Robert Beck naît le 4 août 1918 dans un état du Midwest des Etats-Unis. Issu d’une famille extrêmement pauvre et élevée par une mère célibataire, il passe la plus grande partie de son enfance à Milwaukee et Rockford dans l’Illinois.Des années plus tard il dit qu’avoir été un enfant choyé et gâté par sa mère a été déterminant dans sa carrière de maquereau.
Il entre assez facilement dans une université pour Noirs, l’institut Tuskegee mais abandonne les études et se lance dans la carrière criminelle. Il commence ses activités de maquereau à l’âge de 18 ans à Chicago, qui est encore avant la seconde guerre mondiale, la capitale mondiale du crime et de la pègre et obtient de nombreux succès dans cette sordide carrière. Bien le siège social de sa Maquereau S.A. soit à Chicago, il essaime dans tout le Midwest et possède des maisons de passe dans de nombreux états. Il effectue ses premières années de prison dans les années 50 pour violence et autres voies de faits. Alors qu’il est un maquereau très influent et très respecté dans le milieu, il découvre les drogues et s’en infligent des quantités astronomiques dans les veines et dans le nez.
C’est en 1960, lors de sa troisième incarcération et qu’il effectue sa peine dans un quartier de haute sécurité, complètement isolé, qu’il fait son introspection et qu’il décide de se ranger des voitures. Lors d’une réflexion profonde sur lui-même, il se remet en question et comprend qu’il n’a plus d’avenir dans le métier de souteneur. Il a déjà plus de 40 ans et de jeunes loups aux dents longues encore plus violents que lui n’ont pas demandé la permission pour prendre sa place. A sa sortie, il stoppe net toute activité criminelle. Par la suite, il dit « j’ai compris que j’avais été stupide. J’étais plus âgé et fatigué de cette vie. J’ai eu la révélation que faire le mac, après tout, n’était pas le plus beau métier du monde. J’ai eu le sentiment que j’avais gâché ma vie ». En 1962, il est employé comme vendeur d’insecticide et obtient de nombreux succès commerciaux. C’est à cette même époque qu’il rencontre une femme du nom de Catherine, qui a 20 ans de moins que lui, et qu’il épouse dans la foulée. Une rencontre décisive va marquer son parcours. Il tente de vendre de l’insecticide à un professeur d’université auquel il confie son passé de maquereau. Ce dernier lui propose alors d’écrire un livre sur sa vie. Iceberg Slim accepte mais se rend vite compte que le professeur d’université va l’arnaquer et il a beau être rangé des voitures, ce n’est pas un professeur d’université qui va arnaquer un ex-mac. Il décide d’écrire seul le roman paru sous le titre original : Pimp, the story of my life qu’il met trois mois à rédiger. Le roman est publié aux Etats-Unis en 1967 et reçoit des critiques mitigées. Ce roman semi autobiographique connaît un immense succès notamment grâce à l’odeur de soufre qui s’en dégage et qui choque une partie du public. Pimp est encore aujourd’hui une référence incontournable et de nombreux rappeurs américains de la mouvance gangsta s’en inspirent allègrement. Il publie huit autres romans et meurt en 1992.
Roman légendaire, livre de chevet de tous les rappeurs américains qui se respectent.
Slim Lancaster est un aimable garçon du Midwest qui découvre très jeune les joies de la chaleur et des mystères féminins. Garçon choyé et gâté par une mère qui vogue d’homme en homme, il fait son éducation dans plusieurs tripots et fréquente des prostituées qui au contact de leur souteneur lui donnent ses premiers cours de maquereaulogie. Jeune homme vif et intelligent, il entre la majorité à peine atteinte dans une université pour noirs. Il est vite renvoyé de cet institut bienveillant et échoue en prison alors qu’il « manage » sa première prostituée. En prison, Slim découvre un racisme violent de la part des matons, alors que durant son enfance le racisme auquel il avait affaire était plutôt un racisme latent et condescendant. A sa sortie de prison, il décide de filer à Chicago avec une autre fille qu’il appelle poétiquement la « demi-portion » et qui travaille pour lui. Seulement Chicago n’est pas une ville de province, mais durant l’entre deux guerres, bien encore la capitale mondiale du crime, du vice et de la pègre. Se faisant surnommer « Young Blood », il fait le dur apprentissage de la vie de truand dans une ville hostile. Il rencontre un arnaqueur de première qui s’appelle « Party time », qui l’affranchit sur les us et coutumes de la ville. Il y a notamment une scène comique où notre arnaqueur en chef fait la démonstration de son bagou et de son talent. Puis il rencontre « Glass Top », second plus grand proxénète de la ville, qui est par ailleurs un policier noir de la brigade des mœurs, ce qui lui permet d’exercer son activité en toute quiétude. Mais Glass Top n’est qu’un second rôle en comparaison de Sweet Jones, maquereau noir de 60 ans ayant une haine féroce des blancs et qui règne sans partage sur la ville. Il se vante même d’avoir été le seul maquereau noir de Paris après la Ière guerre mondiale ce qui renforce un peu plus son prestige. Sweet Jones est la caricature du maquereau, il est en la quintessence. On a une description où on le voit se balader avec trois quatre pouliches blanches et noires, habillé de fourrure, et une laisse avec un ocelot au bout, lors d’une soirée qui réunit les macs noirs de Chicago.
Sweet Jones prend le petit Slim sous son aile et lui donne les ficelles pour être un bon mac dans cette ville viciée. C’est également lui qui le surnomme Iceberg Slim lorsqu’il lui raconte qu’il doit toujours paraître glacial et ne jamais sourire et qu’il doit être aussi froid qu’un Iceberg d’où Iceberg Slim. Suivant les conseils de son mentor et obéissant aux règles de ce qu’il appelle un « livre non écrit » Iceberg Slim devient vite une pointure dans son milieu et arrive à monter une écurie dans laquelle il fait tourner des filles qui chaque soir doivent aller faire le trottoir et lui ramener une belle liasse de billets sinon, elles sont soumises au supplice du cintre. Donc on suit ce sordide voyage d’un maquereau noir dans l’avant et après seconde guerre mondiale.
Ajoutons quelques remarques sur ce livre. Il est de prime abord assez amusant de constater une certaine naïveté dans les propos de l’auteur, un peu comme un gosse écarquillerait les yeux à Disneyland, lorsque celui-ci découvre le milieu dans lequel il veut se faire une place au soleil. De plus, ce bouquin est bien écrit et mêle l’argot des noirs américains avec une écriture plus classique. Il y a aussi des expressions que nous savourons car très imagées et évocatrices.
Cela dit, nous comprenons pourquoi ce roman est la référence absolue pour nombre de jeunes noirs des ghettos et aussi pour des rappeurs dont Snoop Dog, Ice T ou bien d’autres encore. Néanmoins, ces rappeurs trahissent la pensée d’Iceberg Slim puisqu’ils vantent l’image du maquereau et en font l’apologie en totale contradiction avec le message qu’a essayé de faire passer l’auteur tout au long de sa vie d’homme rangé des voitures. L’influence de ce livre dans la culture populaire américaine est concrète et visible. Une chanson du rappeur 50 Cent s’appellent PIMP et le personnage d’Huggy les bons tuyaux dans la série télévisée Starsky et Hutch s’inspire directement d’Iceberg Slim. On peut également citer la folklorique Player’s ball.
J’ai lu ce bouquin il y a un certain temps déjà. Un peu laborieux, vu que toutes les trois phrases, le narrateur se vante d’avoir une « écurie » (c’est le mot employé dans la traduction) de putes et se prend pour la crème de la crème. Du coup, je ne suis pas allé jusqu’au bout, et le souvenir que j’en ai, c’est une apologie du crime à peine plus élaboré que les « textes » des rappeurs d’aujourd’hui.
Détail cependant intéressant : on y découvre que la pratique du viol collectif était déjà très répandue parmi les noirs américains dès les années 60, et connue sous le nom de « train » (on imagine aisément pourquoi).
Bref, une success-story afro-américaine qui, une fois de plus, donne l’impression que pour réussir, un Noir doit être sportif, musicien ou criminel.
Au passage, je me permet de rappeler que le maquereau est traditionnellement en bas de la hiérarchie des criminels, puisque son activité consiste essentiellement à cogner sur des bonnes femmes pour qu’elles fassent le trottoir, activité qui requiert certainement pas mal de technique mais fort peu de cran.
Il y a un truc qui me trouble: c´est nettement moins mal écrit que les fiches de lecture précédente. Certes il y a toujours quelques tournures lourdaudes de niveau collège… encore un peu et ce sera digne d´une critique de télé Z, voire même de télé 7 jours. Or je pensais qu´en fait c était volontairement aussi mal écrit, je pensais que « Cherea » était un avatar d´un rédacteur habile d´ilys, qui moquait ainsi la critique des romans noirs. Je participais au jeu en relevant cette éclatante médiocrité, cabsurdement décalée dans un blog d´élite. Se pourrait-il qu´en fait ce ne soit pas le cas ?
Je n´ai pas décidé… Parce que sur le fond, c´est quand même assez cocasse, le livre de référence des rappers ne pouvant être évidemment qu´un sombre étron littéraire, mais c´est une évdience dans ce genre tellement mineur qu´est le « roman noir ».
« le surnomme Iceberg Slim lorsqu’il lui raconte qu’il doit toujours paraître glacial et ne jamais sourire et qu’il doit être aussi froid qu’un Iceberg d’où Iceberg Slim »
Ce n’est pas ainsi qu’il a acquis son surnom, c’est quand on lui a tiré dessus et qu’il n’a eu aucune réaction de peur, tellement il était défoncé.
Ce qui est vraiment intéressant dans ce livre c’est la description du mécanisme de contrôle psychologique du mac sur ses gagneuses:
Elles sont amoureuses de lui et sexuellement dépendantes de lui.
Le mac devient en quelque sorte la pute de ses putes et le jour où il accepte de faire l’amour à une de ses filles sans qu’elle lui donne son argent pour ça (et dieu sait qu’elles s’y essayent), il a perdu tout son pouvoir sur elle et c’est le début de la fin.
Oui c´est cela, c´est sociologiquement intéressant. Cela décrit la réalité du métier de mac. Je suis presque certain de ne pas me tromper en disant que cela doit être un livre de référence non seulement pour des rappers analphabètes comme « Cherea » nous le répète deux fois des fois qu´on n´est pas compris la première mais également pour le « sociologue du réel » (TM) Alain Soral… J´imagine qu´XP doit se retourner dans sa tombe.
Ilys est un blog d´élite, il y a des commentateurs comme Restif, Nebo ou Misanthrope modéré, par conséquent cette série de fiches de lecture aussi pitoyablement écrite qu´elle chronique de la littérature de lecteurs de Libération (dernier échelon dans la hiérarchie derrière la littérature pour coiffeuse) ne peut être qu´un pastiche estival.
Je suis connecté à ilys en ce moment: j’ai deviné que le pote de John Terby Jr avait un chien que XP aimait Nabokov et je vais donc vous livrer en exclusivité la prochaine fiche de lecture de Cherea:
« parce que c´était toi parce que c´était moi » de Guillaume Muzo.
Partie 1 l’auteur: Guillaume Muzo est né dans le ghetto de St Tropez. Très jeune deux expériences formatrices marquent sa vie à jamais: à cinq le petit Placide Renart lui vole son sac de billes, il pleure et découvre la dureté de la vie, mais c´est dans cette même journée qu´il fait sa deuxième expérience formatrice: la petite Anais Lebrun lui fait un bisou pour le consoler. Il découvre alors la force de l´amour qui peut combattre la dureté du monde, il fera de cette expérience formatrice et de cette découverte fondamentale l´oeuvre de sa vie. Mais avant de faire éclater la vérité au monde et réchauffer le coeur de nombreuses ménagères de moins de cinquante (et parfois de plus car le message de Guillaume Muzo est universel). Il vivra une vie d´aventurier engagé: passant son capes il devient prof de Sciences économiques et sociales et passe de grandes vacances à new York. Plus tard il passera très près de la mort quand le caniche de Madame Bernard essaiera de l´étrangler en lui mordant les testicules. Pendant les six mois de congés maladie (pour dépression nerveuse) que lui octroie l´éducation nationale suite à ce terrible accident, il écrit « parce que c´était toi parce que c´était moi », l´un des plus gros succès de la littérature francophone de ce siècle tout comme son autre livre « plus qu´hier moins que demain »
Partie 2: le livre
Dans « parce que c´était toi parce que c´était moi » , le héros un jeune homme cherche un sens à sa vie. Il est plein d’entrain et dynamique mais parfois il se demande à quoi le mène la brillante carrière de professeur certifié de Science économique et sociale qu’il mène tambour battant. Et puis un jour il rencontre Claire, la fille de Popol le charcutier qui fait si bien le fromage de tête. C’est la rencontre entre ces deux êtres que tout oppose à laquelle nous convie Guillaume Muzo. Le style est flamboyant est parfois un peu difficile à suivre; un sujet, un verbe, un complément d’objet direct si besoin c’est à dire pour les verbes transitifs, parfois même un complément de lieu ou de temps. rarement des phrases nominales. Mais l’auteur nous invite surtout à sonder les profondeurs de l’âme humaine et nous ressortons difficilement indemne de ce voyage au coeur de nous même. D’ailleurs ce livre est un ouvrage de référence dans les milieux de la variété issu de la télé-réalité: Jenifer de la star ac a même avoué avoir lu les dix premières pages.
Conclusion: c’est un très bon livre avec des figures de style un peu compliquées comme des métaphores donc ne vous découragez pas le jeu en vaut la chandelle.
@Lettow & Rosco,
Bien lu, effectivement ce sont des fiches que j’avais écrites il y a pas long d’un lustre pour un blog collectif sur le polar qui ne s’est jamais monté…alors je les recycle pour le mois d’août, faut nourrir la bête…je confesse que c’est mal écrit et lourd…Néanmoins, c’est exactement ce que c’est, une présentation: un auteur un bouquin, on dévoile un peu l’histoire…point barre…ce n’est pas une critique…et puis le jour que je voudrais faire dans le style pour la critique ou la présentation…et bien je ferai dans la narration…
Sinon, il y a aussi « La Minute prescrite pour l’assaut » de Jérome Leroy^^^^… huhuhu. Cela serait vraiment punk.
Bon allez promis, j´arrète. Je n´ai vraiment pas été gentil, Cherea.
Au fait où est donc passé Denis l. Disparu avec la dernière mouture ilysienne ?