Donald Goines: l’accro.

Né à Détroit dans l’état du Michigan en 1937, Donald Goines est issu de la bourgeoisie noire de l’époque. Il fait vite l’école buissonnière et de mauvaises rencontres qui le poussent sur la pente du crime. Il est très actif dans le trafic de stupéfiants. Après avoir servi en Corée et au Japon, il se lance dans la littérature alors qu’il est incarcéré à la prison de Jackson dans le Michigan. Il a été très fortement influencé dans son œuvre par Iceberg Slim, auteur que nous découvrirons prochainement. Son style mêle le langage classique et l’argot des Noirs américains.

Il a écrit semi-autobiographie qui s’appelle Whoreson.
Une fois entré en littérature, il ne s’arrête plus, passant son temps à écrire. Il livre 16 romans en seulement cinq ans. Sa femme et lui sont retrouvés criblés de balles le 21 octobre 1974. Il avait 37 ans. Son ou ses tueurs ne seront jamais appréhendés. Le mobile du meurtre reste inconnu mais l’hypothèse la plus probable est que la mort de l’écrivain résulterait d’un trafic de drogue qui aurait mal tourné.

Il est mort comme il a vécu.

Donald Goines nous laisse une œuvre très noire décrivant la réalité des ghettos noirs américains dans les années 60-70.
Il a une grande influence sur la communauté noire américaine et notamment sur les rappeurs qui n’hésitent pas à le citer.
Deux rappeurs américains reconnus, Nas et Tupac, le nomment dans leurs chansons.

« My life is life is like Donald Goines novel » – from ‘Escobar ’97 Freestyle’ [1997]

« Machiavelli was my tutor Donald Goines, my father figure  » – from ‘Tradin’ War Stories’ All Eyez On Me [1996] .

L’action se déroule à Détroit, dans le Michigan, lieu de naissance de Donald Goines et principalement dans le ghetto du quartier noir. Nous suivons les tribulations de Teddy, un jeune noir du ghetto qui passe son temps à se droguer et à chercher l’argent pour acheter son héro avec ses collègues de vice. Il a pour petite amie une jeune fille bien sous tout rapport nommé Terry. Celle-ci ne se drogue pas et essaie de vivre une vie rangée en travaillant comme vendeuse dans un grand magasin. Terry est la fierté de ses parents, honorable couple qui appartient à la bourgeoisie noire de l’époque.
Teddy se fournit en drogue chez un dealer surnommé Porky qui a hérité de ce sobriquet à cause de son obésité. Porky règne en dictateur absolu, tel un petit Mobutu, sur un appartement qui sert de lieu de défonce à tous les toxicomanes du quartier. Donald Goines nous fait une description hallucinante de ce lieu de tous les vices dans lequel les toxicomanes sont prêts à subir toutes les humiliations pour avoir leur dose de drogue. Il décrit notamment le dealer comme un être foncièrement mauvais qui tire son pouvoir du produit qu’il vend à des personnes complètement dépendantes. Il y a également une critique sociale acerbe, bien qu’assez légère du rapport de domination de noirs sur d’autres noirs. Les Noirs dans ce roman n’hésitent pas à exploiter les femmes à travers la prostitution. Mais revenons à notre histoire. Plus le roman avance plus nous assistons à la déchéance de la jeune Terry qui touche juste une fois à la drogue pour faire plaisir à son petit ami. Cette unique fois est fatale. Elle devient au fil des pages complètement dépendante, perd son travail, est en rupture avec ses parents aimants et s’avilit de plus en plus pour payer sa dose de drogue.
Au fil des pages nous assistons à l’autodestruction de tous les protagonistes de ce roman vraiment très sombre. Nous lisons également des scènes insoutenables qui illustrent la déchéance humaine dans toute sa gravité. Il n’y a aucun espoir dans ce roman et tous les héros ou antihéros de ce livre sombrent inexorablement.
Ce roman très dur est une critique très vive de la drogue et des conditions qui font que des jeunes gens se livrent à cette activité destructrice : chômage, pauvreté, aucune perspective d’avenir…
Cette lecture s’avère être très difficile, non pas tant au niveau du style mais plutôt au niveau de certaines scènes, notamment une dans les dernières pages qui est absolument éprouvante.

Ce livre tire son intérêt de la force des descriptions du ghetto noir américain et peut quasiment s’apparenter à un reportage mettant en lumière les responsabilités de la communauté noire américaine des années 60 de sa condition. Réalité bien lointaine du rêve américain qui a été vendu à cette époque par les discours de JFK ou par le cinéma hollywoodien.
Malgré la noirceur de ce livre, l’accro fait œuvre de salubrité publique en montrsnt tout le pathétique des toxicomanes tout en évitant la dose de moraline quasi obligatoire.

« Le dealer avait bien des défauts, mais pas celui-là. Il n’était pas un junkie. »
« C’était le jeu de la vie qu’il jouait avec tous les junkies. Seulement voilà : les junkies recevaient des cartes truquées et c’était lui qui distribuait. »

8 réflexions sur « Donald Goines: l’accro. »

  1. lettow

    Cherea, on dirait des fiches de lecture de lycéen. Tout au moins vous en avez le style d´écriture ultra-plat :
    -« Ce livre tire son intérêt de la force des descriptions
    Cette lecture s’avère être très difficile, non pas tant au niveau
     » etc etc…

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