L’orthographe est une discipline forgée pour les femmes de ménage, les garagistes, les coiffeuses et les nègres à lunettes envoyés à la rue d’Ulm par des instituteurs francs-maçons pour leur apprendre à mieux formuler la haine que leur inspiraient l’odeur dégagée par les blancs, c’est une affaire entendue.
Plus exactement, elle n’est pas faite pour ces gens mais pour qu’en automates, ils s’emparent et ravagent à la Hun les champs de l’art et de la littérature, qu’ils arrachent, tirent vers le bas et transforment les jardins secrets des créateurs en laboratoires de la discrimination positive.
C’est profondément laid, une femme de ménage qui juge un texte à la maîtrise de l’orthographe de son auteur… Les grecs nous avaient d’ailleurs fourni avec deux mille ans d’avance et plus la métaphore qui éclaire cette catastrophe, puisque la servante thrace qui se moque de Thalès ressemble trait pour trait à la kagneuse qui fort de ses huit ans d’études, s’autorise à lire des livres pour s’émanciper, dire ce qu’elle en pense et s’appuyer sur cette masse dont elle est un échantillon pour imposer l’idée qu’elle s’en fait.
Une femme de ménage par naissance et vocation qui apprend la littérature à la faculté, c’est aussi le pendant du bédouin saoudien qui se mouche dans les rideaux d’organdi du Carlton, du Hun dans le champ du sédentaire, du gitan roumain qui pisse dans la piscine municipale à la faveur d’une absence de contrôle au faciès à l’entrée de l’établissement.
Attacher de l’importance à l’orthographe, c’est mettre un doigt dans un engrenage, introduire des homo faber dans la salle de conférence bruxelloise où Baudelaire fait part de ses démons pour qu’ils jugent le poète à sa cravate, sa diction, sa propension à plaire à tous, enfin pour le dire d’un mot qu’ils fassent de chaque recoin de l’univers une annexe du monde de l’usine
Tout ceci est d’autant plus regrettable qu’après avoir forcé les portes de la création à coups d’othographe, les homos faber, les saoudiens et les femmes de ménage mettent ensuite leurs pattes sur le style qu’ils transforment en Belles Lettres, en putains de belles lettres bien dégoulinantes et bien jolies, affreuses comme un roman écrit par un prolétaire des lettres, un imbécile ayant avalé les fables de La Fontaine pour forcer les portes de l’Académie, un Paul Bourget, un parasite, étant bien entendu que dans l’acceptation la plus pure du terme, le parasite est le conservateur qui reproduit, suce les cadavres, se garde de la moindre tabula rasa pour refaire à l’identique ce qu’ont fait les morts et ce que pour tout l’or du monde ils ne feraient pas aujourd’hui… Ce ne sont pas leurs morts, mais la Mort, que les conservateurs chérissent, et la nuance est hélas assez subtile pour que les gens n’y voient que du feu.
En littérature comme en peinture, le style réside dans la manière d’atttaper au lasso la force et la beauté de l’ instant vécu, de reproduire à l’identique ce qui est passé un instant sous nos yeux tandis que les autres s’emmerdaient ferme et ne voyaient rien…. Si la lumière qu’il a furtivement vue se retrouve dans l’oeuvre du Créateur, peu importe alors qu’il rende ce qu’il a reçu en phrases proustiennes ou en trois mots d’enfant, en toiles chatoyantes ou en traits de crayon plus sommaires que ceux du Picasso qui croquait Don Quichotte.
L’orthographe est du reste une saloperie encore bien plus grande que celle dont je viens de vous faire état.
Les pays occidentaux ont fait de l’émancipation des masses en général et du culte de l’orthographe en particulier une espèce de religion totémique qui les pousse à jeter leurs devises à la rivière, pareil à ce que les indiens balançaient les canons des portugais dans leurs fleuves sacrés pour les offrir à leurs Dieux…. Quand les historiens feront dans trois siècles la chronique de notre débâcle, ils se demanderont sans trouver la réponse pourquoi nous avons jeté notre or dans la gamelle du mammouth de l’éducation nationale pour apaiser ses craintes, alors qu’avec ce trésor, nous avions dix fois les moyens de vitrifier nos ennemis….En 2010, en France, on offre au mammouth de l’éducation nationale deux fois la somme que l’on consacre à la défense nationale, et si l’on faisait la part de ce qui est consacré au simple apprentissage d’une orthographe qui n’était pas en vigueur à l’époque du Grand Siècle, on se rendrait compte de ce que ce fétichisme relève littéralement de la folie, du délire du possédé.
Si nous sommes des ignares, c’est que nous n’avons rien appris aux écoles, mais si nous sommes cultivés, nous avons acquis 98% de notre savoir dans le silence d’une chambre, et tous autant que nous sommes, nous avons passé plus de temps assis devant des Maîtres qu’Alexandre devant Aristote ou Néron devant Sénèque…. Il s’agit là d’un délire collectif, d’une maladie mentale répandue à l’échelle d’au moins quatre générations et d’un milliard d’hommes, de centaines de tonnes d’or jetées au fleuve en hommage au mammouth et de la croyance irrationnelle en l’émancipation de l’homme par l’accumulation de connaissances.
La démence sur laquelle repose ce culte de l’orthographe apparaît d’autant mieux qu’il existe aujourd’hui des ordinateurs munis de correcteurs, si tenté qu’il faille encore ménager les susceptibilités des femmes de ménage…. Alors pourquoi financer toujours les rentes des instituteurs, des professeurs de collège et tolérer que ces prêtres vivent encore sur le dos de la collectivité?
D’autant me diront que si les enfants arrêtaient de perdre leur temps dans l’apprentissage de choses inutiles, on ne saurait pas comment les occuper.
A ceux là, je répondrais que jusqu’en 1960, le travail des enfants était la norme, que les enfants ont toujours payé l’instruction reçue dans les champs et dans les usines, que nos ancêtres ont toujours rentabilisé leurs mouflets avant qu’ils ne quittent la maison,et que d’un point de vue moral, rien ne s’oppose à ce qu’ils apprennent deux heures par jour et qu’ils se rendent utiles le reste de leur temps.
Faire que devant leurs ordinateurs les enfants deviennent rentables à partir de l’âge de dix ans… Voilà un idée neuve tout autant que conservatrice… Archéofuturiste, si l’on veut bien m’autoriser le terme.
Sa sé vré
Excellent comme d’hab.
A ce titre, le type le plus drôle que je connaisse n’a même pas le niveau du BEPC, pour autant ça reste un gars cultivé.
Par contre, les gens les plus lourds et chiants du monde avec qui je discute sont presque toujours des surdiplômés.
La vraie intelligence, ça doit pas s’apprendre à l’école.
Sans vouloir être indiscret, êtes-vous LE Bob Arctor du Joystick du bon vieux temps ?
J’aimais bien le Joystick de l’ancien temps mais vous vous trompez de personne.
Sait-on jamais… c’est un pseudo que je rencontre rarement.
(et oui, Joystick avant le rachat, c’était quand même autre chose… *soupir*)
Cioran dit un truc dans ce genre quelque part.
Il dit que vous pouvez avalez toute la culture du monde, ça ne vous enlévera jamais un gramme de connerie.
Deux remarques que j’apprécie particulièrement :
« mais si nous sommes cultivés, nous avons acquis 98% de notre savoir dans le silence d’une chambre, », oui avaler des connaissances en vue d’un examen ne forge pas une culture.
« Faire que devant leurs ordinateurs les enfants deviennent rentables à partir de l’âge de dix ans… »
Devant ordi ou pas, procurer des travaux aux enfants est un moyen réel d’acquisition d’autonomie.(ce qui est l’essentiel d’une éducation réussie)
Je me souviens d’une petite école primaire hors contrat à la campagne que mes aînés ont fréquentée où ils devaient s’occuper d’un potager, nettoyer tous les soirs les salles de classe, les toilettes, ramasser les œufs des poules, donner à manger aux quelques animaux etc, etc…Ils ne faisaient le travail scolaire que le matin, l’après-midi était consacré à tous ces travaux et le niveau était excellent.
Est ce que vous dites que l’orthographe ne sert à rien, ou que c’est idiot de se focaliser dessus?
Je crois que des bases un peu étoffés en orthographe peuvent aider à comprendre un texte et ont donc une grande utilité. Après, en faire une fin est un peu idiot, je suis d’accord.
Je ne vois pas l’orthographe comme une fin en soi, mais comme une marque de courtoisie faite à ses lecteurs.
Mais cela ne reste au pire qu’un effort de relecture. A quoi cela sert il d’écrire sans faute, si l’on n’écrit que de la merde ?
Il me semble que si l’obsession autour de l’orthographe a pris une telle ampleur, c’est en réaction au massacre de plus en plus important qu’elle subit par ailleurs.
L’orthographe n’est pas la finalité d’un texte, et ne doit pas prévaloir sur le contenu, mais si la forme est vraiment horrible, c’est un « fuck off » balancé à la gueule du lecteur, ou disons un manque sérieux de respect/courtoisie (pour reprendre le terme de panda). Et il est difficile dans ces conditions de prendre le contenu au sérieux. Les deux ne me semblent donc pas entièrement dissociables.
De plus, l’universalisation de la langue passe par sa simplification et sa destruction. Renoncer à « un peu » de rigueur à ce niveau là ne peut mener qu’à un appauvrissement culturel. (Le problème, encore une fois, est donc de ne pas non plus en faire trop…)
Il y a ceux qui défendent l’orthographe autant que leur vie, qui lui vouent un culte.
Il y a ceux qui voudraient qu’on ne lui accorde pas d’importance, à cette saloperie.
Il y a ceux qui sont dans la nuance.
Toujours aussi excellent!
Eh bien, moi, je choisis de me taire, sur ce sujet. Sinon, je vais encore me faire latter la tronche par le taulier…
Le premier blog politique où je sois allé est celui de Rioufol du Figaro. Un petit prof de gauche saboteur et redresseur de blog sévissait là-bas et il y sévit encore je pense. C’est un fait qu’un des premiers points, avant même le contenu, où il attaquait les commentateurs, comme un pitbull, c’est l’orthographe, sur le mode « commencez par apprendre à écrire ».
Plutôt d’accord avec vous XP, le problème de l’orthographe c’est qu’elle est devenu un outil de sélection ainsi que les mathématiques. De plus nos « élites » me semble plutôt « littéraires » parce que pour ce qui est de leur culture scientifique c’est zéro. Dans cette société où toutes discriminations négatives est vouée aux gémonies cela permet encore à quelques tristes sires de se sentir supérieurs. L’orthographe n’est pas inutile ainsi avec un langage de programmation le non respect de sa syntaxe provoque une erreur mais s’acharner avec toujours la même méthode à la faire rentrer dans des cerveaux non réceptifs est une perte de temps.
Si notre société ne s’écroule pas avant la technique devrait résoudre pas mal de nos problème. Et oui le travail c’est bien pour tout le monde et quand c’est productif c’est mieux.
« lortograf é 1 disiplinn forjé por lé fem2ménnaj lé garajist lé couafez é lé négralunéte » Pa dacor !
Vous dénoncez à juste titre les conséquences délétères d’un système débile et mortifère mais vous vous trompez carrément (et dangereusement) de cible. L’orthographe est un outil. Vous voulez supprimer l’outil pour supprimer l’usage que l’on en a fait. Plutôt que de supporter de voir une brochette de connards incultes fréquenter la rue d’Ulm, retournons au Néant-derthal… La pensée a sécrété les maîtres du soupçon, Voltaire, Marx, Freud, Sartre, etc. Et forcément ensuite Auschwitz, Katyn, Pol-Pot, etc. Et aussi Bourdieu, la Gay-Pride, la repentance, etc. Supprimons la pensée !
Au commencement était le Verbe, au commencement de l’Homme. Cette bestiole étrange a d’abord besoin de se parler dans sa tête. Déjà, pour se comprendre elle-même dans sa tête, elle a besoin d’ordonner rigoureusement ses idées et ensuite d’exprimer ce qu’elle pense avec un outil verbal de médiation qui, non seulement soit audible, non seulement soit grossièrement compréhensible par l’autre, mais qui permette à cet autre de saisir (le moins mal possible) le sens (à peu près) exact de ce veut exprimer le locuteur. C’est ça ou c’est la barbarie, « sola barbaria » (il y déjà suffisamment d’occasions d’y plonger sans la rendre exclusive et définitive…)
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, disait l‘autre…. Vous parlez des correcteurs d’orthographe (bien pratiques) mais ils sont dans les ordinateurs, pas dans les têtes. Et ces dernières ont besoin d’apprentissage, vous le dites vous-même implicitement. Mozart a commencé par s’exercer à faire des heures de gammes abrutissantes sur son piano et, après deux générations à calculettes, les caissières ne savent plus faire une addition à la main. « L’exclusion » dont on nous saoule, ce qui nous sépare en mondes inconciliables au lieu de nous unir, c’est un peu aussi l’orthographe du texto : disparition des nuances et des temps, pénurie miséreuse de mots. Les échanges onomatopéiques gentillets, ça ne marche que dans les BD de Rahan…
Toute langue évolue et doit évoluer pour rester véhiculaire de compréhension et de signification commune dans un espace donné. Je n’ai rien contre une simplification-actualisation des règles de l’orthographe. Supprimer une foule d’exceptions à la con (chou, genou,…) d’incohérences de genre, d’accords de participe passé, homogénéiser des pluriels (s ou x…), s’exonérer de références à des racines originelles devenues inintelligibles au commun (orthographe, ôt pour ost, etc.) etc. Pourquoi pas ?
Vous pointez finalement dans votre papier que le savoir n’est rien sans la culture. Non, il n’est alors pas rien, il est pire quand il se résume à un enseignement magistral hors sol. La culture s’entendant évidemment au sens large incluant le travail productif, la participation non ludique aux besoins prosaïques de la communauté. Vous faites bien.
Vous pointez l’absurdité de l’E.N. et les tares de son clergé. Flinguez l’égalitarisme et les pédagogistes, vous faites bien.
En revanche, suggérer de jeter le bébé avec l’eau du bain est d’une inconscience criminelle.
PS je prends le risque que Didier Goux a préféré éviter en changeant de trottoir. Je sais…
@Didier Goux
Je ne latte jamais la tête à personne, qu’est-ce que c’est encore que ces histoires?
En revanche, je maintiens qu’il faut chiffrer ce que coute la non-réforme de l’orthographe, et ce que la nation aurait à gagner à faire travailler les enfants plUtôt que de leur apprendre une orthographe que leurs ordinateurs savent déjà.
« Ce ne sont pas leurs morts , mais la Mort, que les conservateurs chérissent »
Je crois même, en cerise, qu’ils la chérissent pour les mauvaises raisons, s’acheter ses faveurs, essayer de Lui plaire, ramper un peu, elle doit aimer…
Une approche marchande de l’adoration. C’est vilain.
Comme avoir la Foi par défaut, par peur de mourir.
« l’émancipation de l’homme par l’accumulation de connaissances. »
Baudrillard a(urait) sûrement d’intéressants parallèles à ce sujet.
Accumuler, entasser, les boulimiques et les gourmets.
Confondre l’objet de la connaissance, et les objets de la connaissance.
« Faire que devant leurs ordinateurs les enfants deviennent rentables à partir de l’âge de dix ans… »
Alors…
En postulat qui commence bien: presque tout certes, mais tout n’est pas à jeter chez homo festivus…
Donc, peut-être, chez pedo festivus… Ne pourrait-on pas essayer de penser des jeux (vidéos j’imagine) ayant pour finalité un intérêt collectif, vendanger l’énergie dingue qu’ont les enfants et s’en servir de manière productive?
Idem, « d’autant me diront que » c’est encore cette approche écolo-optimisatrice des choses, je veux pouvoir jouer dans le vide bienheureux et rouler en gros 4×4, oui c’est vrai, mais « A ceux là, je répondrais que »…
et bien pas grand chose à vrai dire…
J’aurais dû suivre les pas de Mr Goux je crois…
Quant à l’orthographe à proprement parler c’est effectivement mieux si elle est respectée, d’autant que la sémantique d’une phrase entière peut dépendre de celle d’un seul mot parfois. Mais je crois que le principal reste la syntaxe et la richesse du vocabulaire, dut-il être un peu chiffonné. La mélodie du texte, sa sonorité plus que son aspect peut-être.
J’avais croisé un exemple assez frappant, chez Stalker, le type s’appelle Bob, et les rares fois où les commentaires sont ouverts on peut y observer sa prose. C’est bourré de fautes mais les propos sont solides, les termes orageux ou chantants et les articulations parfaitement huilées.
Je trouve Plouc Emissaire que vous vous emballez un peu vite et que vous n’avez pas fait attention au propos essentiel d’XP. D’où votre tirade excellente mais hors-sujet me semble t-il, ici.
XP ne dit pas que l’orthographe c’est de la daube en soi mais, au contraire,que certains ont fait de l’orthographe un Absolu.(comme les mathématiques sont effectivement un absolu aujourd’hui,cf com. de Tibérius)Qui empêche de voir vraiment ou de lire vraiment un auteur.Ils (les femmes de ménage ou les ayatollahs de l’EN) ont opposé l’arme orthographique et la pensée alors qu’elle servait simplement cette dernière.
Il ne s’agit aucunement de jeter le bébé avec l’eau du bain mais de lui redonner sa place seconde.
Ouais, OK, d’accord…
Un point toutefois sur lequel je ne vous suis que moyennement (ainsi que Tibérius et aussi XP pour « l’Absolu »…) c’est celui de la primauté de l’orthographe dans le système de sélection.
Certes, recourir à l’orthographe n’est pas fatigant pour « discriminer » puisque c’est une discipline qu’on n’enseigne pas ! Le grammatical est tellement compliqué que c’est épuisant pour l’instit. Pour le vocabulaire : « semi »-global et débrouillez-vous. L’outil d’apprentissage, c’est… la dictée. L’enseignement se résume donc assez largement au… test d’évaluation de connaissances acquises par l’élève qui ne dispose souvent pour progresser que de l’autocorrection de ses erreurs précédentes… D’où lassitude de tous (« apprenants » et système qui finit par laisser passer), copies de lycée truffées de fautes autorisant d’accéder aux études supérieures… Où est l’outil de sélection ?
Par contre, avec les maths, c’est facile et binaire. La sélection se fait là-dessus et si Tibérius pointe le degré scientifique zéro de nos élites, je pense, moi, que le plus grave est la médiocrité crasse, voire parfois la nullité, de nos ingénieurs, managers, avocats, etc. dans le domaine des « humanités ». Et ça, « ça craint »…
@Guillaume
« Il me semble que si l’obsession autour de l’orthographe a pris une telle ampleur, c’est en réaction au massacre de plus en plus important qu’elle subit par ailleurs. »
Vous trouvez, vraiment? Il me semble au contraire que jamais elle n’a aussi peun bougé, été autant respecté. Quand on pense que Montaigne pouvait dans la même page écrire le même mot avec deux orthographes diférentes…. Montaigne, justement: comparez les essais sans translation avec la langue de Racine ou Molière, à peine un peu plus d’un siècle plus tard…
A notre époque, les écrivains et les éditorialistes écrivent encore comme aux dix-neuvième siècle, et plus ils sont dans l’imitation, et plus on dit qu’ils écrivent bien.
On dit par exemple « d’Ormesson, on en pense ce qu’on en veut, mais in écrit bien », alors qu’il écrit mal, justement, c’est à dire en faussaire, en parasite, sans être capable d’apporter sa contribution à l’histoire de l’écriture.
La décadence, ce n’est pas seulement la destruction, comme on a tendance à le croire, mais l’incapacité à innover et avancer, et d’Ormesson est un symbole de cette décadence.
Je suis d’accord avec vous quand vous dites qu’elle est désespérément figée chez les écrivains actuels, surtout lorsque l’on compare avec quelqu’un comme Montaigne, pour reprendre votre exemple. Mais, en opposition, elle est en voie de disparition chez les « personnes lambda ». Il faut probablement trouver un juste milieu entre les élites (autoproclamées) tyranniques, et le français moyen destructeur par fainéantise, quand ce n’est pas volontaire et recherché (« C plu rapid é on conpren »).
@Plouc emissaire
« , je pense, moi, que le plus grave est la médiocrité crasse, voire parfois la nullité, de nos ingénieurs, managers, avocats, etc. dans le domaine des « humanités ». Et ça, « ça craint »… »
C’est une opinion couremment rétandue, que je ne partage pas. Je n’ai jamais compris pourqauoi diable on jugeait un médecin ou un notaire au livre qu’il lit… Dans le même registre, j’ai toujours trouvé grotesque l’admiration que suscitait Mitterand, y compris dans notre camps parce qu’il lisait des livres, ce qui n’apportait strictement rien à ses compétences… Au contraire… Un beauf un peu bas de plafond passionné de bowling et de bagnoles aurtaient sans doute avalé plus de dossiers à la con, ce en quoi réside pour l’essenciel le job de PR.
En outre, je pense que ‘le bourgeois à l’ancienne petris d’humanité et de culture classique » est en bonne part un mythe, comme le Roman du dix-neuvième et vingtième siècle nous l’apprend. Voyez le Docteur Cottard dans la recherche!
J’ai un gros problème. Je suis d’accord avec XP mais je ne supporte pas les phrases bourrées de fautes d’orthographe.
J’ai déjà apprécié énormément de textes d’XP datant de l’époque où il ne savait pas orthographié deux mots de suite (ne mens pas), mais en général ça m’insupporte, et pas que par confort de lecture.
Certes c’est plus fluide lorsque c’est bien orthographié, le regard flotte sur les mots au lieu de buter sur chacun d’entre eux, et la phrase arrive plus vite à la cohérence qui est la sienne sur le papier, ou l’écran.
Mais surtout, l’orthographe est lié au sens, aussi. Il y a des langues subtiles au point que l’orthographe de leurs mots nous racontent quelque chose. Alors, c’est une perte d’information que d’écrire « schyzophrène » et non « schizophrène », car on perd la racine grecque et le sens qui va avec, on nie l’étymologie, l’origine du terme.
Il ne s’agit pas d’en rester aux règles, au passé, je suis pour la destruction et la réinvention, mais je crois qu’en littérature comme ailleurs, il faut maîtriser les lois qui existent avant de prétendre les dépasser, connaître les outils pour jouer avec.
But I might be wrong.
« il faut maîtriser les lois qui existent avant de prétendre les dépasser, connaître les outils pour jouer avec. »
Je suis entièrement d’accord, et je veux rebondir d’ailleurs sur ce que disait XP à propos des traits sommaires de Picasso. Ce même Picasso rappelait lui même une évidence : qu’il faut d’abord être capable de dessiner chaque détail avant de pouvoir aller à l’essentiel. Ce qu’il a dit est proche de « Quand j’avais 10 ans, je savais dessiner comme un maître, il m’a fallu toute une vie pour dessiner comme un enfant. »
d’accord mais l’orthographe c’est qu’un aspect des choses et pas le plus important… comme le solfège ou les conventions harmmoniques ne sont pas la musique… si on n’a plus que ça, une forme vide, c’est bien triste.
On peut considérer ou pas que l’orthographe est importante. C’est une question de point de vue. Ce qui est certain, c’est que ça n’a aucun rapport avec le texte lui-même. Exactement comme la voix plus ou moins nasillarde d’un conférencier, la couleur de sa cravate, le fait qu’il soit ou non urbain avec le public, etc…
L’ennui, c’est qu’attacher de l’importance à l’orthographe c’est tirer vers le bas, niveller les valeurs, puisque ça permet aux GVD de participer à la critique d’un texte qui n’est pas pour eux… Comme si une femme de ménage prenait la parole pour dire au conférencier que sa cravate n’est pas assortie à sa chemise et qu’il fallait l’écouter.
On ne souligne d’ailleurs pas à quel point c’est devenu politiquement correct de chasser les fautes d’orthographes, à l’image de ce député socialiste qui s’est amusé à lire à la tribune les messages twitters d’Estrosi en lui disant « c’est d’abord ça l’identité nationale ».
Et puis nous sommes chez les réacs, ici, non? L’orthographe est d’abord un truc de républicain, un truc de modernes. Nos rois de France écrivaient comme Molière, c’est à dire plus ou moins phonétiquement et selon leurs humeurs.
@Kid A
« « schyzophrène » et non « schizophrène », car on perd la racine grecque et le sens qui va avec, on nie l’étymologie, l’origine du terme. »
On peut parfaitement écrire « schizophrène, dérivé de schyzophrène ». C’est ce qu’on faisait avant, quand la langue était vivante.
La citation exacte de Kid (…..) , avec la pointe de sa lame. 😉
Pour en rajouter une couche… en parlant de binoclards et de marchands, vous qui êtes philosémite, XP, ne vous êtes-vous jamais renseigné sur la langue hébraïque? Ces gens sont en quelque sorte les pires fanatiques de l’orthographe que l’humanité ait jamais engendré! ^^
Il existe une correspondance numérique pour chaque lettre de leur alphabet, de telle sorte que les phrases de n’importe quel texte écrit en hébreu (l’Ancien Testament, notamment) sont à la fois des calculs numériques, des codes à déchiffrer et des jeux de mots. Quand on sait que chez ces gens, un peu comme chez les Lacaniens, toute erreur, tout oubli, tout lapsus, fait sens, j’imagine que nous autres, pour écrire quelque chose qui nous tient à coeur dans leur langue, soit l’on doit accepter de bien vouloir dire ce que les kabbalistes lisent dans nos ratures, et l’on est à leur merci, ou bien l’on s’accroche, on redouble de précision et on tente de les avoir à leurs propres jeux d’esprit. ^^ Cela ne doit pas être de tout repos…
Naturellement, vous n’ignorez pas qu’il existe une transcription de ce même codage numérique hébreux pour l’alphabet grec et que c’est dans cette langue-ci que fut écrit le Nouveau Testament. 🙂
Allez-y, censurez mon vieux.
J’ouvre un nouveau blog : au lieu d’enrichir Ilys, mes remarques seront là-bas. 🙂
Voici l’adresse : http://raiponces.wordpress.com/
Ok XP, j’ai le chic pour choisir le plus mauvais exemple pour le point de vue que je défendais.
Il n’empêche que, au fil du temps tu as travaillé ton orthographe et tu fais bien moins de fautes qu’avant. Et c’est plus agréable ^^
Il n’empêche que, au fil du temps tu as travaillé ton orthographe et tu fais bien moins de fautes qu’avant. Et c’est plus agréable ^^
Hu hu hu ! Absolument d’accord avec Kid A sur ce point… c’est bien, d’ailleurs, la raison pour laquelle XP a le droit… ^^… de dire que l’orthographe n’est pas important !
« L’Orthographe c’est con et c’est d’un très haut panache !
Ludwig ! Et ton vin a fait des taches
Sur ta portée des contrebasses ! »
Léo Ferré, « Muss es sein es muss sein »
http://www.youtube.com/watch?v=UOHfZojXjno
Je n’ai fait aucun travail, je le fais faire par d’autres^^
Plus exactement, j’ai un logiciel très perfectionné qui s’appelle la crevette^^
La pointe de la technologie, on peut même dormir et manger chez son logiciel et y rencontrer les copains!
Alors la crevette écrit tes billets et toi XP, l’imposteur, tu récoltes les lauriers. Ah ben c’est du propre tout ça… du propre…
On peut savoir où vous l’avez téléchargé ce logiciel très perfectionné ? ^^
@Nébo
Avant, sur mon ancien Blog, il y a vait un monsieur d’un certain age très gentil qui m’envoyait le texte corrigé, et puis il a disparu.
En politique, Claude Allègre dit qu’il ne se relit pas et que ses élèves peuvent en faire autant qu’ils veulent des fautes, qu’il s’en fout…. Ce n’est pas le pire, c’est le moins que l’on puisse dire… Par contre, il y en a un qui emmerde tout le monde avec ça, c’est l’infame Mélenchon… No comment!
@Nébo
« On peut savoir où vous l’avez téléchargé ce logiciel très perfectionné »
C’est ça, rêve^^
Kid A : il y a des découvertes absolument passionnantes à faire dans la correction de textes d’XP. C’est très amusant et surtout très révélateur.
Il y a un mot sur lequel il bute toujours c’est « essentiel » qu’il écrit systématiquement « essenciel ». Je lui ai proposé de le laisser tel que parce que essence=ciel je trouvais cela très parlant pour définir l’homme.L’homme serait cet être attiré par le ciel. L’essence des choses aurait trait avec le ciel?…
Bien sûr j’extrapole, mais de temps à autre, il y a vraiment des trucs…
Chez Céline, que j’ai peu lu personnellement, il y a le « soye » dans Mort à crédit absolument émouvant et qui apporte une douceur déchirante dans le texte. J’aime bien.
En ce qui concerne l’orthographe et son enseignement : j’ai vu au cours des années et avec mes divers enfants, différentes méthodes d’apprentissage et il est évident qu’il y a des enseignements qui cassent complètement la dynamique et qui, pire, « réveillent » des dyslexies au départ légères. Moi-même je souffre de dyslexie (légère) mais j’ai eu un enseignement orthographique assez sérieux qui m’a aidée à acquérir de bons réflexes.Mais c’est un travail sur de longues années et beaucoup de vigilance.
Arrivé à un certain stade, il ne sert à rien d’essayer de se corriger seul, c’est un boulot à temps plein et il me semble que XP a des choses à écrire plus intéressantes que de se demander s’il faut un s ou un t.La correction des textes de XP est donc parfaitement intéressée et égoïste de ma part : je veux le lire, et c’est un moyen de lui faciliter la tâche pour obtenir un texte.
Moi je crois que si il y a une discipline avec laquelle les français sont fachés, c’est celle des chiffres, pas de l’orthographe.
J’ai par exemple des copains en Allemagne, et il ne m’a pas semblé que c’était la même chose.
Par exemple, beaucoup de gens cultivés, ayant un bon niveau d’étude, sont incapables de dire, à 5 millons près, combien il y a d’habitants en Grèce ou en espagne, et même quel est le pays le plus peuplé des deux… Ou quelle est la différence, en pourcentage, entre le PIB du Japon et celui de la France… Beaucoup s’imaginent que ça doit être de un à dix, ou de un à cent, alors que c’est à peu près de un à deux.
Les français n’ont dans leur majorité aucune idée du montant de la dette publique, de celle de l’état, du budget de l’armée, de l’EN… Du chiffre d’affaire de Renault ou de l’Oréal, etc…
Au point que 3, 30, 300 milliards, c’est la même chose.
Cette analphabétisme est si répandue que même des députés chargés de voter le budget de l’état n’on aucune idée, à un zéro près, du montant de ce budget et de sa composition.
Ils ont tous une opinion sur le bouclier fiscal? Combien sont capables de dire ce que ça coute à l’état, ce que ça représente par rapport à son budget, en point de TVA, en comparaison de l’IS? Combien sont capables de dire combien il y a d’algériens, et combien ils étaient en 1830?
Et moi je pense que cet analphabétisme bien réel, celui là, a des conséquences autrement plus importante qu’un accent placé de travers ou qu’un accord du participe passé oublié. Ca permet par exemple aux politiques, aux journalistes et aux intellectuels à deux balles de raconter absolument n’importe quoi sur n’importe quelle sujet.
Un exemple, Sarko va passer quelques jours sur le bateau de Bolloré, et le Monde publie le chiffre des contrats qui lient son groupe à l’état, en parlant de collusion… Dans un pays ou les gens ne seraient pas si fachés avec les chiffres, il sauterait aux yeux de tout le monde qUue les dits contrats doivent représenter I/10 000 ème du CA du groupe…
Un autre: si les français savaient compter, ils auraient conscience d’élire une classe politique archi-corrompue, tant le patrimoine et le train de vie de ces gens est sans commune mesure avec leurs revenus déclarés.
J’aimerais un pays ou le gros de la population ferait l’impasse sur la l’étude de Pascal ou de la princesse de Clèves en terminale, et qu’à la place, on leur apprenne à lire un bilan, et sommes toutes à retrouver un bon sens de maquignons.
Quelques réflexions, d’abord sur les difficultés de certains en orthographe (dont moi) il faudrait que ceux qui n’ont pas de problème comprennent que ce n’est pas juste une question de volonté et d’attention. Mais comme chaque cas est un cas particulier et que je ne connais aucune étude sur l’apprentissage de l’orthographe, je n’ai pas de solution mais il est clair que l’EN non plus.
Notre société est assez contradictoire notre modèle éducatif est l’éducation aristocratique j’en veux pour preuve que l’EN donne des cours de dessin, musique et éducation physique en plus du reste. L’éducation aristocratique s’inspiré déjà de l’éducation dispensée aux jeunes aristocrates (je simplifie) grecques de la période classique. Aussi peu d’invention et d’imagination mais du grotesque, sauf dans certain établissement où le niveau de tous les acteurs le permet.
Sur les humanités qui manqueraient à nos ingénieurs, c’est sans doute vrai mais comment leur reproché. Tout d’abord à moins d’être dans un milieu favorisé ce n’est pas votre cursus scolaire qui vous permettra d’acquérir une culture classique et ensuite chacun utilise son temps libre comme il le souhaite. La culture classique peut en parti s’acquérir tout au long de la vie c’est beaucoup plus dur pour la culture scientifique de ce point de vue nos grands philosophes nationaux me font pitié.
Sur les Français fâchés avec les chiffres je ne crois pas, notre école mathématique est encore une des meilleurs c’est plutôt avec la réalité, on a le goût de la grande construction intellectuelle. Et comme nos médias souffrent de ce mal ainsi que nos sociologues cela rajoute au décrochage du réel mais rassurons nous le réel gagne toujours à la fin.
« s réflexions, d’abord sur les difficultés de certains en orthographe (dont moi) il faudrait que ceux qui n’ont pas de problème comprennent que ce n’est pas juste une question de volonté et d’attention »
Bof, il faudrait surtout qu’ils comprennent qu’on en a rien à foutre et qu’une grande simplification s’impose.
Parce qu’encore une fois, c’est une manière de tirer tout le monde vers le bas, de permettre à des médiocres (pour le moins)d’avoir une espèce de matière de rattrapage.
Il faut apprendre à être élitiste et mépriser cette matière de femme de ménage. L’orthographe, c’est la discrimination positive par excellence. la science des ânes comme on disait avant.
L’instituteur à la con qui impose ses critères.
La toile en est la preuve par excellence: regardez comme ces histoires d’orthographe permettent aux trolls d’alourdir les discussions, de faire diversion, botter en touche… Bref, ramener une conversation qui leur échappe à leurs niveaux.
Voilà pourquoi j’aime bien lire ilys : pour des commentaires comme celui d’XP, éminemment juste à 9h52 (pas moyen de « chiffrer » les commentaires comme avant, c’était pratique)
Il y a eu comme avec l’orthographe ou la grammaire, dans les maths, une sorte de dichotomie entre la réalité et la théorie.Les chiffres étaient vides de sens, comme les leçons de grammaire, il n’y avait rien en dessous si je puis dire. On revient maintenant à des choses plus concrètes (qui n’empêchent pas l’abstraction), on revient à des jeux de boulier, à diviser des parts de gâteau ou des plaques de chocolat, de même qu’on revient à du calcul mental etc… mais il y a eu une période noire ou tout cela n’existait littéralement plus si ce n’est dans les cabinets des orthophonistes.
« Orthographe : le tsar Nicolas II, à qui on demandait à quoi servait en russe la lettre « iat » (sorte de « e », faisant double emploi avec le « e » ordinaire et compliquant quelque peu l’orthographe), répondit: « A distinguer les lettrés des illetrés. » C’est bien pourquoi la notion d’orthographe –comme celle d’orthodoxie– est politiquement incorrecte. Elle suppose qu’il y a une bonne et une mauvaise façon d’écrire, ce qui est inacceptable ; Tout au plus pourrait-on dire qu’il y a diverses façons d’écrire et que la plus usuelle est celle qui se conforme à l’orthographe reçue.
Le politikman korekt apel de tou sé veu une réform de l’ortograf. »
Vladimir Volkoff. Manuel du politiquement correct, Ed du Rocher, 2001.
ho ho ho hoooo !