Non à la riposte

Je ne connais pas Guy Sitbon.

Le « Je ne connais pas untel » est un rituel que j’ai et qui signifie que je compte m’amuser à tirer sur ce quelqu’un à la kalachnikov. Virtuelle. La Kalachnikov.

Cela va sans dire, mais quand on voit comment le MRAP nous lit, je préfère désormais préciser.

Et si je précise que je ne connais pas celui que je veux descendre (virtuellement…), ce n’est pas parce que je cherche à me déculpabiliser un peu. Mais parce que je veux faire comprendre au lecteur égaré sur ILYS que je n’ai pas d’animosité personnelle motivant ce mitraillage. Je ne suis pas non plus payé pour cela.

Non, si je vais tenter de le descendre (façon de parler), c’est parce qu’il le mérite.

Son article n’est impertinent que parce qu’il est publié sur Causeur. Mais Causeur accepte Jérôme Leroy en son sein et quelques autres amis de Julien C. Je ne sais pas comment le lectorat de Causeur a évolué. Peut-être qu’il s’est recentré. Ce ne serait pas impossible. Il est donc possible que ce papier soit tout à fait dans la nouvelle ligne de Causeur, qui s’affiche premièrement depuis plusieurs mois comme un « Magazine où l’on parle » avant que d’être un « salon où l’on cause ». Discrète évolution. Mais qu’ils ont tout de même eu l’honnêteté de matérialiser dans leur A propos.

Passer d’un salon à un magazine, c’est un peu comme quitter le baron d’d’Holbach pour rejoindre Chloé Leprince.

Et qui a envie de parler avec Chloé Leprince ? Non, à la limite, certains pervers peuvent imaginer faire d’autres choses avec elle, mais parler, quelle inutilité ici…

La France de Guy Sitbon est celle du saucisson-Coran dit-il. Sans doute faut-il comprendre que le Coran a remplacé le pinard. Qui n’est pas halal. Comme le saucisson. J’ose donc croire que la France de Guy Sitbon pourrait également être Coran-pinard. Mais, manifestement, entre le pinard ou le saucisson, il faut choisir dans la France de demain.

Cela revient un peu à ça, en pratique, je crois, le multiculturalisme.

Faire de la place aux autres cultures.

Et pour cela sacrifier des pans de la sienne.

Guy Sitbon se débarrasse du pinard. J’aurais plutôt choisi le saucisson. Mais je dois admettre avec lui que le choix est rude.

Puis vient le grand moment,

Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse. Que je réexpédie ces 6 millions chez eux ? C’est au-dessus de mes forces. Des vôtres. Même si Allah s’y mettait, il calerait. Ils sont ici, ils resteront. Faut bien vous l’enfoncer dans la tête : ils resteront. Très probablement en plus grand nombre. Vous n’avez pas le choix. C’est à prendre ou à laisser. Comme vous n’avez aucune envie de laisser, faut que vous preniez. Pas comme vous les voudriez, comme ils sont.

C’est au-dessus de nos forces. Oui. C’est exact. On y a gentiment pourvu depuis quarante d’ailleurs. Imaginez quelqu’un qu’on plonge et qu’on maintient scrupuleusement dans le coma pendant quarante ans. Quand il se réveille, il ne va pas se mettre à soulever des haltères de cent kilos le lendemain. Sauf dans Kill Bill. Mais c’est les américains ça.

Pour le reste, entre des constats dont le sérieux serait peut-être à revoir, Guy Sitbon a su trouver les mots pour traduire plus franchement ce que les têtes pensantes des dernières décennies avouent seulement depuis un ou deux ans.

Mais tentons d’être encore plus direct que Guy Sitbon et proposons une traduction plus courte et plus crue encore.

On vous a bien baisé.

Et que voulez-vous que j’y fasse puisque maintenant c’est trop tard, nous dit cet homme doté d’un formidable esprit de conséquence.

Le seul truc que ces gens n’ont pas tout à fait bien compris, c’est que tous les français ne sont pas encore assez lobotomisés pour applaudir parce que c’est devenu irréversible. Et qu’il n’est pas tout à fait impossible qu’ils tentent de faire payer ceux qui en sont les responsables. Peut-être que les français n’ont plus le choix, mais ils peuvent donc encore sanctionner ceux qui ont effectué ce choix pour eux sans jamais le leur dire, le leur expliquer ou même, rêvons un peu, le justifier.

Eh bien ce n’est pas de la peur ça.

C’est de la vengeance.

Le moindre militant à Riposte Laïque, ou au Bloc Identitaire, sait (ou devrait savoir) que la situation est en effet perdue. Que les batailles qu’ils remportent parfois ne sont qu’illusions et ne nous empêcherons pas de perdre la guerre. Et que même si le FN se retrouvait demain au pouvoir, les thompson ne fleuriraient pas dans les rues.

Non, ce qui les anime profondément, même s’ils ne veulent pas toujours se l’avouer, c’est l’envie de faire payer et, peut-être plus encore, la beauté de ce geste désespéré et voué à l’échec. Certes, certains d’entre eux doivent croire aussi en leur chance de réussite, sinon ils ne s’engageraient pas ainsi, mais pour la plupart cela tient, à mon avis, du romantisme.

Quel serbe ne frémit pas à l’évocation du champs des Merles, quel français ne lit pas avec bonheur les aventures de ce petit village armoricain résistant à l’envahisseur, quel allemande n’est pas envahi d’une trouble fascination pour La Chute, le russe pour Denikine, etc.

Alors, parce que la riposte ne saurait l’emporter, il faudrait ne pas combattre ?

Je comprends qu’il y en ait qui pensent autrement et qui, eux, veulent prendre les armes. Je comprends que les autres, ceux qui ne sauraient prendre les armes mais qui ont leur carte d’électeur, ne puissent décemment pas voter pour ceux qui reconnaissent aujourd’hui avoir placé le pays dans une situation de non-retour sur un sujet où ils ont sciemment organisé une opacité statistique, une culpabilisation et un blackout médiatique complet pendant plus de trente ans.

Silence médiatique auquel a participé, en tant que journaliste, Guy Sitbon.

Le même Guy Sitbon qui joue aujourd’hui le réaliste.

Et dont la performance d’artiste ne mérite peut-être pas d’être particulièrement saluée.

Quant aux autres, ceux qui sont moins romantiques, qui ont moins d’illusions aussi, ils laissent aller. Ils se retranchent. Quittent des quartiers. Enlèvent leurs enfants de certaines écoles. Évitent certains transports en commun. Tout cela quand ils le peuvent. Et ce mouvement va s’accentuer.

La volonté de réussite sociale des noirs américains, qui veulent aller dans leur 7ème arrondissement à eux, n’a jamais signifié qu’ils étaient intégrés et que les populations se mélangeaient.

On ne les prends pas comme ils sont. On se sépare d’eux le plus souvent. Et on ne prend que ceux qui, entre le coran, le saucisson et le pinard, éliminent le premier ingrédient.

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

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