Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne.
Pas bseoin de donner le nom de l’autre connard qui a écrit cela, il dort au Panthéon et originaire de Suisse, j’imagine bien que ses compatriotes d’aujourd’hui sont bien contents de laisser croire qu’il était français. Rousseau et la Suisse, c’est un peu comme les Autrichiens et Hitler…on fait croire qu’il vient de chez le voisin…
Propriété privée et liberté sont les deux principes fondamentaux et non négociables d’une civilisation démocratique digne de ce nom.
La propriété privée, c’est donc un truc qui m’appartient et dont j’ai l’entière jouissance…je peux céder cette jouissance lors d’une transaction, en général, une somme convenue entre les deux parties.
Ce préambule, donc, pour aller vers quelque chose de plus personnel. Cet été lors de mes vacances, bien arrosées, j’ai appris, par un mail d’une ex, dont je n’avais que quelques nouvelles éparses, qu’elle allait se marier. Elle me l’annonçait sous forme d’aveu, presque… Ce n’est pas la première fois, qu’une de mes ex entre dans le processus du mariage…Et bien croyez-le ou non, bien que séparés depuis long et alors que le laps de temps entre les dernières nouvelles s’espacent, en gros il n’y a plus rien entre nous…et bien j’ai toujours ce pincement qui me serre le coeur et ce putain de sentiment qui vrille mon cerveau…Je n’arrive tout simplement pas à concevoir qu’une femme puisse s’épanouir en-dehors de mon giron après m’avoir connu…cela dépasse mon entendement, et fait dérailler dur ma raison…Je devrais m’en branler comme de ma dernière bouteille de rosé estival et pourtant pas moyen de se défaire de ce sentiment d’échec. Qu’une femme ait une vie avant de me connaître, je n’y vois pas d’inconvénient – puisque de fait, elle ne me connaissait – mais qu’elle puisse avoir une vie sentimentale, sexuelle, intellectuelle après avoir été avec moi dépasse mes capacités cognitives. Reprenons l’ex qui m’a annoncé ses noces cet été, je n’y pensais plus guère…jusqu’à son maudit mail… Que j’aimerai vivre aux temps de l’amour courtois, où lorsqu’une femme, après avoir connu une relation, courrait s’enfermer au couvent à la fin de celle-ci. Le problème profond est que je crois que je voudrais disposer, à ma guise, de toutes les femmes que j’ai connues, comme une propriété privée disons…est-ce parce que suis-je propriétaire d’une maison que je n’habite plus depuis un moment que des squatteurs du DAL ont le droit de s’y incruster? Évidemment non. À la limite, je peux céder cette propriété lors d’une transaction…et bien le problème profond, entends-je, c’est que bien loin de me rapporter quelque chose, toutes les femmes avec qui j’ai rompues, m’ont toutes sans exception causé des emmerdes pas racontables…et que le connard d’après qui lui, profitait de la jouissance que j’avais précédemment…et bien cet enculé-là ne m’a jamais payé…On m’opposera que moi également, je n’ai jamais versé un kopeck au type qui avait le droit de propriété avant moi…certes, mais la propriété est autant masculine que féminine, et je peux donc affirmer que les femmes avec qui j’ai été n’ont jamais appartenu à aucun autre qu’à moi, avant en tout cas – et après certainement pas, je ne peux le concevoir.
Pour résumer, je ne peux pas comprendre qu’une femme puisse avoir une vie et s’épanouir après m’avoir connu…orgueil mal placé, jalousie envers un type qui a réussi à cueillir un bouquet que j’ai pas su prendre…j’en sais foutre rien et j’ai bien du mal à expliquer cet état qui s’empare de moi à chaque fois que cette situation se répète…c’est bien là une réflexion de connard et j’en suis conscient…mais pas foutu de m’en débarrasser…en fait je crois que je voudrais disposer d’un harem avec dedans les femmes que j’ai connues…façon sultan d’antan…m’en branle pas mal d’être le premier, en tout cas, je sais que je voudrais être le dernier…après moi le déluge.
Ce serait tellement plus simple, si on traitait les relations amoureuses et sexuelles comme on traite les propriétés privées, on fixe un prix, on se tape la pogne et l’affaire est réglée…tous consommateurs, il parait d’ailleurs que c’est déjà le cas…
Vous n’avez jamais pensé à les tuer ? ^^
Et c’est par cette remarque anodine que démarra une longue carrière de tueur en série.
Votre rêve de harem composé d’ex me fait un peu froid dans le dos. Sinon, oui, de même, leurs tentatives de trouver quelque chose après moi m’apparait également complètement illusoire, dérisoire et pathétique. Imaginez à quel point elles doivent se mentir à elle-même pour faire passer quelqu’un après nous. Et plaignez-les plutôt.
Bah, vous dites ça parce que vous les avez aimées… Ce n’est pas si courant, vous savez, de nos jours. Rien que pour ça il y a des chances que, toutes autant qu’elles sont, elles repensent encore de temps à autre à vous.
Ce que vous ne savez pas, enfant que vous êtes, c’est que l’amour dont on prétend faire don à l’autre, l’épanchement du coeur, est bien davantage un repas que nous prenons de sa substance (comme dit le sage chrétien, qui méconnait la force de l’amour vrai n’est pas au bout de ses surprises …;). Plus grande, infiniment, est la capacité d’abandon et la générosité qu’il faut pour accepter de rendre de l’amour à celui/celle qui vous en offre.
D’ailleurs c’est bien parce que tout un chacun se préfère au fond en créancier qu’en débiteur, que la raison secrète de beaucoup de ruptures est l’excès d’amour de l’un, voire des deux (!) partenaires pour sa moitié. Peut-être même plus encore est-ce pourquoi bien souvent les couples idéaux, par couardise, répugnent à s’unir… – à moins d’y être poussés, par la peur d’un péril encore plus grand (sous-entendu un péril plus grand encore que l’éventualité de n’avoir pas un coeur à la hauteur de celui de l’autre). [Ce qui rend quasi impensable, au final, la formation des grandes amours humaines hors des temps héroiques, ou du moins sans le concours de quelque adversité, NDLIA].
Dites vous que l’une d’elle pense peut-être à vous lorsque son nouveau régulier la besogne?
Lt. Kilgore, est-ce à moi que vous vous adressez ?
Que cela soit ou non, si vous me permettez de répondre, sachez quand même que le fait de penser à quelqu’un (voire à qq chose) d’autre en faisant l’amour avec un homme, ne signifie nullement que la personne fantasmée, dans la mesure où elle peut aussi bien être réelle qu’imaginaire, voire prendre forme mythologique ou animale, soit le véritable objet des voeux de la donzelle.
Hélas le désir est une chose compliquée (absurde, dirais-je même) pour la femme aussi, et qui n’est pas toujours intelligente. Or l’être humain, contrairement à ce que voudraient croire les être tristes et attristants qui se figurent être des chattes ou des crocodiles, aime avant tout avec son néocortex. D’où l’origine de ce phénomène étrange que tous les adolescents inconditionnellement épris connaissent (femelles comprises) : les mains moites, le corps transi, l’entendement HS, les gestes gauches, la parole impuissante, le courage d’être ridicule, le manque d’appétit… et bien évidemment l’incapacité à band… hum… à passer aux choses dites « sérieuses ».
– Phénomène contre-productif s’il en est du simple point de vue de la survie de l’espèce : qui voudrait, en toute logique, que l’attirance la plus irrépressible d’un mâle pour une femelle ne l’empêche pas purement et simplement de la courtiser de façon efficace, et que la dévotion d’une jeune fille pour un jeune homme ne soit pas si souvent la raison fondamentale pour laquelle elle échoue à le séduire.
De même, la frigidité typique (heureusement la plupart du temps passagère) de la virginité un peu tardive, ou de celles des jeunes filles pures de corps et d’apparence qui ont connu en secret un « éveil » intérieur trop précoce, est bien davantage le signal d’un excès de libido que l’inverse. (cf : Sainte Thérèse d’Avila ^o^) Comme quoi, une fois de plus, les degrés les plus hauts de la passion hormonale elle-même, chez nous les humains, sont intellectuels.
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UN PEU D’HISTOIRE :
Ce sont les romains antiques (d’avant la décadence, NDLIA) qui considéraient les joies de la chair comme indissociables d’un certain mépris entre les partenaires, à tout le moins d’un minimum de manque de respect, nécessaire à la situation d’humiliation dans laquelle se trouve celui (de préférence celle) qui est « en-dessous » par rapport à celui qui est « au-dessus » – [ajoutons qu’apparemment, les romains étaient très branché SM]. Elles étaient donc prohibées entre dignes époux patriciens, qui devaient faire la chose dans le noir et la femme jamais complètement nue. Et recommandées pour le citoyen/noble/propritaire avec ses esclaves, tous sexes et ages confondus, ou des prostitué(e)s, à condition qu’il conserve la préhéminence due à son rang y compris pendant l’acte. Il en allait de même pour la dame de bonne famille, dont on tolérait qu’elle fît (discrètement) ce que bon lui semblait avec les masseurs des thermes, ses gens de maisons, leurs familles ou ses dames de compagnie. [SOURCE : GEOHistoire_Hors-Série_La vie quotidienne dans la Rome antique.]
Comprendre que l’on rendait au diable ce qui était au diable, et que les moutons étaient bien gardés.
Non Irena, je ne m’adressait pas en particulier à vous, mais celà ne vous empêche pas d’exprimer vos opinions.
Pour vous répondre à mon tour, je vous accorde que le désir et ses mécanismes sont tout à fait irrationnels, et ne le sont d’ailleurs pas nécessairement plus chez les femmes que chez les hommes. J’ai eu moi même autrefois le souffle coupé -au sens propre- quand je croisais la jeune Charlotte et sa double particule dans les couloirs du lycée.
Je suggérais juste que le fait de s’imaginer son ex en pleine infidélité fantasmatique pouvait apporter un brin de réconfort. Ca ne vole pas très haut… Le même genre de réconfort que d’imaginer que le nouveau couple bat de l’aile, que son mec à chopé la syphilis ou qu’il en a une plus petite, la petite joie mesquine que l’on éprouve en voyant un ancien rival trébucher, se dire que si ça se trouve elle vous regrette… avec la sensation qu’au fond tout celà est juste.
Voyez-vous, il y a d’un coté le ressentiment de voir une ex plus belle que jamais dans les bras d’un autre connard.
De l’autre coté il y a ces petits cadeaux que les dieux vous font parfois et, presque par hasard, vous re-rencontrez la dite ex et vous retrouvez après une soirée arrosée sur votre canapé. Et là derrière elle tout en lui faisant l’amour vous vous tournez vers le miroir, avec une grosse envie de taper dans la main de votre reflet en le félicitant chaudement pour ce fait d’armes, le sourire épanoui façon gangsta-rappeur au volant d’une Chevrolet à suspensions hydrauliques. Parce que c’est le retour pour un instant d’une domination que vous croyiez perdue.
Les romains formalisaient à travers leurs rapports de domination une vérité qui est le nécessaire «manque de respect» comme vous dites, préalable à un rapport sexuel efficace. Je préférerais plutôt parler de désacralisation du corps de l’autre, de sa nécessaire rétrogradation à l’état charnel, à l’état de viande prêt à être consommée.
« De là, la coexistence dans le monde romain des actes les plus choquants et de la plus sourcilleuse rigueur morale. Vertu (virtus) veut dire puissance sexuelle. La virilité (la virtus) étant le devoir de l’homme libre, la marque de sa puissance, le fiasco était marqué de honte ou de démonie. Le seul modèle de la sexualité romaine est la dominatio du dominus sur tout ce qui est autre. Le viol à l’intérieur des status inférieurs est la norme. Jouir sans mettre sa puissance au service de l’autre est respectable. Une épigramme de Martial définit la norme : « Je veux une fille facile, qui avant moi se donne à mon jeune esclave et qui, à elle seule, en fasse jouir trois à la fois. Quant à celle qui parle haut (grandia verba sonantem) qu’elle aille se faire foutre par la queue d’un imbécile de Bordelais (mentula crassae Burdigalae). » Tout homme actif et non sentimental est honnête. Toute jouissance mise au service (officium, obsequium) de l’autre est servile et de la part d’un homme constitue un signe de manque de virtus, de manque de virilité, donc d’impotentia. De là, la répression féroce des fautes qui nous paraissent par contraste légères en regard d’audaces qui nous semblent au contraire révoltantes. La jeune fille violée est sans tache mais la matrone violée doit encourir la mort. Le baiser de l’affranchi à l’enfant libre est puni de mort. Valère-Maxime rapporte que Publius Maenius tua un pédagogue qui avait donné un baiser à sa fille de douze ans.
L’esclave ne peut sodomiser son maître. C’est l’interdit majeur selon Artémidore. Même, cette vision surgissant au cours d’un rêve crée un certain nombre de problèmes à celui qui l’a vue dans la clandestinité de son âme et dans le silence de la nuit. La sodomie des esclaves par les maîtres était la norme. Les patriciens tendaient le doigt. Ils disaient : Te paedico (Je te sodomise) ou Te irrumo (J’emplis ta bouche de mon fascinus). C’était la sexualité de Cicéron à la fin de la République. C’est celle de Sénèque sous l’Empire.»
Être esclave à l’époque, c’était aussi prier pour avoir des maîtres impuissants…