Boutin, à qui l’on reproche ces jours-ci de percevoir 9500 € mensuellement pour attraper les mouches par derrière se défend  en faisant la seule chose qui semble décidément dans ses cordes, c’est à dire en enfilant.

Ce qu’en l’occurrence elle enfile pour tenter de faire taire les critiques, ce sont les bobards par omission ou suggestion :

D’abord, elle argue du fait que sa rémunération est légale, ce qui consiste à laisser croire ou entendre que c’est de ça dont il s’agit, que c’est d’une fraude et d’une entorse à la loi qu’on essaye de la convaincre, alors que c’est la légitimité de sa rémunération dont il est question…. Or, se défendre dans un procès en immoralité ou en illégitimité en faisant savoir que la loi permet de faire ce que l’on fait, c’est dire en substance à ses contempteurs ce que je fais est mal du point de vue des principes, mais j’en ai rien à foutre des principes, attitude particulièrement scandaleuse quand elle est celle d’une Boutin, soit d’une dame qui s’est taillée une place sur l’échiquier politique en s’autoproclamant la gardienne et la représentante d’un certain nombre de principes.

Elle suggère ensuite une contre-vérité en comparant la somme qu’elle perçoit mensuellement avec le salaire d’un haut-fonctionnaire pour convaincre de ce qu’elle n’est pas exorbitante. Car en effet, aucun mandat et aucune mission politique n’a jamais ouvert droit à un salaire mais à des indemnités, lesquelles sont censées compenser celui que percevrait une personnalité politique si son engagement ne l’empêchait pas d’exercer une activité professionnelle. Or il se trouve  que madame Boutin est en âge de toucher une retraite et qu’elle en touche d’ailleurs une, ce qui signifie qu’elle ne pourrait pas toucher un salaire  en sus sa pension de retraite et que  son indemnité n’indemnise en vérité rien du tout.

Je profite de cette affaire pour souligner un fait difficilement contestable : si je n’ai pas toujours raison, force est de constater tout de même que j’ai très souvent raison. J’avais dit ici même et en d’autres temps qu’ une vendeuse de moraline professionnelle comme la Boutin était séparée de son prochain non  par une propension à s’abstenir de la petite crapulerie ordinaire, mais par cette manière de la commettre au grand jour, presque avec candeur, sans que la honte ne vienne la contre-balancer, en étant persuadée d’être quoi qu’il arrive assise sur un capital de respectabilité inépuisable et sans cesse alimenté par le Bon Dieu…. Boutin se prend pour la Paris Hilton de notre Sainte-mère l’Église, la fille ainée du Père éternel, elle pense qu’elle peut se servir au rayon saloperies sans compter, que Papa finira toujours par régler la note.

Plus précisément, j’avais dit de ces gens-là qu’ils n’avaient jamais le moindre scrupule à jeter en pâture le nom de gens qui bénéficient des mêmes passe-droits qu’eux si on venait à les leur reprocher, et j’avais cité en exemple son directeur de cabinet qui menaçait publiquement de publier les noms, adresses et numéros de porte de ceux qui, comme lui, étaient logés indument par la Mairie de Paris…. Et bien figurez-vous que les mêmes causes produisant les mêmes effets, mémère a fait savoir qu’elle pourrait  balancer elles aussi du nom propre et ses petits camarades de gamelle pour garder la sienne et dire qui est à ce jour grassement payé pour présider une commission de mes couilles… De la petite saloperie ordinaire, mais que vous et moi commettons d’une cabine téléphonique, avec un chapeau sur la tête et des lunettes noires quand Boutin la catholique ne voit pas ce qu’il y a de mal à foutre des gens dans la merde pour en sortir soi-même.

Boutin triche et vole comme tout le monde mais elle est en plus désinhibée, et c’est du fond d’un bénitier qu’elle tire cette aisance, en vertu d’un processus dont le caractère satanique ne fait pas le moindre doute.