La carte de presse est un sésame. Elle ouvre la porte à un monde d’avantages, de passe-droits et de cadeaux. La plupart des journalistes font mine d’ignorer, à défaut d’avoir lu Marcel Mauss peut-être, que ces cadeaux des entreprises sont des dons appelant inéluctablement un contre-don de leur part.
Ainsi, j’ai pu être frappé par un journaliste du Monde qui, alors que je l’interrogeais sur son attitude face aux « petits » cadeaux qu’il pouvait recevoir, m’a avoué benoîtement ne s’être jamais posé la moindre question quant au fait de les accepter ou pas et qu’une carte de cinéma illimitée gratuite, c’était quand même bien pratique. Etc. Il ajoutait que, oui, il lui était arrivé d’user de son statut de journaliste pour faire avancer son dossier dans de nombreux cas.
Le journaliste est au-dessus du quidam. Et se vit comme tel. Mieux, son statut devrait non seulement lui ouvrir des portes, lui apporter avantages et cadeaux, mais devrait également l’autoriser à agir comme il le souhaite dans toutes les situations.
Même quand il ne travaille pas.
Dans la vidéo ci-dessous, celle du journaliste de Canal + un peu molesté par des CRS, on s’aperçoit de plusieurs choses.
LA POLICE FRAPPE UN JOURNALISTE D'INVESTIGATION DE CANAL+
envoyé par MOASPRESS. – L'info internationale vidéo.
Premièrement l’incompréhension.
Ils sont tellement habitués à ce que leur carte de presse agisse comme un sésame. On entend distinctement un journaliste à côté de celui qui se fait matraquer dire,
On est de la presse bon sang, ne nous tapez pas dessus on est pas comme les autres
Cela confinerait au comique s’ils n’en étaient pas persuadés.
Moi, si j’entendais quelqu’un me crier dessus -comme une pauvre petit victime surjouant l’effroi- de ne pas me taper dessus pendant plusieurs minutes alors même qu’il n’a pas la moindre stigmate de coups, j’aurais étrangement envie de le faire.
C’est là-dessus que ces journalistes comptaient.
Deuxièmement la violence et la provocation.
Se mettre pile devant des CRS prêt à avancer -ou charger, leur hurler à la figure qu’il faudrait qu’ils témoignent de la déférence et du respect à leur personne de journaliste tout en les pointant du doigt et en beuglant qu’on vient de se faire torturer, ce n’est pas très malin. Car, oui, ne pas bouger lorsque les CRS se mettent en mouvement, c’est prendre le risque, effectivement, de se prendre quelques coups.
Les CRS ne sont pas la police de proximité. Ce n’est pas leur boulot de discuter pendant des heures avec le moindre mec bourré ou le journaliste provocateur se sentant intouchable du fait de son métier.
Vous restez en plein milieu de Bastille après la manifestation et vous occupez le terrain en organisant quelques feux dits « festifs » ? Il ne faut pas s’étonner de voir les CRS débouler pour ouvrir la voie aux pompiers. Et si vous êtes sur le chemin, mieux vaut s’écarter.
Par ailleurs on voit notamment, de manière distincte, qu’une fois que les CRS poussent en avant notre journaliste parce qu’il se trouve pile sur leur chemin, ce dernier fait pression de son corps en arrière pour leur résister.
Forcément, il finit au sol.
Incroyable.
Ce journaliste n’est pas là en tant que tel, il le dit lui-même, mais en tant que manifestant. Les autres manifestants sont tous sur le côté. Cependant le journaliste, de par son métier, exige que les CRS s’écartent devant lui, contournent son auguste personne et lui proposent, peut-être, un buffet chaud avec quelques petits fours.
On va être clair. Le journaliste a cherché très exactement ce qu’il a reçu. Il voulait prendre des coups devant la caméra et a agit très exactement de la manière qu’il fallait pour les prendre. Il devrait remercier les CRS.
On ne comprend donc pas trop bien de quoi il se plaint.
D’ailleurs, il ne se plaint que médiatiquement. Les micros éteints, il doit se réjouir de ce petit coup de pub et de buzz. Point. C’est bien joué. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faudrait s’abstenir de dire qu’il s’agit d’une grossière manipulation.
D’autant qu’en matière de matraquage, la presse est nettement plus violente que les compagnies de CRS.
J’aime beaucoup le passage où la tête du journalope rebondit sur l’objectif de la caméra. ^^
Cette conclusion (« D’autant qu’en matière de matraquage, la presse est nettement plus violente que les compagnies de CRS. ») est fort bien amenée, ce texte est génial dans le fond et dans sa forme.
Cette façon de brandir sa carte comme un sésame, une sorte de talisman magique c’est….superbe. On est en pleine pensée de caste, dans le vaudou post moderne : « moi y en a intouchable, moi porter gri-gri suprême ». Certes, le journaliste a sans doute réussi son coup mais -intéressante schizophrénie- en même temps, il ne CROYAIT PAS qu’un vulgaire CRS puisse lui frotter un peu les côtes.
Ace sujet, méditons les paroles d’un grand philosophe contemporain
« Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore, les bandits eux, ont une morale. »
Nicolas Sarkozy.
Alors là, avec ce témoignage reproduit par nos bons amis de Rue89, on touche au burlesque. Il y a des passages vraiment savoureux. Le moment où elle tente de parlementer par exemple, ou celui où elle se pique de nous décrire des policiers comme des SS, le récit du moment festif gâché par les forces de la répression autoritaire, etc.
Au passage, j’ai envie de m’intéresser à cette fichue manie de « parlementer », ou de rentrer en dialogue disons, avec les forces de l’ordre. Lors d’une manifestation, d’une interpellation, d’une expulsion, etc.
Il faut que ces gens interviennent. Il le faut. Et ils le font d’autant plus facilement qu’ils savent que les CRS ne leur feront pas grand chose d’autres qu’une blessure légère qu’ils pourront arborer ensuite comme un fait de guerre face au fascisme.
Je ne comprends pas ce que ces gens reprochent aux CRS. Ceux-ci, en jouant le rôle de méchant, leur donnent la possibilité de se vivre comme des résistants, comme des communards, comme des sans-culottes. Ils devraient se montrer reconnaissants.
Tout cela est incompréhensible.
C’est ça, qui m’a fait rire, surtout:
« 20h19 : j’éclate en sanglots
En face de l’école de musique, prête pour la fin du cours, je regarde le génie de la Bastille. J’éclate en sanglots. Dans quel pays suis-je en train d’élever mon enfant ? »
XP… je te trouve trop dur. Avoue que sa situation est insoutenable ! Et celle de son enfant aussi. Un peu de coeur que diable ! T’es vraiment un sale réac’… tu te marres pendant qu’elle chiale. Soooonnnnge à son p’tit n’enfant, Citoyen XP !
Dans le style offuscation sacrée.
http://videos.tf1.fr/jt-20h/retraites-le-ton-monte-chez-les-jeunes-6098782.html
http://videos.tf1.fr/jt-20h/retraites-echauffourees-a-montreuil-6098783.html
http://videos.tf1.fr/jt-20h/incidents-en-marge-des-defiles-passe-d-armes-au-senat-6098784.html
Elle peut enfin s’afficher au grand jour, s’étaler devant des millions de gens, se démocratiser à grande louche, elle n’hésite pas à se donner à tout le monde et à toute heure.
Ce qu’il reste à trouver, c’est un nouveau Philippe Muray pour la régurgiter en quelque chose de compréhensible, LA CONNERIE fondamentale de l’époque.
Je trouve qu’Ilys convient bien à l’affaire en attendant. Il est vrai que le décryptage de ce maelstrom de chiasse mentale en a découragé déjà plus d’un (je pense au regretté LBDD).
On a les martyrs qu’on mérite … par contre, nos martyrs, eux, sont presque sans l’ombre d’un doute persuadés que nous ne les méritons pas.
Il serait drôlement jouissif de mettre ces tocars de journaleux avec l’autre hippie en face de la police bresilienne, uhuhuhuh.
Ps: j’ai cru à un fake tellement c’était sur joué
Les journaleux ont fait de la provoc et ont réussi leur coup. On aimerait bien les voir brandir leur carte de presse face à des « jeunes » avant de se faire réellement tabasser.
Oui que les jeunes « intellos de gauche » promis à une belle carrière au PS se fassent casser et racketter par les jeunes de ZEP à cagoules, jouissif.
Je crois qu’ils se feraient triplement tabasser s’ils montraient leurs cartes de privilégiés de presse à des d’jeunes avenir de la France radieuse. Le journaliste est encore plus méprisé que sur De Souche dans les cités.
Le problème est que dans le cas évoqué par Eugène, j’entends déjà les médias et tous leurs relais invités à causer chez eux s’indigner sur « l’inconscience du gouvernement qui n’a pas su, pas voulu prévoir etc ». Un mort étudiant, vous imaginer les « défilés solennels » et autres manifestations.Car évidemment le responsable ne serait pas le Saïd du coin, mais le gouvernement.
A tous les coups on perd!
Le journaliste est vraiment un des derniers déchets de l´espèce humaine. Comme le dit le proverbe bien connu « si ma fille me dit qu´elle veut faire journaliste, je lui demanderai de trouver une carrière moins déshonnorante, comme pute par exemple. »
D´ailleurs dans cette scène ce qui m´afflige c´est l´existence même de la scène, c´est À dire que dans un pays normal tout ce petit monde aurait été dûment bastonné, la caméra détruite, les jouranleux trois jours en garde à vue etc…
donc ce qui m´afflige c´est de voir à quel point les forces de l´ordre sont castrées dans notre beau royaume, castrées au point de se faire emmerder par une petite fiente gauchiotte affublée d´une carte de presse.
Cela en dit très long sur notre décadence….
Ségolène Royal, c’est véritablement non pas la fille spirituelle de Mitterand, mais son élève par excellence, dans le sens où tour ce qu’elle a pùu apprendre, elle le tient de lui (ce qui est d’ailleurs très vulgaire, elle fait la même impression en faisant du Mitterand qu’une jeune fille qui jure et qui rote à table…)…
Elle se souvient qu’à l’&poque où elle était à son cabinet, il a obtenu le clash avec Chirac (pour finalement gagner la présidentielle) en excitant la jeunesse et en obtenant un mort, Malik Oussekine.
Maintenant, je crois que si Sarko se sort de ce merdier, ça pourrait devenir particulièrement intéressant, et que ça pourrait marquer un changemant d’époque.
Une chose importante à noter: La gauche et les médias ont pris Woerth pour bouc-émissaire, Mitterand, Chirac ou Balladur l’aurait fait sauter depuis longtemps, et lui, il le garde pour qu’il conduise SA réforme jusqu’au bout…. A suivre… Peut-etre que si Sarkozy gagne cette partie, plus rien ne sera jamais comme avant… Le début d’un cercle vertueux.
Je pense que les crs ont tout de même reçu des consignes pour agir un minimum, quelques médias mettre en avant les casseurs, et la pénurie d’essence mise en jeu. Il est clair qu’une reculade sur la réforme affaiblira clairement (ou inconsciemment) l’image de Sarkozy pour 2012.
Selon Le canard enchaîné (et oui…c’est quand même eux qui ont le meilleur réseau d’informateurs) Sarkozy -et son staff (Coppé etc)- est décidé à tenir sur la réforme, sinon il perdrait toute crédibilité. Par contre, le bouclier fiscal commence à être critiqué de l’intérieur du gouvernement et pourrait bien faire les frais de la part du feu électoral. Quant à Ségolène, elle a
perdu toute crédibilité, même les « de gauche » que je rencontre au kiosque ou autres lieux sordides la trouvent moins nette que la lune un jour d’éclipse.
Ils ne peuvent revenir sur la réforme des retraites sous peine de dégradation de la note de la france par les agences de notation… Le pire cauchemar des étatsites. c´est donc pour maintenir le système socialop francais que Sarko tiendra bon. Y voir le début du cercle vertueux, c´est juste la posture de l´électeur qui s´est fait fourré jusqu´à l´os en 2007 et qui en redemande encore 8je ne fais pas de politique mais de la galéjade donc vous ne serez nullement vexé, mon cher XP)
et dire que je risque probablement de me tourner vers ce genre de carrière…
Tiens, c’est intéressant de parler de risque pour un choix de carrière. Vous percevez vos choix de carrière comme faisant partie du domaine de l’inéluctable et de l’imprévisible? 🙂
Aujourd’hui mon bon monsieur, on ne peut plus être sur de rien. 😀
En fait celà fait plus ou moins partie du domaine de l’imprévisible dans la mesure où l’échec (comme la réussite) ne dépend pas complètement de moi, et qu’en cas d’échec, je serai très probablement obligé de faire « ma pute » dans le milieu journalistique pour pouvoir gagner mon casse-croute…
Laissez-moi deviner… Hypokhâgne, khâgne, et une maitrise en lettres modernes?
Je miserai plutôt sur Science Po Lieutenant kil(gore). Après S.P, il y a un autre concours possible, s’pas? Si Bona, heu pardon Monaparte arrive jusqu’au grand oral et bien, bonne chance. (Ça n’empêche pas une petite licence de lettre à côté pour le fun et le Cv mais le master -une plaisanterie à côté de l’ancienne maîtrise déjà bien faiblarde surtout avec certains profs– bof.
Pas mal du tout, cher Rescif…euh Restif c’est pas loin du tout je dirai même 😀
Très sincèrement, bonne chance. Il y a sans doute des choses pas jolies jolies (mais à part en monastère, et encore) mais aussi des trucs passionnants à faire. Et puis on a besoin d’esprit libres!
Merci 🙂
Malheureusement un esprit libre dans un corps enchainé ne sert pas à grand chose…
Une vaine tentative d’ouvrir sa gueule ef
Petit exemple vécu de journaliste-au-dessus-du-commun-des-mortels :
Je bosse dans le commerce. Un jour je reçois un email disant « je suis journaliste, je souhaite acheter un lave-linge chez vous, que pouvez-vous faire ? » Je réponds que je peux l’aider à choisir si elle le veut, elle me répond en me demandant ce que je peux faire *comme geste commercial*, « je vous rappelle que je suis journaliste ». Bah, pourquoi ferais-je un geste commercial pour une journaliste ? « Je peux toujours parler de vous dans mon journal ». J’ai très peur, en effet…
Autre exemple : mon patron reçoit sur son adresse mail personnelle un email d’un journaliste qui a acheté un produit chez nous et dont le produit ne fonctionne plus. Il ne s’abaisserait pas à contacter, comme tout le monde, le SAV. Non, il est journaliste, il le précise, et contacte directement le patron.
Et le pire, c’est que je finis par traiter ces demandes avec plus de diligence que celle du pauvre quidam qui ne dit rien et prend le chemin habituel…
J’ai un collègue qui a cette mentalité de m…, c’est insupportable. Par exemple en vacances dans n’importe quel pays, il sortira son badge à la réceptionniste pour tenter une ristourne, profitant du fait que la société où on bosse est plus ou moins connue partout… le pire c’est que ça marche parfois. C’est formellement interdit par nos règles de déontologie mais il estime que c’est son droit. Il a été journaliste avant. Coïncidence?
J’ai bossé en tant qu’étudiant dans un théâtre, il y a deux ans. On a reçu un mail d’une journaliste plutôt connue, qui demandait à obtenir des places gratuitement pour une représentation. Deux places à 50€, pour quelqu’un qui doit en gagner 5000 par mois, juste histoire de ne pas aller à la billetterie comme les gens normaux, la plèbe, les vulgaires.
Les journalistes (que j’ai bien connus, enfin ceux de radio) sont des parasites de l’événement. Le problème est qu’ils croient être l’événement dont ils ne sont que les commentateurs. A part ça, d’une inculture crasse (je connais une exception mais comme c’est rare! De droite bien sûr).
J’ai fait un stage à France 2, je n’ai jamais vu depuis pareil ramassis de pourriture… un monde de femmes pigistes trentenaires et mal baisées, d’homosexuels refoulés mais bien fringués, de mégalomanes cinquantenaires en costard obsédés par les culs des petites stagiaires…
A table çà discute commérage, coucheries, çà goncourise,
çà pulizerise, intel pue de la gueule…
Il est évident que ces gens là ne s’intéressent rien d’autres qu’à eux même…
Les journalistes tournent en rond, la télé lit la presse (j’étais chargé de faire la revue de presse, utilisée ensuite comme ingrédient de toute émission TV), la presse écoute la radio, la radio regarde la télé…