La question de l’euthanasie revient avec fréquence, comme une comète dont on sait qu’elle passe. C’est un marronnier qui marche pas mal quand le journaleux n’a rien à se foutre sous la dent, c’est un sujet traité tous les ans avec les mêmes articles, les mêmes témoignages et les mêmes exemples. C’est de la même race que les francs-maçons, les prix de l’immobilier, les hôpitaux …
Il y a deux-trois ans on a pu mater en 16/9 ème sur écran extra-plat le visage tuméfié et déformé de Chantal Sébire. Je trouve d’ailleurs à ce propos assez honteux que certains, faisant la promotion pour une loi sur l’euthanasie, l’ont exhibé comme d’autres faisaient payer le quidam pour aller voir Elephant Man.
Mon propos n’est pas d’écrire que je suis contre l’euthanasie mais contre une loi favorisant l’euthanasie. J’estime que chacun a la propriété exclusive de son corps et qui si une femme veut avorter et bien qu’elle avorte et que si un homme veut se donner la mort libre à lui. Je refuse que l’Etat intervienne dans une question si personnelle.
La mort est une chose trop intime pour que l’Etat s’en mêle.
La question de l’euthanasie est traitée depuis quelques années avec des personnes qui demandent le droit de mourir, ce qui est déjà une aberration en soi. Il n’y a pas de droit de mourir puisque c’est là la seule certitude humaine. Exiger le droit de mourir est absolument ridicule d’un point de vue sémantique, mais toujours et encore cette envie de pénal.
L’argument utilisé en faveur d’une loi pour l’euthanasie est le suivant : abréger la vie humaine lorsque la souffrance devient trop insupportable. Je comprends cet argument cependant il n’y a nul besoin de loi. Cela fait des millénaires que des gens souffrent, et bien plus avant qu’aujourd’hui rien que du fait des progrès de la pharmacopée ; ceux qui arrivent en fin de vie et dont les douleurs sont insupportables ne se privent pas de se donner la mort en buvant des poisons, en ingérant des médicaments. Pourquoi faudrait-il une loi là où le bon sens des homme agît depuis des millénaires selon leur ressenti ? Pour un Vincent Humbert, pour une Chantal Sébire, combien de personnes en phase terminale ont pris la décision de mourir en parlant avec leur médecin et leur famille ? Probablement des milliers. À mon avis, il n’y a pas besoin de faire de loi pour encadrer une pratique qui existe depuis la nuit des temps. La personne malade et en fin de vie demande à son médecin un produit pour l’aider à mourir, ce dernier donne son avis, la famille est prévenue et tout se passe dans ce cercle restreint. Pourquoi, dès lors, ajouter encore un tiers à ce rituel parfaitement rôdé ?
Je m’imagine dans une situation en fin de vie, je ferais part à mes proches de mes intentions et à mon médecin. Point barre. Pas besoin d’une quelconque commission qui donne un avis consultatif. Ma santé ne regarde que moi, mon médecin et mes proches. Je ne souhaiterai pas qu’une commission dont je ne connais pas les membres puisse rendre un avis ou une décision sur une chose de cette importance.
On pourrait rétorquer qu’une loi permettrait d’absoudre les médecins qui aident les patients à mourir. Foutaise absolue. Il n’y a jamais d’enquête quand un malade au seuil de sa vie meurt… sauf dans le cas de Vincent Humbert et de Chantal Sébire. J’en déduis donc qu’ils auraient très bien pu mourir sans demander l’instauration d’une loi et qu’il n’y aurait eu aucune suite.
Je me doute bien qu’à l’heure de la transparence érigée comme principe moral, on veuille tout réguler et tout cadrer, lever le voile sur certaines pratiques voire toutes. Quelle hypocrisie absolue que de dire qu’il est bon de lever le voile sur tout… et que la difficile période de fin de vie doit rester dans le cercle restreint que forme le malade, ses proches et le médecin.
J’estime qu’il est absolument ridicule de vouloir instaurer une loi pour l’euthanasie puisque cette pratique se déroule depuis des millénaires sans cadre légal et selon un rituel bien rôdé. La dignité du malade passe par la protection de son intimité et pour cela il n’a pas besoin d’en référer à une quelconque commission ad-hoc. Je le répète : la mort est une chose trop intime pour que l’État s’en mêle. Il n’est pas nécessaire de légiférer pour chaque situation. Cela aurait tendance à brider les initiatives et je devine dans cette demande de loi l’angoisse de certains à devoir agir hors des cadres moraux et législatifs que sont les religions et le code civil.