ… Faudra pas rater ça… En plus, on ne pourra pas dire qu’on focalise sur le 9-3…

  3. generalbol

    Le génocide des génocides est déjà programmé et bien vivant. C’est le nain des nains. C’est un virus en panzer division et c’est parti. Désolé…
    Prévenez les bébés.
    Sinon, merci Blueb pour les King’Singers qui entre autres conneries, savent aussi chanter Monteverdi et Bach & autres, comme personne. Ecoutez-les chanter « Roses of Picardy » et après, mourrez (comme en 14). Et surtout pour ne pas dire enfin, ILS SAVENT ARTICULER (merde quoi)

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