Faire le show

Depuis ma  tendre jeunesse, je suis travaillé par un regret, celui de ne pas savoir siffler avec mes doigts.

C’est terrifiant à dévoiler comme ça en public, mais à chaque fois qu’ XP s’attable à une terrasse et que l’une de ses connaissances passe sur le trottoir d’en face, il n’a pas le talent qu’il faut pour se faire remarquer d’elle  en se mettant deux doigts dans la bouche pour faire du bruit…. XP dessine mal, aussi, malgré tous ses efforts, et je ne vous parle pas de son niveau lamentable au piano, en dépit des cours qui lui furent prodigués dans sa jeunesse.

Je fais ce constat avec d’autant plus de regret que je suis taraudé par l’intime conviction de ce que le talent est une grâce du  Seigneur et qu’in fine, les bons à rien sont en délicatesse avec le Ciel…. Quand on gratte et que l’on cherche à comprendre, on s’aperçoit toujours que les dons, le charme ou la beauté sont offerts par le Très-Haut, qu’ils témoignent de la  proximité entre les charmants, les talentueux et le Créateur…. C’est la vérité la moins agréable à entendre, mais enfin, les faits sont là : si vous croisez un imbécile qui ne fait jamais rire personne, qui n’a pas d’argent, qui ne sait pas siffler avec ses doigts et si vous sondez son cœur et ses reins, vous verrez qu’à la  source de la disgrâce, il y a une sécheresse des sentiments, une indifférence monstrueuse à l’égard de ce qui l’entoure et que scandaleusement, il tente de la faire passer pour de la modestie.

C’est toujours à la suite d’une lecture littérale, superficielle et tordue des Evangiles, que l’on considère tous les pauvres et les loosers pour des exclus, des gens assignés injustement à la dernière place tandis que le Seigneur leur aurait  réservé la première…. Moi je crois que la parabole évoquait les Grands implicitement reconnus comme tels par tous mais cantonnés à l’arrière par des Médiocres qui se font des clins d’oeil et qui font  masse  pour les gruger de leurs honneurs,  leurs privilèges et leurs épées….
 
A ce propos, Cornette de Saint Cyr, le plus grand commissaire priseur de la place de Paris et donc l’un des historiens de l’Art les plus sûrs qu’il soit donné d’entendre affirme qu’il n’y a jamais eu d’artistes maudits, qu’il s’agit-là d’un mythe, d’une couillonnade abominable.

Selon lui, si Vincent Van Gogh n’a pas vendu une toile de son vivant, c’est qu’il était maboule et qu’il est mort trop tôt, mais que néanmoins, tout ce que Paris comptait de Maîtres dans sa discipline savait qu’il était le plus grand, qu’on le lui disait et qu’il croyait ce qu’on  lui en disait, pour parler comme Corneille.

Je ne sais donc pas siffler avec mes doigts, c’est à dire qu’en partie, à certains moments, je ne sais pas faire le Show, et je confesse qu’elle me ronge, l’idée que peut-être, je ne saurai pas faire le Show…. Moi, je crois dur comme fer à la supériorité de l’Art sur toutes choses ici bas, qu’on ne réussit sa vie et qu’on  laisse une empreinte sur la terre qu’en transformant son existence en œuvre d’art, aussi biscornue soit-elle, et quand bien-même celle-ci ne trouverait pas preneur avant le cercueil…
 
Ce que je pense aussi, c’est que l’Art, tout l’Art, se résume à l’entertainment….Prenez les dans le sens que vous voudrez, et vous verrez que Nietzsche, Céline, Léon Bloy ou Cioran -surtout lui(*) – ne  font que  du spectacle, de l’entertainment, qu’ils divertissent et qu’ils entraînent les prisonniers de la caverne au cirque…. Ce qu’il faut dire avant tout d’eux, c’est qu’ils sont beaux, séduisants au possible et  qu’on aime d’abord se plonger dans leurs lignes pour ces raisons là…  Que ces enfants gâtés dessinent aussi merveilleusement bien, et qu’il n’y a jamais dans leurs pages que des autoportraits ou des encres les représentant sous les flashs et la lumière d’une poursuite. …. Céline sait nous faire voir ce que capture son œil de lynx parce qu’il fait du spectacle, que tout est drôle sous sa plume et que sommes toutes, il est aussi beau que ce monde dont il nous suggère l’existence en creux, quand il  montre la laideur de nos existences.

J’affirme que tous les écrivains sont des peintres frustrés,  condamnés à laisser deviner une toile  au lecteur à défaut de savoir la peindre…. ils ne savent pas dessiner, pas faire surgir le monde de l’extérieur et la Vérité, et c’est pour ça qu’ils se contentent de faire comprendre ce qu’ils auraient fait, s’ils avaient eu  le talent.

C’est étrange, le rapport que la presque totalité des lecteurs de littérature entretiennent avec la littérature…Ils veulent tous comprendre ce que l’auteur a voulu dire en montrant, comme s’il n’était pas suffisant qu’il montre…. Personne ne regarde une toile impressionniste en cherchant quel message a voulu délivrer l’artiste, à quoi sert la toile, si elle se mange et quelles fourchettes il faut sortir du placard,  mais tous les lecteurs cherchent le sens caché d’un roman, comme si l’auteur se mouchait avec l’Art et  s’en servait vulgairement pour exprimer des idées.

Je me console de l’ingratitude subie par  ceux qui prennent la plume en me disant ceci : celui qui ne sait pas de l’écrivain qu’il  est un peintre comme les autres  ne comprend pas l’écrivain, certes, mais il ne comprend pas non plus le peintre….. S’il croit que l’écrivain ne peint pas, il pense forcément que le peintre ne montre rien de l’Essentiel,  que celui-ci se trouve dans les Romans qu’il ne sait pas lire…. Ils portent chacun, pour ainsi dire, un morceau de la Croix…

(*) Le Christ est mort sur la croix parce qu’il avait peur de mourir dans son lit, a écrit Cioran…. S’il ne s’agit pas de notre plus grand humoriste et d’un entertainer à côté duquel Jules Renard avec ses blagues de chiottes apparait comme le triste abruti radical-socialiste qu’il était, alors je ne m’y connais pas…. Rappelons que Jules Renard est le type qui a écrit Nietzche? beaucoup trop de consonnes dans ce nom, ou bien encore Mallarmé? Intraduisible, même en Français…. Quand on entend ça, on imagine toujours Eric Naulleau se taper sur les cuisses avec Yves Calvi…. Je sais bien que les gardiens de vaches diplômés ne sont pas des bêtes et qu’ils ont le droit de rire aussi, mais enfin, on condamnerait à de lourdes peines de  prison  les crétins que ça amuse, si le monde était bien fait…

20 réflexions sur « Faire le show »

  1. la crevette

    XP : « Ils veulent tous comprendre ce que l’auteur a voulu dire en montrant, comme s’il n’était pas suffisant qu’il montre…. Personne ne regarde une toile impressionniste en cherchant quel message a voulu délivrer l’artiste, à quoi sert la toile, si elle se mange et quelles fourchettes il faut sortir du placard, mais tous les lecteurs cherchent le sens caché d’un roman, comme si l’auteur se mouchait avec l’Art et s’en servait vulgairement pour exprimer des idées. »

    C’est parce qu’on confond écrivain (ou artiste) et philosophe; j’ai mis beaucoup de temps à comprendre cela. Chesterton explique en deux lignes le truc : « Le secrétaire représentait le philosophe épris de la lumière en soi, originelle et sans forme. En Syme, il fallait reconnaître le poète, qui cherche à donner une forme à la lumière, à en faire des étoiles et des soleils. Le philosophe peut s’éprendre de l’infini; le poète aimera toujours le fini. »
    (Le secrétaire et Syme sont deux personnages du roman « Le nommé Jeudi)

    1. XP Auteur de l’article

      Hum… Ca ce discute…

      Je retiens de ma lecture d’Heiddeger et d’Hannah Arendt cette conception de la philosophie considérée non pas comme une « pensée calculante », mais comme un jaillissement, un éclair, une réVélation dont le philosophe se contente de rendre compte et d’expliquer. Je pense notamment à son texte « pourquoi des poètes en temps de détresse » et à la figure d’Hölderling qu’il place au centre de son oeuvre…. Une conception très artistique, très irrationelle de la philosophie, finalement.

      Il est d’ailleurs frappant que les sociologues s’agacent pareillement de la présence dans le débat public des « populistes » et des philosophes, et les renvoyant dos à dos et en les accusant de la même chose:l’irrationalité.

      Pour utiliser un raccourci rapide, le populiste qui voit des voitures brûler pense d’instinct ou par bon sens que « c’est la catastrophe »… Le philosophe à lui ce fameux éclair, ce « jaillissement », et il voit l’apocalypse, et ensuite, il essaye de décrypter…

      Le « sociologue », lui, ne conçoit pas ce que veut dire « penser », c’est à dire avoir la faculté d’être envahi PASSIVEMENT par ce jaillissement…. Il ne sait pas penser, il ne sait que réflêchir, exercer sa « pensée calculante », alors il fait des statistiques, regarde des chiffres et se dit que ces voitures qui brûlent ne signifient rien… Absence de sensibilité qui l’empêche de ressentir et donc de penser.

      Je crois que la philosophie et l’Artiste st le philosophe sont sur le même chemein, mais que les lumières du second s’éteignent là où celles du second s’allumment… Voilà « pourquoi pourquoi des poètes en temps de détresse ».

      Mais je suis en philisophie un amateur à peine éclairé… Si Restif, le Misantrope modéré, Nébo… veulent me retoquer, qu’ils ne se gênent pas^^

      1. Restif

        Ah non, rien à retoquer, je suis totalement d’accord; Je me suis amusé à écrire un jour « Nieztsche, presque aussi philosophe qu’un poète » (à cause de sa forme, surtout dans ke Zarathoustra). Le poète -le romancier- est à la philosophie ce que le mystique est à la lettre, au dogme figé. Lorsque Céline écrit « Les vivants qu’on oublie dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu’une même ombre les confonds déjà », il en dit plus que tant de philosophes de la mémoire sur le temps, l’oublie, l’amour des êtres, l’usure… Le poète Marinetti a écrit la critique de la technique 15 ans avant Heiddy. Mais bon, je suis partial, j’ai toujours eu besoin des poètes romanciers, alors que les philosophes sont des danseuses, pas ma légitime!

  2. SSX

    « C’est étrange, le rapport que la presque totalité des lecteurs de littérature entretiennent avec la littérature…Ils veulent tous comprendre ce que l’auteur a voulu dire en montrant, comme s’il n’était pas suffisant qu’il montre… »

    J’avais un prof d’anglais comme ça, qui allait jusqu’à affirmer que toute œuvre narrative (donc il y mettait le cinéma) n’avait d’intérêt que si elle transmettait un message profond, si elle n’était que prétexte à dire quelque chose.

    C’était d’autant plus triste qu’il se donnait des airs d’esthète.

    1. XP Auteur de l’article

      Parfaitement bien vu! Nabokov doit être l’un des 4, 5 romanciers qui m’ont le plus touché (avec Feu Pâle et Ada bien plus qu’avec Lolita, soit dit en passant… Celui-ci est un peu à Nabokov ce qu’est le Voyage dans l’oeuvre de Céline… Dans les deux cas, c’est après qu’ils vont plus loin dans le processus « destruction-création »).

      En fait, maintenant que vous me le dites, je m’étonne aussi d’en parler aussi peu.

      Pour parler de cette manière de faire sortir le lecteur de la caverne pour l’emmener au cirque », Nabokov parle de « l’anti-terra », opposé à la terra.

      Dans la foulée, il règle quelque part son compte à « freud le vaudou », en affirmant que les rêves ne signifient rien, qu’ils n’expliquent pas le monde, puisqu’ils sont LE monde (on trouve ça dans les commentaires de Feu Pâle, je crois…), qu’on doit se servir de « la terra » pour comprendre « l’antiterra », et non faire l’inverse, comme le petit Freud.

      Il dit à Freud et aux adeptes de la psychanalyste ce que je dis aux amateurs de littérature; arrêter de chercher le sens des livres et des rêves; il y en a pas, et il y a beaucoup plus. Et s’il y par hasard il y a un sens, arrêtez de croire que vous allez pouvoir le saisir et le fixer,…

      1. lettow

        Pour tout avouer, nabokov écrit quelque chose de trés proche de ce que vous écrivez dans « Autre rivage », du moins c´est ce dont je me souviens. Il a souvent moqué l´imposteur viennois mais aussi bien d´autres. Il a souvent détaillé sa détestation de la sociologie, du « réel ». D´ailleurs Soral ou Naulleau ne sont que des avatars de son Goodman, lui même avatar de Homais… une fois de plus le « réel » n´est qu´une pâle imitation de la fiction.
        Dans le merveilleux « Guetteur », il assassine en quelques lignes et d´une manière définitive Marx.
        Mais plus qu´un excellent chasseur de connards couverts de gloire, c´est un admirable peintre qui « nous ouvre des fenêtres vers d´autres mondes « 

  3. Misanthrope modéré

    Mais je suis en philosophie un amateur à peine éclairé…

    Allons allons. Et moi donc…

    Si Restif, le Misantrope modéré, Nébo… veulent me retoquer, qu’ils ne se gênent pas^^

    Eh bien, deux passages de votre texte m’auraient inspiré une petite remarque mais il ne m’avait pas semblé pertinent d’intervenir pour si peu.

    Vous dites :

    Personne ne regarde une toile impressionniste en cherchant quel message a voulu délivrer l’artiste, à quoi sert la toile, si elle se mange et quelles fourchettes il faut sortir du placard, mais tous les lecteurs cherchent le sens caché d’un roman, comme si l’auteur se mouchait avec l’Art et s’en servait vulgairement pour exprimer des idées

    Et plus loin :

    S’il croit que l’écrivain ne peint pas, il pense forcément que le peintre ne montre rien de l’Essentiel

    Vous estimez donc (et je vous rejoins volontiers) que l’art montre l’essentiel (l’essence ?). Aussi, vous l’opposez aux « idées ».

    Mais ce que vous désignez ici comme « idée », je l’aurais plutôt nommé « concept ».

    En effet, la notion d’Idée, chez platon est désignée en grec par « eidos », ce qu’on traduit également par « essence » ; « idée » se disant plutôt « idea ». Néanmoins les deux termes sont apparentés puisqu’ils viennent tous deux de « idein » : « voir ».

    Donc, si l’on en tient pour une conception un peu platonicienne de l' »Idée », cette notion ne s’oppose pas à l' »essence », dont elle serait au contraire synonyme. Vous vous souvenez de notre discussion sur la querelle des « universaux » opposant « nominalistes » et « réalistes » : dans cette affaire les « réalistes » étaient les réalistes des idées : pour eux, les idées sont réelles. Tandis que les nominalistes ne croient pas aux idées de cette sorte. D’après ces derniers, chaque individu désigne divers objets par un même nom, mais qui peut assurer que, lorsque nous dialoguons en nous référant à ces noms, nous parlons exactement des mêmes choses, des mêmes ensembles de choses ?

    Ce que les nominalistes appellent « noms », je le comprends comme les « concepts », soit de simples outils pour la réflexion, le calcul. Et lorsque nous parvenons – autant qu’il est possible – à nous référer à des concepts communs, il s’agit au mieux de conventions, mais cela n’existe pas en dehors de nos subjectivités respectives.

    On comprend alors que les « noms », ou concepts, ainsi envisagés s’opposent bien aux Idées lesquelles sont des essences éternelles transcendant la réalité actuelle, le devenir. Au delà des concepts que nous manipulons pour réfléchir, c’est certainement à ces Idées (ce que vous appelez l’Essentiel) que nous accédons lorsque, comme vous dites, nous pensons – ou que nous « créons », si nous sommes artistes, encore que ce ne soit pas tant une création qu’une médiation.

    Je crois que nous sommes d’accord, en fait ; c’était surtout pour le plaisir d’ergoter sur un point de vocabulaire : dans votre billet, vous vous référiez aux « idées » dans leur sens trivial, désignant aussi bien ce qu’échangent les militants socialistes lors de séances de démocratie participative…

    Veuillez à présent m’excuser de céder à mon péché habituel en illustrant cette discussion par un passage de l’oeuvre majeure de mon philosophe favori : Le monde comme volonté et comme représentation

    la mathématique étudie l’espace et le temps, formes simples, à l’aide desquelles les Idées nous apparaissent comme phénomènes multiples, appropriées à la connaissance du sujet en tant qu’individu. Toutes ces études, dont le nom générique est celui de science, se conforment en cette qualité au principe de raison, considéré dans ses différentes expressions; leur matière n’est toujours que le phénomène, considéré dans ses lois, dans sa dépendance et dans les rapports qui en résultent. Mais y a-t-il une connaissance spéciale qui s’applique à ce qui dans le monde subsiste en dehors et indépendamment de toute relation, à ce qui fait à proprement parler l’essence du monde et le substratum véritable des phénomènes, à ce qui est affranchi de tout changement et par suite connu avec une égale vérité pour tous les temps, en un mot aux Idées, lesquelles constituent l’objectité immédiate et adéquate de la chose en soi, de la volonté ? — Ce mode de connaissance, c’est l’art, c’est l’œuvre du génie. L’art reproduit les idées éternelles qu’il a conçues par le moyen de la contemplation pure, c’est-à-dire l’essentiel et le permanent de tous les phénomènes du monde ; d’ailleurs, selon la matière qu’il emploie pour cette reproduction, il prend le nom d’art plastique, de poésie ou de musique. Son origine unique est la connaissance des Idées; son but unique, la communication de cette connaissance. Suivant le courant interminable des causes et des effets, tel qu’il se manifeste sous ses quatre formes, la science se trouve, à chaque découverte, renvoyée toujours et toujours plus loin ; il n’existe pour elle ni terme ni entière satisfaction (autant vaudrait chercher à atteindre à la course le point où les nuages touchent l’horizon); l’art, au contraire, a partout son terme. En effet, il arrache l’objet de sa contemplation au courant fugitif des phénomènes.

    […]

    Le génie […] consiste dans l’aptitude à s’affranchir du principe de raison, à faire abstraction des choses particulières, lesquelles n’existent qu’en vertu des rapports, à reconnaître les Idées, et enfin à se poser soi-même en face d’elles comme leur corrélatif, non plus à titre d’individu, mais à titre de pur sujet connaissant; cependant cette attitude peut exister aussi, quoique à un degré moindre et différent, chez tous les hommes ; car sans cela ils seraient aussi incapables de goûter les oeuvres d’art que de les produire, ils seraient absolument insensibles à tout ce qui est beau et sublime ; ces deux mots seraient même un véritable non-sens pour eux. Par suite, à moins qu’il n’y ait des gens complètement incapables de tout plaisir esthétique, nous devons accorder à tous les hommes ce pouvoir de dégager les idées des choses et par le fait de s’élever momentanément au-dessus de leur personnalité. Le génie a seulement l’avantage de posséder cette faculté à un degré bien plus élevé et d’en jouir d’une manière plus continue ; grâce à ce double privilège, il peut appliquer à un pareil mode de connaissance toute la réflexion nécessaire pour reproduire dans une libre création ce qu’il connaît par cette méthode; cette reproduction constitue l’œuvre d’art. C’est par elle qu’il communique aux autres l’idée qu’il a conçue. L’idée reste donc immuable et identique : par suite, le plaisir esthétique reste essentiellement un et identique, soit qu’on le provoque par une œuvre d’art, soit qu’on l’éprouve directement dans la contemplation de la nature et de la vie. L’œuvre d’art n’est qu’un moyen destiné à faciliter la connaissance de l’idée, connaissance qui constitue le plaisir esthétique. Puisque nous concevons plus facilement l’idée par le moyen de l’œuvre d’art que par la contemplation directe de la nature et de la réalité, il s’ensuit que l’artiste, ne connaissant plus la réalité, mais seulement l’idée, n& reproduit également dans son œuvre que l’idée pure ; il la distingue de la réalité, il néglige toutes les contingences qui pourraient l’obscurcir. L’artiste nous prête ses yeux pour regarder le monde

    […]

    à peine [le génie] a-t-il entrevu l’Idée dans les choses particulières, aussitôt il comprend la nature comme à demi-mot ; il exprime sur-le-champ d’une manière définitive ce qu’elle n’avait fait que balbutier ; cette beauté de la forme qu’après mille tentatives la nature ne pouvait atteindre, il la fixe dans les grains du marbre; il la place en face de la nature, à laquelle il semble dire: « Tiens, voilà ce que tu voulais exprimer. » — « Oui, c’est cela, » répond une voix qui retentit dans la conscience du spectateur

    Cordialement.

  4. Restif

    entre nous : (ilys est un salon -Vertumne-discret bien que 3ème Empire). j’ai plusieurs fois rencontré cornette de Saint cyr qui fut ami -disons forte connaissance- avec mon père jusqu’à ce que ce dernier se rende compte du connard veule que c’était-hélas, on ne s’en débarasse pas aisément, du moins tant qu’il vous croit utile. C’est un imbécile fini, si tu l’avais écouté, entendu vanter Jeff Kunz, tout l’art contemporain comme dépassant Van gogh ou la Renaissance, expliquant cet « art » par « l’englobant » : « tu vois, Kunzz (et ses homards en plastic) c’est l’époque même, il la défini, la synthétise. Ben aussi. C’est ça l’art moderne, l’englobant social (c’est un fan de sociologie…) Duchamp était très sérieux,seuls les cons pensent qu’il blaguait. Les compressions, géniales! » etc, etc, tout uniquement pour vendre, mais pire, finissant par y croire à moins qu’il y ait toujours cru, il est assez bête pour ça.Et habile, ça oui. Mais plus con que lui tu meurs, et je n’ai qu’un regret, c’est que tu n’ai pas eu l’occasion de l’entendre en privé, tu n’écrirais par sur lui ce que tu dis là. Cet haïsseur de Delon, gauchiste quand il le faut, de droite quand ça fait bien, servile toujours (il faut le voir à Drouot, invariablement courbé à se briser les lombaires. Me demande si ses deux fils placé dans la maison le redressent au cric le soir!) Cornette incarne certainement ce que tu méprise le plus. enfin pense comme bon te sembles…viva la muerte! (Ilys revis splendidement non?^^).

    1. XP Auteur de l’article

      « Et que je connais personnellement Cornette de Saint-Syr et XP… »

      Quel cabotiin tu fais! Parisien, va!

      Bon sérieux, il déteste Alain Delon???? Mais quel connard, mais quel connard!!! Ca ne m’étonne pas, remarque, vu sa tête…. La tête à claques deauvillo-neuillyste dans toute sa splendeur, vieux beau toujours
      à machouiller son chew-gum, avec ses ray-ban sur le nez! Je ne suis pas plus socialiste qu’un autre, mais celui-là, donnerait des envies de lutte des classes aux vieilles de Faisant…

      Enfin, très heureux de t’avoir enfin fait ouvrir les yeux sur ce personnage… Je l’ai cité favorablement pour voir si tu suivais…

    2. Misanthrope modéré

      c’est l’époque même, il la défini, la synthétise. Ben aussi.

      Ben, je ne sais pas s’il faut lui reprocher son cynisme ou lui donner acte de son honnêteté mais il reconnaît lui même qu’il fait des choses sans intérêt, parce que d’après lui, « l’art est mort » (l’art pictural figuratif depuis la naissance de la photographie, et comme tout ce qui pouvait se faire en art non figuratif a déjà été fait…).

      Donc, c’est peut-être un chic type dans la vie… 😐

      1. Restif

        Ben, peut-être, Cornette, non . (Et Ben c’est en tout cas un habile, suprêmement. )
        Oui « IL » manque, oh combien. J’espère qu’il n’a pas le couteau de la finance internationale sous le coup, ou pire, que la CIA désormais Obamanienne n’a pas décidé de se débarrasser d’un de ses meilleurs agents d’influence… (A moins qu’une certaine M*** ?)
        On l’espère, malgré tout.Un schopenhauerien se doit d’être pessimiste, mais un bon petit chrétien comme moi espère toujours!

  5. Restif

    Je suis tellement parisien que j’appelle le soldat inconnu par son petit nom et joue au poker avec l’Apollon du Belvédère. Toujours dans le vent, j’ai délaissé Neuilly pour Clichy, infiniment plus smart.
    A part ça :lecteurs, défiez-vous -XP rendrait des points à César Borgia et mettrait dans sa poche cet intello de Machiavel. Ne faites AUCUNE confiance à ce garçon exquis…comme le sont toujours les plus dangereux.
    Damned!

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