Structure du discours politique

Qu’est-ce qui fait la structure d’un discours politique? Quels sont les objectifs visés? Quels symboles doit-on mettre en valeur…? Autant de questions qui déterminent la qualité d’un discours politique…

Quels sont les discours politiques à être passés à la postérité? Réfléchissez…Pas énorme…

Personnellement, j’aime beaucoup la teneur des discours et des échanges dans la Guerre du Péloponnèse, notamment les raisons pour lesquelles on doit former une ligue…mettre en commun, investir et récolter les dividendes…On apprend à la lecture de ce chef d’oeuvre de clarté les bases de la rhétorique… et aussi que pour espérer emporter l’adhésion de celui qui écoute, il faut 1) lui promettre un bénéfice futur supérieur à l’effort consenti sur le moment, 2) Désigner clairement un ennemi, l’appeler par son nom, ne faire aucune nuance…

Voilà, les deux ingrédients principaux pour un discours politique fort…Si vous pouvez également saupoudrer votre discours de quelques références historiques connues de tous et touchant profondément votre interlocuteur. Vous êtes sûrs de l’emporter. De plus, il faut une phrase forte dont tout le monde se souvienne.

Il faut toujours illustrer: Le discours du 18 juin 1940, rentre dans la catégorie, l’ennemi est clairement désigné et puis  » On a perdu une bataille mais pas la guerre »…Pareil pour Churchill avec son fameux « Du sang et des larmes », qui représente ici l’effort demandé au peuple…

On peut également citer le fameux « I have a dream » de MLK…tout le monde se tient la main, l’effort est de faire un pas vers l’autre et ainsi espérer une société unie sans barrière raciale…vous demanderez où l’ennemi là-dedans, et bien c’est l’ensemble de la société américaine, qu’il fallait démolir, arrivent la fin des années 60 et les années 70…

Le dernier discours, voire déclarations un peu intéressantes, en France, furent celles de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, lorsqu’il prononça les mots « kärcher » et « Racaille »… ce qui eut comme conséquence de mettre le feu aux banlieues, l’ennemi était désigné, les racailles de banlieue…Récemment à Grenoble, le même Nicolas Sarkozy évoqua les Roms mais de manière plutôt correcte, puisqu’il insista sur le fait de démanteler les camps illicites où ils étaient installés.

Le problème est que les politiques, en Europe, sont entièrement castrés…ils ont oublié que la politique était la continuation de la guerre par d’autres moyens…et lorsqu’on parle de guerre, on entend butin, ennemi…Rappelez-vous il n’y pas si longtemps, W. Bush, avec ses discours d’une clarté absolue  » You’re with us or against us »  » The Axis of Evil », « Dead or alive »…

Thucydide écrit dans La guerre du Péloponnèse,  » toute raison de la guerre est le butin » et encore  » La guerre extérieure est à la paix ce que la guerre civile est à la guerre extérieure »…

Ces remarques liminaires pour arriver à la question:

Un homme politique français, peut-il aujourd’hui, déclencher une guerre civile, que certains appellent de leurs voeux? Si oui, le peut-il par la force du verbe…

Personnellement, je le pense, qu’on peut mettre le feu aux poudres par la force du discours, mais qu’aucun homme politique en France ne peut le faire, ni même le penser…Comment s’y prendre? Franchement pas bien compliqué…

Il suffirait qu’un membre du gouvernement ou même le président fasse un discours liant immigration et violence, et surtout que ce discours ait lieu à Poitiers où le politique en question rappellerait les faits d’armes de Charles Martel en 732, « pas très loin d’ici », où il expliquerait qu’une foi voulait coloniser l’Europe, comme elle avait déjà colonisé l’Afrique du Nord et une partie de la péninsule ibérique, et que cette foi avait été repoussée…et qu’une partie de l’Europe s’était construite contre l’Islam, et presque huit cents ans,  plus tard, le siège de Vienne, la bataille de Lépante…et que l’ennemi n’est pas le musulman, respectueux et qui porte sa foi…mais bien l’Islam qui cherche à remplacer le Code civil par le Coran…et qu’à chaque fois qu’il y a confrontation et bien les lois du Coran viendront se fracasser sur le Code Civil des hommes…et il faudrait faire un effet de manche où le politique en question poserait le Code Civil sur le Coran…

Quelque chose dans le genre, pourrait, déclencher des émeutes qui pourraient rapidement dégénérer…éclater en guerre civile, c’est encore une autre question…

10 réflexions sur « Structure du discours politique »

  1. Marcol

    Bonjour,

    Comment dire ça ? Ce qui étonnant est qu’une (bonne) partie des musulmans (en France, en Europe ou ailleurs) sont dans cette situation… sans avoir besoin de discours pour les guider.

    – « Désigner clairement un ennemi, l’appeler par son nom, ne faire aucune nuance… »

    Pour ces musulmans, l’adversaire ou l’ennemi est clairement l’Occident (ses valeurs, sa législation, son mode de vie, son influence, sa richesse, sa technologie, son passé, …) même quand il n’est pas nommé.

    L’adversaire/ennemi est – tout naturellement – le Code Civil. Ou telle institution.
    Ou ce maire qui refuse (ou même accepte) la construction d’une mosquée, des repas halal dans les cantines, …
    Ou tel policier, telle enseignante… par extension tout individu produit de l’Occident.

    – « Lui promettre un bénéfice futur supérieur à l’effort consenti sur le moment »

    Le musulman « raisonnable » qui fait une demande (repas halal à la cantine scolaire) ne risque rien.
    Soit sa demande est acceptée (et c’est tout bénéf), soit elle est refusée (et ce n’est que partie remise).

    A l’autre bout, le musulman « illuminé » qui se fait sauter le caisson a droit à ses vierges.

    Finalement, c’est une situation :

    – très confortable : ils ont un ennemi, l’Occident, qui en retour ne considère pas l’islam comme ennemi.

    – très motivante : toute action (non violente ou violente) génère au mieux un avantage, au pire rien, mais jamais une perte, un bénéfice négatif.

  2. nicolasbruno

    Quand j’étais enfant, je me souviens, ma mère avait les cheveux courts et portait des pantalons. Dans l’album de famille, de vieilles photos d’identité : mon père, jeune immigré portait costume et cravate.
    Mon père n’est plus. Mais dans l’une de ses dernières photos, il porte sa tenue de Hadj. Ma mère, elle, porte le foulard depuis près de 20 ans.
    Comment diable, au lendemain de l’Indépendance, mes parents, Algériens, d’origine rurale (du douar), si traditionnels dans leurs pratiques, pouvaient-ils, dans leur apparence vestimentaire, ressembler tant aux Français ?
    En vérité, ils ressemblaient à nombre de Maghrébins et d’Africains qui ont troqué leurs vêtements traditionnels, djellabas, pagnes, boubous et autres hayeks contre pantalons, costards, jupes et chemises.
    Et donc ?
    Une loi sur un vêtement va probablement être votée. Une loi républicaine pour bannir un vêtement de l’espace public (comme en Arabie Saoudite !). Certes, l’enjeu de cette loi ne porte pas sur la manière de se vêtir. Elle s’inscrit plus particulièrement dans le cadre de la mise au ban de l’islam et de ses diverses expressions. Pour l’heure, c’est une autre dimension du débat qui m’interpelle : celle de l’européocentrisme vestimentaire et de son arrogance.
    Personne n’a jamais interdit la cravate et le pantalon dans l’Empire. Quels indigènes pouvaient s’opposer à la pénétration des vêtements coloniaux ? Comment pouvaient-ils résister à l’abandon des vêtements traditionnels ? Comment empêcher la terrible concurrence du vêtement civilisé ? En un mot du vêtement ?
    Le burnous, le pagne ? Qui les aura défendus ?
    Combien se sont étonnés de l’adoption et de la généralisation des canons vestimentaires occidentaux dans l’ensemble des continents africains, asiatiques et du monde arabo-musulmans ? Combien pour saisir l’ampleur du dommage culturel que cela représente. Combien d’âmes pour s’émouvoir du traumatisme identitaire signifié par l’abandon des traditions vestimentaires, souvent centenaires, parfois millénaires ? Qui en connaît la valeur ?
    Nous ?
    Pas vraiment. Mais ça viendra peut-être.
    Qui alors ?
    Toi.
    Tu en connais très bien la valeur.
    Puisque tu connais la valeur de tes vêtements.
    Tu connais l’importance de ton identité nationale.
    Tu connais l’importance de ton intégrité culturelle.
    Tu la défends et la protèges même au prix de débats ridicules.
    Tu as d’abord voté la loi qui a exclu le voile de l’école.
    Puis, tu as ardemment soutenu le projet de loi d’interdiction du voile intégral.
    Parfois, tu l’as approuvé en silence.
    Haro sur le niqab ! Et rien ne te fera reculer, même pas ta Sainte Constitution.
    Et pendant que tu construis ta forteresse, tu ne te gênes pas pour piétiner l’altérité des autres.
    Tu t’exportes.
    Tu exportes ta langue.
    Tu exportes ta laïcité.
    Tu exportes ton universalisme.
    Tu exportes Descartes et Voltaire.
    Tu exportes tes couturiers, ton style, ta mode.
    Et lorsqu’un indigène se présente à toi avec une cravate, tu trouves ça normal. Sa ressemblance avec toi ne t’étonne pas. Curieusement, elle ne te flatte pas non plus.
    Et tu sais pourquoi ? Parce que pour toi, c’est normal. NOR-MAL.
    Mais s’il se présente à toi avec sa tenue, tu la toléreras si tu la juges folklorique ou inoffensive. Si elle défie ta norme, tu la marginaliseras, si elle résiste, tu l’écraseras.
    Soit.
    Mais fais gaffe. Ce jeu, c’est une partie qui se joue à deux. Parfois, tu crois marquer des points mais ce que tu prends pour une victoire n’est que triomphe illusoire.
    Souviens-toi…
    La multiplication des foulards et l’augmentation des écoles islamiques, lorsque tu as voté la loi contre les signes religieux à l’école.
    Le déferlement des drapeaux algériens sur le vieux port à Marseille et place de l’étoile à Paris alors que tu débattais sur l’identité nationale.
    L’émergence des mouvements revendiquant la reconnaissance des crimes coloniaux et de la traite négrière lorsque tu as voté la loi sur l’œuvre positive de la France dans ses colonies.
    Certes, c’est toi qui frappes le plus fort. Mais reconnais que nos coups à fleurets mouchetés font aussi leur petit effet.
    Tu sais quoi ? Rien ne t’oblige à continuer ce jeu.
    Houria Bouteldja, Porte-parole du Parti des Indigènes de la République

    Ca c’est du discours politique! Avec ça, le musulman est chaud bouillant, prêt à casser du blanc. Ca viendra d’abord d’eux. Il suffit de la bonne étincelle. Et notre première réaction, ce sera de les comprendre. On s’en prendre plein la gueule mais on continuera à s’autoflageller.

  3. Cherea Auteur de l’article

    le but de cet article est simple: démonter la structure d’un discours politique…je montre qu’il faut deux éléments…mais aussi de poser la question suivante…on parle souvent de guerre civile à venir en France, peut-on déclencher du moins des émeutes par la force du verbe…je faisais une réponse de Normand…
    Cet article ne défend aucune cause, aucune idée, comme souvent Ilys le fait en général, et comme le rappelle XP, en particulier… il ne fait que poser des questions…et tente une réponse…

  4. Marcol

    @Cherea 20 septembre 2010 à 16 h 15 min

    1/
    D’accord sur le fait qu’un discours doit 1/ désigner le méchant (l’Autre) 2/ être porteur d’espoir (l’Autre va nous en faire baver mais au final…).

    Ne pas désigner l’ennemi, ce n’est pas très pratique. Et considérer que les carottes sont cuîtes, ce n’est pas très motivant.

    2/
    D’accord sur le fait qu’un tel discours peut déclencher des émeutes.

    Sauf que si les émeutes – des batailles rangées dans la rue aux querelles entre voisins, collègues de bureau ou lycéens – voient s’affronter d’un côté une masse de FDS et de l’autre côté aussi une masse de FDS et 100% des Musulmans… ça devient un bordel ingérable.

    Ce que je veux dire est qu’un discours – le détonateur – ne peut se dispenser des réalités – l’explosif.

    Sauf à faire pschitt (l’auteur est pris pour un illuminé) ou à vous péter à la gueule (renversement des rôles).

    A défaut d’une évidence partagée par une majorité (actifs ou passifs, une majorité de Français considéraient les Allemands comme l’ennemi en 40), une préparation est nécessaire (pour arriver au point que les musulmans sont perçus comme l’ennemi par une majorité).

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