Les CDS sur la dette française au plus haut

CDS : un truc dont les États voulaient plus ou moins interdire la vente à découvert, et d’une manière générale dont ils auraient bien voulu limiter l’usage parce qu’il est la mesure de leurs turpitudes et de leur irresponsabilité organisée. Qu’est-ce que c’est ? ce sont des produits financiers qui permettent, dans le cas de ceux sur les dettes dites souveraines, de se prémunir contre un défaut de paiement du pays qui a émis cette dette. Plus on croit qu’il y a de risques que le pays émetteur de la dette ne la rembourse pas, pas entièrement ou soit contraint de la rééchelonner dans de mauvaises conditions pour les prêteurs, plus la valeur du CDS augmente, puisque plus de gens – en fait plus d’institutions financières – cherchent à se prémunir mieux contre ce risque.

Il existe aussi des CDS pour la dette des (grandes) entreprises. La comparaison entre les CDS regardant les États et ceux regardant ces entreprises donne une bonne idée de la confiance accordée à un État : aujourd’hui, les CDS sur la dette de l’État français sont passés au dessus de ceux sur la dette de France Télécom, de l’Air liquide ou de Carrefour. Les investisseurs, les marchés, les méchants spéculateurs, bref les gens qui ont prêté de l’argent à l’État français, estiment que ce qu’ils ont fait devient plus risqué que d’avoir prêté à Carrefour, Air liquide ou France Télécom, et sont donc prêts payer proportionnellement plus pour s’assurer contre un défaut de paiement de Marianne que pour s’assurer contre un défaut de paiement de l’Air liquide ou de Carrouf.

Ce n’est pas bon signe, sauf si, comme moi, la perspective de voir finir par assèchement les délires mentaux et financiers de Marianne vous réjouit un peu.

Si vous lisez la très bien pensante lettre de l’Agefi, sorte de référence, vous remarquerez une petite notation qui vise à rassurer son monde : l’écart entre les taux auxquels l’État français emprunte et ceux auxquels l’Allemagne, réputée le plus financièrement sérieux et orthodoxe des États européens, emprunte, cet écart reste faible.

Est-ce rassurant ? pas tant que cela. C’est là que l’euro et l’union européennes se révèlent des saletés sans nom : de fait, ils obligent pour des raisons politiques à une solidarité financière entre les pays européens. Et quand j’entends le mot solidarité, je rentre mon argent à l’abri, car c’est le signe certain que les hommes de l’État et autres collectivistes fous méditent de voler quelqu’un à leur profit sous un prétexte faussement moral.

Faisons un détour avant de poursuivre : imaginez que vous ayez un gros tas d’argent à placer. Vous voulez acheter des emprunts d’État (par exemple parce que vous voulez réemprunter en apportant cela comme garantie, les banquiers aiment les emprunts d’État émis par leurs copains politiques, cela pour des raisons inavouables et contestables mais c’est un autre sujet). Placez-vous votre gros tas d’argent sur des emprunts d’État allemands qui vont vous rapporter 2% ou sur des emprunts d’État irlandais de fait garantis par l’Allemagne via les fonds européens et la volonté purement idéologique de maintenir l’euro, mais qui eux vous rapporteront 6 ou 8% ?

Naturellement vous prêterez au gouvernement irlandais, pour avoir plus de revenus avec le même risque, quoi qu’on en dise.

On le voit, l’existence même de l’euro et de l’UE est une distorsion extrêmement grave qui fausse tout et empêche le marché de fonctionner comme il le devrait.

Tant que l’on peut croire que « l’Allemagne paiera » (vieux slogan, hein ?) il n’y a pas de raison que cela change.

L’Allemagne paiera-t-elle indéfiniment ? sans doute pas, les question sur sa solvabilité pour ce genre de sauvetages extraordinairement coûteux et purement euro-idéologiques — leur efficacité économique est nulle, peut-être même sont ils néfastes — se posent de plus en plus. Angela Merkel, qui navigue à vue en ce moment, à vue et à la godille (un coup à droite un coup à gauche), laisse de temps à autres entendre que ça pourrait finir. C’est ce que signifiait sa récente sortie sur le fait que les investisseurs devraient à l’avenir supporter une partie des risques qu’ils prennent sans s’en défausser sur les États via les sauvetages de banques en difficulté. Ce ne sont encore que des propos destinés à calmer l’opinion rétive qui aimerait le retour du bon vieux Mark et en a mare de payer pour les autres, mais de fait l’Allemagne ne pourra pas payer éternellement pour tout le monde.

Il y aurait bien un moyen : faire comme M. Bernanke, le banquier central de M. Obama, et ouvertement déverser à pleins camions du papier monnaie à la valeur de plus en plus problématique, pour que l’Allemagne continue à payer en monnaie de singe. La BCE le fait d’ailleurs, mais de manière hypocrite et détournée car l’opinion publique allemande a horreur de ces expédients qui ne peuvent in fine que conduire à l’inflation (et qui y conduisent : aux Etats-Unis, le taux d’inflation s’il était encore calculé de la manière dont il l’était dans les années 80, serait d’ores et déjà à près de 9% et pas à 1% car des indices on a enlevé énergie, nourriture et logement, autant dire qu’ils mesurent l’inflation pour des purs esprits désincarnés ; la situation de ces mesures de l’inflation purement et simplement fausses est la même en Europe, et singulièrement en fRance où le monopole de l’INSEE rend tout ela encore plus opaque et où même les gens qui font les indices avouent ne bien souvent plus savoir ce que ces indices mesurent.).

Ce moyen étant très risqué politiquement en Allemagne même et guère prisé des quelques banquiers centraux qui ont encore un peu de bon sens, il n’est encore employé que de manière détournée ; mais il a suffi à faire illusion pour la Grèce le Portugal ou l’Irlande : la BCE ne demandait pas autre chose.

Pourquoi ce détour ? parce qu’à votre avis, si les taux auquels emprunte la France ne s’écartent pas des taux auxquels empruntent l’Allemagne dans des proportions cohérentes avec ce que l’on constate quant aux CDS, cela signifie quoi ?

Simplement que les marchés, dans leur grande sagesse (le marché a toujours raison en ce qu’il traduit les intérêts des intervenants, pas des conneries idéologiques fumeuses en vue de la construction d’une Union des Républiques Social-démocrates Européennes ou autre utopie débile et administrative lointain produit des crânes d’œufs d’X-crise), dans leur grande sagesse disais-je les marchés considèrent que l’Allemagne peut sans doute, d’une manière ou d’une autre, économiquement comme politiquement, payer pour l’Irlande, la Grèce ou le Portugal. Peut-être même pour l’Espagne si on entend par là une aide transitoire.

En revanche, la France serait elle irrenflouable, par sa taille, avec sa débauche de dépenses, le populisme coûteux qu’on sent monter dans son électorat, sa classe politique clientéliste, ses systèmes sociaux monopolistiques hors de tout contrôle et chaque année plus dépensiers, ses problèmes migratoires au coût exorbitant et insolubles par sa classe politique engluée dans l’antiracisme officiel qui sert de dernière idéologie républicaine. C’est alors la France qui contaminerait l’Allemagne, qui tirerait les taux auxquels empruntent les deux pays vers le haut. L’imbrication des deux économies, les dettes et intérêts croisés de part et d’autre du Rhin, tout cela ferait qu’il serait vain de chercher une solution politique, du moins paisible et qui ne remette pas en cause l’euro ou la construction européenne elle-même.

Et cela ni les États, ni Bruxelles, ni la BCE ne l’ignorent. Si elle devait emprunter autour de 6% la France serait étranglée et l’Allemagne coulerait à pic avec ce boulet attaché aux pieds. L’Allemagne couperait-elle les cordes bruxelloise et francfortienne qui la relient au boulet français ? personne ne le sait : ce serait logique, sans doute même souhaitable pour tous, mais la culpabilisation de l’Allemagne pour la Seconde Guerre mondiale a aussi sa dimension de contrainte économique exercée sur l’État allemand.

Le rapport Allemagne-Irlande (on prête à l’Irlande pour avoir des taux d’intérêt élevés de fait garantis par l’Allemagne) s’inverserait (on exigerait plus d’intérêts pour prêter à l’Allemagne, en considérant que la France la plombe de telle manière qu’il ne serait plus possible pour l’Allemagne d’emprunter à des taux bas).

Il est donc probable que ce qui se passe ces jours-ci se résume à ce que l’UE et la BCE, ayant vu le danger, sont en train de faire des efforts immenses pour que la France garde la tête hors de l’eau. Si les taux auquels l’État français emprunte restent relativement bas et proches de ceux de l’Allemagne au regard de la situation des finances du pays (État + para-États sociaux) c’est parce que la BCE rachète en sous-main une partie notable de la dette française. Et la rachète avec de l’argent qu’elle crée à partir de rien, bien entendu, version moderne de la planche à billets. Ce qui nous ramène au caractère intenable de cette politique qui n’a plus de monétaire que le nom, il vaudrait mieux parler de photocopie de billets de banque.

Ajoutons incidemment pour être plus clair : caractère intenable précisément parce que le thermomètre de l’inflation étant cassé ou faussé, les promesses des banquiers centraux qu’ils arriveront à prendre les bonnes mesure pour, juste au bon moment, empêcher l’inflation, n’ont pas de sens.

Le signe qu’approche la fin de toute cette montagne de dettes absurdes entassées les unes sur les autres sera donné par des tensions sur la dette allemande elle-même, qui est comme la base de tout ce château de cartes. Souvenez-vous du refrain : « l’Allemagne paiera ». Et du dernier couplet : « parce qu’elle pourrait toujours emprunter à pas cher pour payer ». Couplet et refrain résument assez bien le fonctionnement de l’euro et même de l’UE depuis une dizaine d’années.

Récemment, pour la première fois depuis très longtemps, l’Allemagne n’a pas réussi à placer sur les marchés toute la dette qu’elle voulait, le Trésor allemand a dû repartir avec un (petit) paquet d’emprunts sous le bras après l’adjudication, car il aurait fallu qu’il consente des taux d’intérêt légèrement plus hauts pour placer son papier, ce qui aurait donné un signal désastreux. Il a donc préféré renoncer, en espérant que la prochaine adjudication se passe un peu mieux…

Vous verrez qu’on l’aura la peau de la monnaie d’occupation bruxelloise !

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À propos Nicolas

« Fabrice les entendait qui disaient que le diable était sur la toit, et qu'il faillait essayer de le tuer d'un coup de fusil. Quelques voix prétendaient que ce souhait était d'une grande impiété, d'autres disaient que si l'on tirait un coup de fusil sans tuer quelque chose, le gouverneur les mettrait tous en prison pour avoir alarmé la garnison inutilement. Toute cette belle discussion faisait que Fabrice se hâtait le plus possible en marchant sur le toit et qu'il faisait beaucoup plus de bruit. Le fait est qu'au moment où, pendu à sa corde, il passa devant les fenêtres, par bonheur à quatre ou cinq pieds de distance à cause de l'avance du toit, elles étaient hérissées de baïonnettes. Quelques-uns ont prétendu que Fabrice, toujours fou,  eut l'idée de jouer le rôle du diable, et qu'il jeta à ces soldats une poignée de sequins. Ce qui est sûr, c'est qu'il avait semé des sequins sur le plancher de sa chambre, et qu'il en sema aussi sur la plate-forme dans son trajet de la tour Farnèse au parapet, afin de se donner la chance de distraire les soldats qui auraient pu se mettre à le poursuivre. »

10 réflexions sur « Les CDS sur la dette française au plus haut »

  1. Cherea

    C’est une bonne synthèse. Je voudrais ajouter un parallèle. La dette des Etats, c’est les nouveaux assignats, cela posé on comprend tout de suite l’existence des CDS. On gageait les assignats sur les biens de l’Etat, qu’on avait largement surestimé. On gage désormais la dette des Etats sur la capacité des Etats à lever l’impôt sur la richesse créée par acteurs économiques et sur la croissance de cette richesse d’une année sur l’autre. On comprend tout de suite l’utilité des CDS pour un investisseur.

  2. nicolasbruno

    Pour les Francais (sondage de ce matin), la dette de la France est leur 5e préoccupation derrière le chomage, le pouvoir d’achat, etc… Il n’y a rien d’autre qu’une bonne claque dans la gueule pour qu’ils se reveillent. Et la bonne claque, elle approche à grands pas. C’est dans les grands moments qu’on voit les grands hommes; ca risque d’être intéressant.

  3. Rodion

    Article très intéressant Nicolas. Mais je pense que là encore sur ce sujet il y a une déformation de la réalité et une inversion des conceptions.
    Tout d’abord il est utile de préciser que si l’euro dans sa gestion actuelle a beaucoup de défauts, il y a fort à parier que la crise aurait été beaucoup plus violente dans tous les pays concernés actuellement (y compris la France), et cela bien entendu grâce à la bonne santé allemande. Si l’euro pose problème, c’est parce que tous les états de la zone et tout particulièrement la France jouent perso, pour que la monnaie fonctionne bien, il faudra un ministère de l’économie commun à tous. Ainsi on fait croire que les élites poussent à la construction européenne alors qu’elles y sont tout aussi réticentes (pour d’autres raisons que le peuple il est vrai) que les électeurs moyens.
    Et les raisons de cette non-volonté de construction européenne sont simples, on en revient toujours au même point. Premièrement une véritable fusion économique entrainerait inévitablement la fin de la social-démocratie, puisque l’échange provoque toujours in fine de la rigueur, faire croire que la mondialisation et l’ouverture des frontières est compatible avec le renforcement des modèles sociaux est un pur délire de Trotskystes devenus « libéraux » à la sauce Attali.
    Et surtout, la souveraineté des états est la seule chose qui justifie l’immigration de masse du Tiers-Monde. Pourquoi diable tous ces gens sont accueillis au nom des « valeurs éternelles de la République française »? Tout simplement parce que si on parlait de valeurs de la civilisation européenne, les questions viendraient inévitablement. « Mais alors ces valeurs de droit de l’homme, de démocratie et cie, ne sont-ils que le fruit des peuples blancs et chrétiens? Ne prenons donc pas les gens pour des cons en faisant croire que c’est compatible avec Moussa et Mamadou? ».
    Et on en revient toujours au même point, on essaye de sauvegarder le plus longtemps possible les modèles sociaux pour que les délires islamo-bolchéviks tiennent le plus longtemps possible, et on fait croire que que c’est la faute à trop d’Europe alors que c’est la faute à pas assez, parce que l’admettre remettrait furieusement en question la présence d’un grand nombre de nos compatriotes. Et toujours cette fichu paix sociale à garantir…

    Sinon pour ce qui est de la crise en elle-même, la France a quand même beaucoup de cartes à jouer avant se déclarer en faillite (comprendre « un grand nombre de privilèges sociaux à remettre en cause »). Mais bien évidemment, elle jouera la montre jusqu’au bout parce que une politique de rigueur à la grecque et cie signifiera purement et simplement la fin de la V° République. Entre ça et la situation au Proche-Orient, je signe et persiste en disant que le cauchemar prendra fin avant 2015.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      Je ne crois pas. Sans l’euro, la France aurait fait ce qu’elle a toujours fait dans ces cas-là : dévaluer. L’euro est absurde précisément parce qu’il interdit de fait la dévaluation, qui n’est in fine, même quand elle est mal faite par l’État, que le réajustement de la valeur de la monnaie à la richesse que nous sommes capables de produire. En ce sens, l’euro est une machine à faire perdurer des situations économiques qui n’ont pas de sens, c’est un rouble. Le pari étant pour les technocrates européens, que l’on va bientôt sortir de « la crise ». Ils croient que le monde d’avant va continuer. Pour employer leurs mots, ils conçoivent toujours cette « crise » comme une crise technique, de liquidités, l’équivalent moderne du « manque d’or » du 19e. Alors que c’est une crise de solvabilité : nos pays n’ont simplement plus les moyens de vivre d’emprunts, parce qu’à force de consacrer l’argent emprunté à des conneries soziales qui ne rapportaient rien (sinon de la bonne conscience, dont le prix politicien n’est jamais surévalué, il est vrai) nous nous sommes appauvris depuis un siècle et relativement aux autres dans des proportions rarement vues. Tout bêtement. Les futurs pauvres c’est nous. Les futurs riches, c’est l’Inde, la Chine, l’Argentine ou l’Indonésie. Mais les politiques ne peuvent pas dire ça, aussi ils reproduisent servilement les stupidités keynésiennes qui leur sont soufflées et qui ont pour eux deux vertus : elles font croire qu’ils peuvent faire quelque chose, et elles permettent de continuer à racler les fonds de tiroir fiscaux.

      Sur la souveraineté souverainiste je m’en fous. C’est un concept que je n’aime pas, venu des souverainistes canadiens qui eux-mêmes ont toujours échoué dans leurs ambitions, d’ailleurs contestables. Ce que je vois c’est que ce qui empêche de réserver les allocs aux blancs, de cesser de soigner les immigrés clandestins pour autre chose que les urgences vitales ou d’établir la préférence d’emploi pour des gens qui ne débarquent pas du trou du cul de l’Afrique ce sont avant tout les textes européens, la justice européenne et autres institutions du même ordre. Il faut commencer par un bout. Commencer par éliminer ce qui nous empêcherait de couper les pompes aspirantes me semble logique plutôt que de chercher à créer des conditions qui, de toutes les façons, ne serviraient à rien tant que dure cette tutelle européenne. (Dont on pouvait croire un temps qu’elle apporterait, en échange de son existence des avantages comme la libéralisation de certains marchés. La SNCF est toujours là, les monopoles sociaux aussi, je crois que l’inanité d’une Europe libérale est de ce fait démontrée. La facilité avec laquelle les fonctionnaires français se sont coulés dans les institutions et fonctionnements européens souligne encore que cet espoir, un temps compréhensible, a été trompé.) Il et temps que le roi de France redevienne empereur chez lui, il sera temps de savoir ensuite si le roi doit être libéral ou non. Mais si la possibilité du choix n’existe pas, ce sera non, par définition. Le libéralisme administré par une armée de fonctionnaires surpayés et irresponsables depuis une capitale administrative centralisée, j’y crois moyen. Surtout quand les représentants de cette administration auprès de l’OMC sont socialistes.

      Un grand nombre de privilèges sociaux à remettre en cause ? vous croyez vraiment que les politiques français accepteront de remettre en cause leur système de clientélisme électoral ? Le coeur du système, ce qui leur permet de piper les dés depuis des décennies pour que toujours la même Nomenklatura politico-administrative (il faudrait ajouter maintenant médiatique) détienne le pouvoir réel ?

      1. Rodion

        Pas du tout d’accord sur tout ce que vous venez de dire, mais alors pas du tout.
        On parle de dévaluer, mais quelles sont les conséquences de la dévaluation? L’appauvrissement. Une monnaie dévaluée produirait l’appauvrissement des masses et donc une baisse de la consommation, des recettes de l’état et donc une incapacité encore plus grande à rembourser la dette et à faire fonctionner la social-démocratie. L’euro et l’Allemagne ont aidé à ce que la situation soit beaucoup moins catastrophique, mais ça ne tiendra que si une véritable construction économique européenne est faite.
        Après que vous nous décriviez comme les futurs pauvres, vous m’excuserez de trouver ça très farfelu. Le système de la mondialisation libérale est une conception entièrement occidentale. Pour l’instant l’Inde et la Chine en profite parce qu’ils n’ont pas le soucis de la dignité humaine comme nous, mais je ne vois absolument pas en quoi leur modèle économique et leur façon de penser accouchera sur quoi que ce soit. Pour qu’ils continuent à s’enrichir, ils ont besoin d’un Occident fort et ils le savent très bien. Comme d’habitude, juste une étape à franchir. Comme dit XP, on tâtonne et on se trompe avant de trouver la lumière.
        Ensuite pour ce qui est de la sur-puissance de l’Europe, l’idée ne va pas très loin. Qui a signé les traités? Les états. Qui est à la tête de la commission et de la Banque? Des représentants des états. Redonner du pouvoir au Roi, mais qui et le Roi? Non, encore une fois le problème est justement que la France se regarde trop le nombril et se masturbe sur les délires républicains, si elle se voyait comme le pan de l’Occident qu’elle est, les problèmes se résoudraient bien vite.

        Enfin pour conclure je trouve que vous balayez bien vite, ou en tout cas que vous n’exploitez pas assez la Révélation géniale (ou l’intuition?) que contient votre texte. A savoir qu’on nous raconte que tout fonctionne sur le modèle monétariste, donc de limitation de l’inflation alors que les chiffres sont entièrement faussés et qu’il s’agit en fait de la planche à billet qui tourne non-stop! C’est fabuleux, ça confirme tout ce que je pensais, à savoir qu’on fait porter sur le dos du néo-libéralisme des conséquences alors que tout est délire gaucho-keynésien! Ça veut dire qu’on nous prends pour des cons depuis 30 ans, et que c’est le modèle social-démocrate qui est en cause et non le libéralisme. Qui dit cause dit conséquence, il s’agit bien d’un problème d’inflation, et la solution naturelle est donc bien celle du bon vieux Milton Friedman.
        La crise actuelle se règlera en appliquant la méthode des Chicago’s Boys, mais la situation est tellement délirante qu’on nous fait croire que c’est cela même qui est à l’origine de tout, d’où la panique générale puisque tout le monde s’est trompé sur les symptômes, normal que personne ne croie en la solution médicamenteuse!
        Donc oui, je confirme, l’état français sera obligé et forcé si il veut survivre de remettre en cause le modèle social, donc plus de sous pour tenir en laisse les gauchistes et les CPF. On approche de la fin, il ne manque plus que l’étincelle.

  4. Nicolas Auteur de l’article

    Oui oui. Il y a même quelques économistes qui ont leurs entrées à Bercy qui ont inventé qu’un dogme qu’ils appellent la capacité d’endettement indéfinie de l’État : l’idée est que puisque l’Etat peut garantir n’importe quel emprunt sur le droit qu’il a de voler si besoin tout leur patrimoine à ses esclaves administrés, il peut s’endetter sans limite.

    On va voir s’ils ont raison. Ça va être rigolo.

  5. nicolasbruno

    Entierement d’accord avec vous Nicolas. Position qui me semble proche de celle exposée par l’économiste JJ.Rosa.
    Contrairement à ce qu’on veut bien en dire, l’UE et son union monétaire sont plus des freins au libéralisme qu’autre chose. Elle a empéché jusqu’à présent les prises de consciences nationales de l’aggravation des pertes de compétitivité, elle a permis de multiplier les dépenses sans en voir les immédiates contreparties négatives, elle a multiplié les règlementations qui handicapent la compétitivité économique de nos pays, elle a enlevé aux Etats tout sentiment de responsabilité et a supprimé plusieurs leviers économiques essentiels comme la monnaie les taux d’intérêts, voire les taxes douanières.
    A mon sens, seule la crise majeure qui ne saurait plus tarder, la sortie de l’Euro, une dévaluation massive (tout ceci mettant bien évidemment notre économie dans le rouge), engendreront les nécessaires coupures budgétaires sur allocations, subventions aux associations, suppressions de postes de fonctionnaires, etc… puis, esperons le, la nécessaire prise de conscience de la nécessite d’une politique franchement libérale.
    Tant qu’on n’en sera pas passé par là, les français resteront des gauchos avides d’allocs, de manifs, de 35h etc…
    Le sentiment européen contrairement à ce qui nous a toujours été seriné par les européistes n’a pas besoin d’une UE pour exister. C’est même l’exact opposé. C’est l’UE qui est en train de générer des tensions importantes entre les pays européens; la haine de l’allemand va prospérer alors que ce sont les allemands qui tiennent la barraque.

  6. Baraglioul

    Le CGB a récemment publié un film éducatif parfaitement neuneu de la BCE sur l’inflation ; un régal. La BCE s’y dit farouchement opposée à l’inflation (très bien) mais présente cette dernière comme une chose totalement extérieure à elle et qui ne pourrait en aucun cas être due à son propre fait, alors que toute inflation digne de ce nom naît d’une politique expansionniste de la banque centrale.

    C’est en somme exactement le scénario de Fight club : le narrateur croit lutter contre le projet de Tyler Durden de faire sauter le système bancaire, alors que le seul responsable du Projet Chaos, c’est le narrateur lui-même.

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