Beyond zero

Je ne sais pourquoi, sans doute suis-je un affectif qui s’ignore, mais l’impression d’être un incompris me taraude après avoir lu l’article de Pierre Schneider pour le Ring sur la réacosphère.

Je n’aime pas cette sensation. Elle me donne envie de chouiner un peu sur mon sort.

Et je déteste chouiner.

Ainsi, même si on écrit sans cesse ici -depuis des années…- que le racisme anti-français, s’il existe, est un concept sans aucun intérêt et nullement opérant, voilà que la réacosphère, dont fait semble-t-il partie ILYS, est accusée de reprendre l’idée sans recul.

J’avoue ma perplexité.

Sans compter les larmes qui me montent aux yeux en ce moment même devant cette cruelle injustice.

D’autre part, certes, le dernier kiss-in devant une église, on en parle. Oui. J’avoue. Mais pour en dire quoi ? Hmmm ?

Parvenu là, je regarde les derniers posts parus sur ILYS. A la limite il n’y en a qu’un ou deux sur vingt pouvant répondre à l’habile définition de la première tendance de la dite réacosphère. Définition que je vais me faire le plaisir de reprendre ici,

« bouh les arabes les pédés décadence les noirs ca grouille Delanoé bamboula complot Muray rastaquouère beurk métissage HLM islamisme souchiens Dieudonné Soral invasion casquette ».

Et avec les guillemets et l’italique s’il vous plait.

Oui. Je sais. Je me justifie. C’est toujours un peu laid quelqu’un qui se justifie. Presque autant que les coupes en brosse, le dimanche, dans le parc de Versailles ou de Marly, avec les bermudas bleu marine et le ballon de rugby qui passe de mains en mains au nom de la France.

Véridique.

Les cathos-fachos donc. Tout une idée là encore. J’en ai croisé. Ils ne se revendiquaient pas comme ça hein. Mais bon, ils en avaient l’allure. L’allure que je pouvais m’en faire.

On a jamais pu se comprendre eux et moi. Peut-être justement parce qu’il y avait eux et puis qu’en face il y avait juste moi. Peut-être parce que ma ville royale n’était pas la leur. Peut-être parce que je n’étais pas assez sérieux à un moment. Je n’en sais rien. Je m’en moquais complètement et eux aussi. Pas du même monde, mais pas assez différents pour avoir l’idée de se rentrer dedans. Et puis on jouait au foot dans la même équipe. A défaut d’aller à la messe ensemble, comme disait Thierry Roland, c’était déjà ça.

Quant aux mecs qui rajoutent, sorti de nulle part, un petit « youpin » entre « bougnoule » et « nègre » en voulant évoquer vos prétendues obsessions, pour sûr que je les comprendrais jamais eux aussi. Doivent être trop proches de Maistre ou de Péguy pour moi. Trop haut. Trop loin.

Trop fort.

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

26 réflexions sur « Beyond zero »

  1. Nicolas

    Ben que M’sieur Schneider ne se prive pas hein. Qu’il nous montre la voie. Alors, 1° on évite de parler d’immigration, on fait semblant de rien ; 2° on chronique les dernières publications ou court-métrages des copains avec des airs un peu moins niais qu’Arnaud Parlote sur France Cul (en même temps c’est pas difficile) ; 3° ? hum… tertio c’est quoi ?

    Rhaâ j’suis pas doué pour faire cultureux respectable pas pris aux Inrocks… c’est rageant.

  2. Panda Bourré

    Article condescendant, qui descend des sites visiblement pas lus, le niveau de Ring a sacrément chuté.
    Nous ne pourrions pas postuler chez eux de toute façon, n’ayant pour la plupart d’entre nous aucun livre à vendre (enfin si, mais d’occase donc pour moi ce sera pluto Kosciuzko-Morizet que Kersan à l’heure actuelle), et je crois que je serais déçu si ça devenait le cas.
    Le flou total quant aux motivations de l’arrivée de chacun de nous ici m’interdit de parler pour autrui, mais en ce qui me concerne, la réacosphère puisque c’est la zone géographique du net dans laquelle on a rangé notre adresse, c’est juste un point idéal pour jeter des cacahuètes (et des dragées Fuca) aux singes du zoo. Je laisse le militantisme aux adolescents à puberté difficile et pucelage imperdable, déjà donné, jouez sans moi. Li Bai et Archimède le Clochard m’attendent pour boire un coup, et ça c’est pas des choses qu’on peut mettre en ligne, tant pis pour la réacosphère et pour ses vivisecteurs de tous bords.

  3. Panda Bourré

    Plus généralement, nous n’avons pas d’obligation contractuelle de ressembler à l’idée qu’on peut se faire de nous avant même d’être venus nous voir. Ou alors il faudrait nous payer mieux que cela.
    Bon là normalement il serait temps que l’un d’entre nous se fende d’un truc sur le grand complot sioniste et ses instruments arabo-afro-gays (à la queue leu leu !) mais je ne me sens pas inspiré ce soir et je me contenterai de répondre à une Grande Question : peut on conserver un Cabernet d’Anjou plus de 20 ans ?
    Ma réponse est : si votre cave est bonne, oui mais n’en faites pas une habitude non plus, ne tentons pas le diable. Le vin prend des teintes de cuivre et une exquise complexité qui ravit, mais pour celui qui n’a pas eu de bol, ça sera imbuvable, par contre. J’ai eu de la chance.

  4. XP

    C’est vrai que l’articulation entre tradition et innovation, Guénon, Evola, tout ça, on en a jamais parlé.

    Il aurait fallut qu’on écrive

    I Les réactionnaires
    1/Condition d’une République réactionnaire.
    a/L’héritage de Péguy, plouf plouf.

    J’aime bien Ring,pour plein de raison. Du coups, j’avais pas vu à quel point cet article est nul… Tellement que je me demande s’il ne serait pas mal intentionné.

  5. Irena Adler

    Pour info, le poisson utilisé pour l’illustration de l’article est un Cyclidé : vraisemblablement un poisson des grands lacs d’Afrique. Curieusement, ces animaux sont particulièrement intelligents, évolués… sociaux ! Bien plus que sauraient l’être nos bonnes vieilles truites septentrionales, et même les gros brochets placides qui peuplent nos marais. Les Cyclidés possèdent aussi une caractéristique amusante – propre aux « cartilagineux » – qui est de grandir tout au long de leur existence ; ils peuvent donc, car ils vivent longtemps, atteindre des proportions quasi-Nessiennes (de Nessie, le monstre écossais).
    En Afrique, il apparaît donc – curieusement – que ce soit « beyond zero » qu’on trouve les formes de vie intelligente les plus remarquables… alors que dans l’Hémisphère nord il semble que ce soit le contraire. Edifiant, n’est-il pas?

    1. Irena Adler

      « L’intelligence de la chair », c’est une jolie expression. Par curiosité, j’ai fait une recherche Google : il en résulte que c’est un terme qui est surtout utilisé dans le contexte religieux. Exemple : « Ils partent en Egypte pour que Jésus échappe au massacre des soldats d’Hérode. Ils ne sont pas riches. Ce sont de petites gens qui ont l’intelligence de la chair, du coeur et de la vie spirituelle. »

      Ce qui est amusant, par ailleurs, c’est que les premiers chrétiens se figuraient le poisson comme un symbole du Christ.

      ***

      Plus prosaïquement un aquariophile m’a rapporté que le Cyclidé africain, non content d’avoir un personnalité hors du commun* était réputé pour son goût délicieux (il est l’objet d’une pêche intensive). ^^

      Le Macropinna, en revanche, qui semble exhiber son cerveau en vitrine, je ne sais pas…

      *C’est un carnassier territorial. Agressif et casanier comme le chat, s’il vit dans un aquarium qui ne lui plait pas, il le réaménage volontiers lui-même. Un ami en a possédé un (magnifique, très coloré, je l’ai vu en photo, sa silhouette – pas sa tête, bien sûr – ressemblait à celle du Macropinna ci-dessus, d’où ma honteuse erreur ; il était énorme, seul : il avait mangé tous ses colocataires) qui, m’a-t-il dit, suivait les gens du regard et fonçait brutalement contre la vitre, à la manière d’un chien, lorsque son maître approchait). Habitués à des lieux sans végétation et possédant l’instinct maternel, la plupart élève ses petits à l’intérieur de sa propre bouche afin de les ôter de la vue des prédateurs. Le mâle dispose parfois d’un harem, il peut aussi (au sein d’une même espèce) vivre en couple avec la même partenaire tout au long de sa vie, et il arrive parfois dans ce dernier cas, lorsque l’un des deux poissons meurt, que sa moitié se laisse mourir à son tour, de chagrin. 🙂

  6. la crevette

    Entièrement d’accord avec Eugène.L’auteur a voulu faire réagir et il a réussi et c’est regrettable,je trouve, que tant de réactions se soient exprimées : cet article est tellement nul que la décence, la politesse la plus élémentaire et surtout un bon sens éducatif auraient voulu que l’on détourne le regard et que l’on n’en dise rien.Quand un de mes enfants (car cet article est digne d’un très jeune ado) me ramène une note « beyond zero »,je me tais et lui demande de se taire et de ne pas se lancer dans d’impossibles explications ou excuses.
    Cette manie collectiviste de vouloir fourrer tout le monde dans le même sac (la Réacosphère) est tellement horripilante, tellement primaire que les bras m’en tombent.

  7. Irena Adler

    Curieux… le texte de la capture d’écran (que j’ai faite, bêtement, après avoir pris le temps de commenter là-bas à plusieurs reprises), me semble déjà comporter au moins une phrase entre parenthèse de plus que lorsque je l’ai lu la première fois… dois-je faire confiance à ma mémoire?

    Je pense que la Crevette devrait savoir de quoi je parle lorsque je dis que DK (Déca?) est un homme dont il faut se méfier. Si elle est bonne, comme je le pense au fond, elle prendra la peine de confirmer.

    1. Irena Adler

      J’ai écrit plus haut :

      « Curieux… le texte de la capture d’écran (que j’ai faite, bêtement, après avoir pris le temps de commenter là-bas à plusieurs reprises), me semble déjà comporter au moins une phrase entre parenthèse de plus que lorsque je l’ai lu la première fois… dois-je faire confiance à ma mémoire? »

      Je parlais bien de la phrase entre parenthèses que vous avez citée.

      ***

      J’ai ajouté ceci sur le RING, pour plus de précision, en commentaire n°52 :

      Ajout tardif :

      @ D. Kersan

      « (cela ne concerne qu’une partie éphémère des blogs cités ci dessus) »

      Je ne sais si j’ai manqué ce passage à ma première lecture ou si vous l’avez rajouté sans que je m’en aperçoive, toujours est-il que même si votre accusation d’antisémitisme n’était pas « généralisée », comme je l’ai prétendu, elle ne s’adresse à personne en particulier (monsieur Kersan ne prend pas le risque de donner des noms), c’est-à-dire qu’elle s’adresse en puissance à tout le monde. – Ce qui à mon avis témoigne davantage d’un mélange de flemme et de lâcheté, que de véritable prudence.

      L’essentiel là-dedans restant bien sûr l’abjection de ce qui n’est rien d’autre qu’un recours supplémentaire à l’accusation (censément « paralysante ») d’antisémitisme de la part d’un homme qui se sent acculé au mur car il n’a ni l’habitude de recevoir des critiques, pas plus qu’il n’a – de fait – développé l’aptitude intellectuelle à leur faire face dignement.

      Paracelse a très bien répondu à ce sujet. Le mot « antisémitisme » désormais nous fait rigoler. Voilà ce qu’ont gagné les bons directeurs de conscience israéliens de l’Occident qui mènent désormais la chasse aux sorcières y compris dans leur propre camp, y compris chez des enfants de déportés, afin d’éradiquer, vulgaires despotes qu’ils sont, toute opposition démocratique, à grossir artificiellement leur liste méticuleuse de « nazis », parce qu’ils doivent à ces derniers la fondation d’Israël (dixit Rav Von Chaya) et qu’ils sont les seuls garants (hélas pour eux en voie d’extinction) de leur vital statut de « bouc-émissaire » sacré.

      Pour la petite histoire, l’écriture de la Bible (et donc le remplacement du sacrifice littéral de l’agneau sur l’autel, par sa métaphore écrite, la lecture et le commentaire des textes sacrés), a commencé à partir du moment où Nabuchodonosor a chassé les juifs d’Israël. On peut donc considérer que l’identité spirituelle du peuple juif (leur rapport viscéral à l’écrit et à la parole, leur sagesse mélancolique, leur aptitude à s’approprier avec amour la culture d’autrui, leur morale du faible,) on peut donc considérer que tout cela est né avec leur premier exil… et disparaîtra à nouveau avec la disparition (voulue par eux) de leur diaspora. Les ultra-orthodoxes juifs vivant en Israël sont de cet avis, qui considèrent que leur Messie n’étant pas encore venu, rien dans les écritures saintes ne justifie que l’Israël actuel ait été fondé, ni plus encore que son gouvernement ait reçu une mission sacrée.

  8. Irena Adler

    « 1/Je ne sache pas que David Kersan nous mette en cause dans son commentaire. »

    Pas dans son dernier commentaire, non. Mais le nom d’ILYS apparaît dans son article.

    « Et plus généralement, nous n’avons aucun conflit avec lui. »

    Blueberry a tout de même écrit l’article que nous commentons actuellement en réaction à celui de M. Schneider. Vous-mêmes êtes intervenu là-bas personnellement par trois fois, et pas particulièrement pour le flatter.

    « 3/Je ne sais pas à quoi vous faites allusion à propos de David Kersan et de la crevette, mais s’ils sont en conflit, comme vous semblez l’insinuer, et s’ils ont l’intention de l’étaler sur la place publique, ils sont assez grands pour le faire sans vous. »

    Je n’ai pas le droit de dire ce que je sais à ce sujet. Mais ce que je sais, je le tiens du Déca lui-même. Et je suis solidaire de toute femme à qui le Déca a fait des problèmes. D’autant plus quand c’est une femme de qualité, comme La Crevette. Je tenais à ce qu’elle sache que je suis de son côté, vous me pardonnerez.

    Quant à mon indiscrétion, pardon. Mais j’en ai autant à votre service. Je pourrais vous interroger sur les raisons de la vôtre, lorsque vous avez pris le pari que j’étais bien celle que vous savez que je suis, en faisant mine de n’avoir jamais eu vent de la chose, alors que… bon. Bref.

    « 4/Pour moi, Ring, c’est dans mon esprit lié à Dantec et aux insultes de Soral, et à titre personnel à un excellent ami qui y a collaboré. »

    Qui vous dit que je déteste cet endroit et que je n’y connais personne ?

    2/Je ne vois pas l’intérêt de créer des problèmes là ou il n’ y en a pas.

    Je me contentais juste de répondre à l’impatience non dissimulée de monsieur Hideki Tojo, que j’imagine être un bon ami de monsieur Hibiki Yoshikuni, dans le fil de l’article de M. Schneider, que je cite :

    « 28. 25/05/2010 18:48 – Hideki Tojo
    Bon vous répondez Monsieur Pierre Schneider ?????? »

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